
C’est prévenir ainsi le propriétaire que le moment est venu de se conformer à l’usage. La coutume exige en effet de payer la journée double à tout le personnel, ouvriers et manœuvres employés sur le chantier.
Un autre usage qui fait pendant à celui-ci concerne le dernier carreau ou moellon que les ouvriers posent sur le sol sans le fixer. Le propriétaire qui ignore la coutume s’étonne de la chose et en fait part au maître maçon.
« C’est que monsieur doit bâtir, dit celui-ci, riant sous cape.
— Comment ? Bâtir ? Est-ce à moi à m’acquitter d’un travail que je paye ?
— Certainement non, répond le maître maçon, mais l’usage veut que ce dernier moellon non bâti soit fixé par le propriétaire, à l’aide d’une étrenne. »
Et le propriétaire, qui a déjà donné pour la toiture, doit glisser quelque chose sous le dernier carreau, ne serait-ce qu’une pièce de cent sous.
Vient-il à refuser ? Le carreau ne sera pas bâti. Et il n’est pas un ouvrier qui consentirait à le bâtir. Un maître maçon qui s’aviserait de faire lui-même cette besogne verrait déserter son chantier. Il ne trouverait pas d’autres ouvriers à embaucher.
À quelle époque remonte ces usages, je ne le sais. On les considère ici comme fort anciens et, en tout cas, il est bien rare de rencontrer un propriétaire assez ladre pour chercher à s’y soustraire.
P. Letuaire
- Illustration : Delaporte, Michel (1806-1872), lithographe, Le Replâtrage, caricature de Louis-Philippe sous les traits d’un maçon. Chez Aubert, Galerie Véro-Dodat. Bibl. nationale de France.