« L’an 1806 et le vingt-cinquième jour du mois de mars, à 8 heures du matin, par devant nous, Louis Deville, maire de la commune de Guillestre, officier de l’état civil de ladite commune, chef-lieu du canton du même nom, département des Hautes-Alpes,
Est comparu maître André Albert Reynaud, notaire de ce lieu, lequel nous a dit que ce matin sur les 6 heures, la servante de dame Marie Delphine Solles, veuve de maître Jean-Baptiste Albert Court, de ce lieu,
Sortant de la maison de sa maîtresse pour aller à l’écurie voir ses bestiaux, a trouvé à l’entrée du corridor de ladite maison qui se trouve au plain-pied de la Grande-Place de cette commune, un enfant qui nous a été présentement représenté et qui était dans un mauvais panier rempli de paille.
Cet enfant se trouvait enveloppé d’un drapeau bien propre et en toile fine, sans être emmailloté.
Il avait sur la tête un mouchoir blanc aussi en toile fine et quelques autres mauvais haillons.
Aucun de ces linges n’était marqué, mais il paraissait qu’on avait coupé tout nouvellement un coin du mouchoir qui se trouvait sur la tête de l’enfant et qui contenait quelques marques peut-être.
Après avoir visité l’enfant, [nous] avons reconnu qu’il était du sexe masculin, qu’il paraissait nouvellement né, que cet enfant n’a aucune marque sur son corps et qu’il n’a été trouvé dans le panier, ni dans la paille qu’il contenait, ni dans les linges qui enveloppaient cet enfant, aucun écrit.
De suite [nous] avons inscrit l’enfant sous les noms de Chaffrey Laurent et [nous] avons ordonné qu’il fût remis à mademoiselle Arnaud, femme de Mathieu Brun-Jalla.
De quoi [nous] avons dressé procès-verbal en présence de sieur Jean-Baptiste Villan et sieur Antoine Louis Laurans, propriétaire du présent lieu, qui ont signé avec nous, et ledit maître Reynaud, déclarant, après que lecture leur a été faite du présent procès-verbal. »
[Reynaud, Laurant, Villan, Louis Deville, maire]