♦ L’année 1715 marque la fin du règne de Louis XIV et une période de forte précarité en Haute-Provence rurale. Le fait divers, survenu à Montagnac, témoigne de la brutalité des mœurs et de l’extrême vulnérabilité des enfants, qu’une courte disparition peut mener à l’horreur. La mention du cadavre « trouvé en plusieurs pièces » par le vicaire souligne non seulement l’atrocité du crime, mais aussi l’importance du rôle de l’Église, tenue de valider l’identité de la victime — une fillette de quatre ans, sans défense — après les « formalités de la justice » locales. Ce type de meurtre, rare mais marquant, révèle la difficile sociologie des petites communautés montagnardes de l’époque.
L’horreur est survenue dans le petit village de Montagnac (commune actuelle de Montagnac-Montpezat), dans les Alpes-de-Haute-Provence. La petite Élisabeth avait disparu de chez son père sur les 5 heures du soir. Elle aura croisé le chemin d’un assassin.

« L’an que dessus et le dix huictième jour du mois de may avons donné la sépulture ecclésiastique à un cadavre trouvé en plusieurs pièces et reconnu pour être celuy du corps de la fille de sieur Maxime Segond et d’Élisabeth Reybaud mariés, appelée Élisabeth Maxime, agée de quatre ans, et soupçonnée d’avoir été assassinée ;
Ainsi après toutes les formalités de la justice requises en pareil cas, et après l’avoir fait reconnaitre et connue nous même pour telle, ne manquant à la maison de son père que depuis les cinq heures du soir du seixième jour du courant, avons enseveli au cimetière ledit cadavre avec les ceremonies ordinaires de l’Eglise, en foy de ce avons signé. »
[Besson vicaire]
- Source : Registre parroissial de Montagnac
- Texte transmis par Françoise Suzanne
- Photographie : Vue générale de Montagnac au début du XXe siècle.