Découverte d’un atelier de fausse monnaie (Marseille, 29 janvier 1848)

Tout avait commencé quand, le 7 décembre 1747, Apollonie Penna, épouse de Simon Dotto, fut arrêtée sur le port de Marseille sur la plainte d’une revendeuse qui avait reçu d’elle une fausse pièce de 50 centimes. Son mari, qui venait la chercher, fut trouvé porteur d’une pièce semblable et mis également en arrestation. Sur la demande de la police, il avoua avoir reçu d’un ouvrier piémontais une certaine quantité de pièces fausses qu’il était chargé de mettre en circulation. Néanmoins, il refusa de faire connaître le nom de cet individu.
Un mois après l’arrestation des époux Dotto, Astier, commissaire de police à Marseille, se livra, le samedi 29 janvier 1848, à des recherches actives dans le souterrain de la Nerthe. Arrivé vers une heure du matin, il se rendit directement chez les Dotto, arrêta les deux frères, François et Joseph, et les nommés Jean Miniggio et François Azario. Des agents de police furent préposés à la garde de ces individus, tandis que leur chef se rendait dans la galerie du puits no 17.
Astier découvrit une machine à pression, une clé anglaise et plusieurs autres instruments, évidemment destinés à la fabrication de la fausse monnaie. La galerie du puits no 17 fut également explorée, et on y trouva, cachée sous des pierres, une boîte ronde en fer blanc contenant des matrices, des poinçons, du cuivre laminé et des empreintes, l’une à l’effigie de Napoléon et au millésime de 4811, et l’autre portant une couronne et ces mots : « Regno d’Italia, 10 soldi ». D’autres matrices étaient préparées pour reproduire des pièces du canton de Tessin, mais elles étaient beaucoup moins perfectionnées.
Plus tard, sur les indications de quelques-uns des coupables, on découvrit un sac renfermant 540 pièces de cuivre non blanchies, ayant la forme des pièces de 50 centimes. On apprit enfin, par les aveux des principaux inculpés, qu’une association pour la fabrication de la fausse monnaie avait été formée entre Miniggio, Azario et Simon Dotto.
Ce dernier étant le bailleur de fonds, il avait fourni l’argent nécessaire pour acheter la machine et les outils et fait une dépense de 7 ou 800 francs. C’est Miniggio, déjà poursuivi en Sardaigne pour un pareil crime, qui avait donné l’idée de l’entreprise et devait en diriger les travaux. Antoine Penna et François Dotto furent accusés d’avoir pris part à l’association, mais ils prétendaient y être restés complètement étrangers. Quant à Apollonie Penna, elle avoua avoir remis deux pièces de 50 centimes, mais elle ignorait qu’elles étaient fausses.
Du reste, d’après la déclaration de tous les accusés, l’imperfection des produits qu’ils avaient obtenus, les avait engagés à renoncer à leur coupable industrie.
À l’audience à la Cour d’assises d’Aix, presque tous les accusés donnèrent l’impression qu’ils avaient été entraînés par Miniggio, chef de la bande, qui seul avait conçu le crime et l’avait mis à exécution.
Aussi le jury se montra-t-il indulgent, et prononça-t-il un verdict négatif en faveur de Azario, François Dotto, Penna et Apollonie Penna.
Miniggio et Simon Dotto furent seuls déclarés coupables d’avoir contrefait des monnaies étrangères n’ayant pas cours légal en France. Des circonstances atténuantes furent admises en faveur de Simon Dotto.
En conséquence, la cour condamna Miniggio à cinq ans de travaux forcés, et Simon Dotto à quatre ans de prison.
  • Source : La Gazette du Midi, 31 janvier 1848, p. 2 ; ibid., 23 mai 1848, p. 2.

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