Dans la nuit du 30 au 31 mai, vers 1 heure du matin, un incendie se manifesta dans le chai de Victor Turcon, 37, quai du Canal1. Occasionné par l’explosion d’une cuve servant à distiller, il eut des suites funestes. En effet, trois personnes furent grièvement blessées tandis que deux autres succombèrent malheureusement aux suites des brûlures reçues.
Les deux victimes n’étaient autre que Victor Turcon lui-même et son beau-frère Louis-Joseph Molinard, son beau-frère.
Victor Turcon, né à Marseille, avait 44 ans et était l’époux de Sabine Molinard. Louis-Joseph Molinard, lui, né à Cotignac (Var), avait 24 ans et était l’époux d’Honorine Joséphine Geoffroy.
Turcon fils, le troisième blessé, fut contraint de prendre le lit mais son pronostic vital n’était pas engagé.
Dès que l’explosion eut lieu, l’une des victimes, après s’être dépouillée de ses vêtements en feu, se précipita dans le canal, où elle n’aurait pas manqué de se noyer sans les secours apportés par les employés des douanes qui, sous les ordres d’un lieutenant et au départ de l’incendie, s’étaient empressés d’apporter leur concours.
De leur côté, les sapeurs-pompiers avaient été prévenus.
Sous les ordres de leur capitaine-commandant, M. Ferrié, les pompiers de la mairie et du boulevard du Muy attaquèrent le feu et parvinrent à préserver les marchandises renfermées dans le chai, que l’explosion de la cuve menaçait sérieusement. Les dégâts matériels par chance n’étaient pas très importants.
MM. Moutardier, Lambert et Cousin, commissaires de police, se trouvaient sur les lieux du sinistre, où ils avaient pris toutes les mesures d’ordre commandées par la circonstance. Les docteurs Lachaud et Crouzet, qui avaient été appelés en toute hâte pour soigner les blessés, arrivèrent avec empressement.
À 3 heures du matin, les pompiers se retirèrent, laissant sur les lieux du sinistre un détachement en surveillance.
À 8 heures, devant le chai où avait eu lieu le sinistre, l’attention de la foule accourue pour examiner l’état des lieux, était détournée par un nouveau malheur.
Le cadavre d’un homme surnageait dans le canal, près du second pont, devant la rue de la Paix. L’état du cadavre, qui ne fut sorti de l’eau que quelques heures après, par les soins de la police, fit comprendre que le noyé était un homme d’une soixantaine d’années. Son costume laissait entendre qu’il appartenait à la classe aisée. Il ne nous a pas été permis d’identifier cette troisième victime.
Note
1. Ce quai, autrefois appelé quai du Canal, ou quai du Canal-de-la-Douane, se trouvait à l’emplacement actuel du cours Estienne-d’Orves, sur la partie sud du Vieux-Port. Pour tout renseignement : https://madeinmarseille.net/23753-canal-douane-vieux-port.
- Source : Le Petit Marseillais, 2 juin 1868, p. 2.
- État civil de la ville de Marseille, registre des décès Mai 1868, actes 1185 et 1186, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 201 E 4772.