Alfred Anastay, né à Éguilles (Bouches-du-Rhône) en 1854, est connu pour avoir été maire de Salon-de-Provence de 1897 à 1899.
Biographie
Fils d’Henry Anastay et de Marie Seguin, le jeune Alfred Henry Anastay naît à Éguilles, dans une famille de propriétaires cultivateurs, le 2 mars 1854. À l’âge adulte, il s’installe à Salon-de-Provence, ville située à 25 km d’Éguilles, où il devient négociant en huiles et savons, dirigeant, avec son beau-père Jean-Baptiste Bartagnon, la société Bartagnon Jeune et Anastay.
Le 15 février 1897, son élection à la mairie de Salon, ville qui a porté à sa tête de nombreux industriel en huiles, lui permet de faire ses premiers pas en politique sous l’étiquette du Comité républicain radical. Sous sa municipalité, la place Morgan (alors dénommée place de la Liberté) devient un espace important du centre-ville et accueille la foire aux bestiaux. Il est aussi à l’origine de la construction de l’école de Bel-Air et, surtout, est l’initiateur du projet de construction de l’hôpital de Salon.
En mai 1898, encore maire, il se présente aux élections législatives face au député sortant radical-socialiste Camille Pelletan mais il est battu dès le premier tour. Pourtant, sur la ville de Salon même, il obtient 63,3 % des suffrages exprimés.
Il quitte son fauteuil de maire le 9 janvier 1899 pour se consacrer uniquement à sa profession de négociant.
L’entreprise Bartagnon-Anastay
L’entreprise Bartagnon-Anastay connut sans doute quelques belles années mais n’échappa pas à la faillite au début du 20e s. Le Mémorial d’Aix, décidément inévitable source d’informations judiciaires, nous apprend dans son numéro du 4 avril 1906 que tous les biens immobiliers de l’entreprise ont été vendus aux enchères, du fait de « la faillite de M. Alfred Henri Anastay et de M. Jean-Baptiste Pierre Bartagnon, négociants à Salon ». Ces biens consistaient en :
- « un grand immeuble composé de diverses constructions élevées sur deux étages sur rez-de-chaussée, sis à Salon, en façade sur la place Eugène Pelletan, sur la place Thiers et sur le Boulevard Nostradamus »,
- « une propriété sis à Salon, au quartier des Viougues, ancienne route de Pelissanne, de la contenance de 157 ares 98 centiares, comprenant une usine, des constructions, une exploitation, des terrains en prairie et jardins ». Il est précisé qu’une des constructions vendues est habitée par M. Bartagnon père.
L’immeuble vendu à la suite de cette faillite existe encore à Salon, à deux pas du centre-ville. En revanche, l’usine a disparu. L’insertion judiciaire dans le Mémorial d’Aix donne suffisamment de précisions pour arriver à la localiser. Il est dit notamment qu’elle se trouve sur l’ancienne route de Pélissanne, au sud de cette dernière, et est confrontée au couchant par l’école Viala-Lacoste. C’est aujourd’hui le 139 avenue Gaston Cabrier. L’école est toujours là, mais un immeuble d’habitation moderne s’élève désormais sur la parcelle voisine.
La Gazette du Palais est une publication juridique donnant le contenu de jugements faisant jurisprudence. Dans son numéro de 1907 (tome 1) figure les attendus d’un jugement concernant l’entreprise Bartagnon Jeune et Anastay1. Il s’agit d’un procès fait par le repreneur de l’entreprise à un voyageur de commerce, qui a quitté l’entreprise lors de sa reprise, et lui fait désormais concurrence.
Les attendus commencent par : « Attendu qu’en l’année 1889, les sieurs Bartagnon jeune et Anastay, négociants en huiles et savons à Salon, et faisant d’importantes affaires dans toute la France au moyen de voyageurs attachés à leur maison… » Un peu plus loin : « Attendu qu’au mois de janvier 1906, Bartagnon jeune et Anastay ont été déclarés en état de faillite par le Tribunal de Commerce d’Aix ; que le 12 mai 1906, en vertu d’une ordonnance de M. le Juge-Commissaire, leur fonds de commerce a été mis en vente avec tous ses accessoires actifs et passifs… » Plus loin encore, on apprend que l’entreprise a été vendue à un certain M.Bart. Mais que, en dépit des contrats signés, MM. Bartagnon et Anastay ont continué, après la vente de leur entreprise faillie, à faire travailler pour leur compte propre un ancien voyageur commercial : « Attendu qu’il [le voyageur de commerce] l’a fait dès le 1er juin 1906 pour le compte des sieurs Bartagnon et Anastay, ses anciens patrons, qui avaient cru pouvoir se rétablir et faire concurrence à Bart, acquéreur de leur maison de commerce. » Concurrence déloyale dont les attendus du jugement nous disent qu’elle a déjà été traitée par le Tribunal de Commerce d’Aix « en condamnant les délinquants [Bartagnon et Anastay] en 7.000 fr. de dommages-intérêts envers Bart ».
Les attendus continuent à la charge des deux associés faillis : « Attendu qu’il est important de fixer ici que le Tribunal, bien placé pour apprécier les faits incriminés, déclare dans les motifs de son jugement, qu’aussitôt après l’achat fait par Bart les faillis cherchèrent pas toutes les voies à ruiner l’ancienne maison au profit des dénominations nouvellement créées ; qu’ils s’attaquent à son personnel et à ses agents et représentants en France dont ils ont la liste. »
Il va sans dire que le voyageur indélicat fut condamné à une lourde amende.
Note
1Tribunal de commerce de la Seine, 27 février 1907.