Révolution Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/revolution/ 500 ans de faits divers en Provence Tue, 11 Mar 2025 19:52:44 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png Révolution Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/revolution/ 32 32 Le pendu du cours Mirabeau (Aix-en-Provence, 27 janvier 1793) https://www.geneprovence.com/pendu-cours-mirabeau-aix-provence-27-janvier-1793/ https://www.geneprovence.com/pendu-cours-mirabeau-aix-provence-27-janvier-1793/#respond Wed, 08 Feb 2023 18:49:29 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=18534 Aujourd’hui, 27 du mois de janvier 1793, l’an second de la République française, à 6 heures du soir, Pardevant moi Antoine Laurent Michel Aude, officier municipal, membre du Conseil général…

L’article Le pendu du cours Mirabeau (Aix-en-Provence, 27 janvier 1793) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

L'entrée du Cours à la même époque.
L’entrée du Cours à la même époque.

Aujourd’hui, 27 du mois de janvier 1793, l’an second de la République française, à 6 heures du soir,

Pardevant moi Antoine Laurent Michel Aude, officier municipal, membre du Conseil général de la commune de cette ville d’Aix, département des Bouches-du-Rhône, district d’Aix, […]
Est comparu en la maison commune le citoyen Joseph Reimond Marie, isle Saint-Martin, juge de paix de la section de l’Union et de celle des Sans-Culottes, de cette ville d’Aix, y demeurant,
Lequel, assisté des citoyens Joseph Michel, marchand bijoutier de cette ville, y demeurant, place des Prêcheurs […], âgé de 50 ans, et Jacques Suchet, fondeur de cette dite ville, y domicilié rue du Pont […], âgé de 38 ans, à déclaré à moi dit Antoine Laurent Michel Aude,
Pendaisons sur le cours Mirabeau quelques années plus tôt. BnF.
Pendaisons sur le cours Mirabeau quelques années plus tôt. BnF.

Qu’ayant été instruit que la nuit dernière il avait été trouvé le cadavre d’un homme suspendu par le cou à la corde d’un réverbère, placé entre les deux fontaines du Cours, l’une dite Fontaine chaude et l’autre Fontaine des Neuf-Canons, dans la section de l’Union,

Il s’était transporté sur le lieu et y avait rédigé le procès-verbal dont la teneur suit :

Extrait du procès verbal dressé par le juge de paix des sections des Sans-Culottes et de l’Union de cette ville d’Aix, officier de police,
à l’occasion de la mort de François Auguste Verdet.

Du 27 janvier 1793, […] sur la dénonciation {…] qu’il y avait un homme qui avait été attaché à la corde d’un des réverbères du cours de cette ville, nous Joseph Reimond Marie, [assisté des citoyens Michel Aîné, bijoutier, Suchet Cadet, fondeur, Maille, chirurgien, et avec l’escorte d’un détachement des gardes nationaux],
Nous nous serions rendu au cours de cette ville et aurions trouvé un homme attaché et suspendu par son col à une corde d’un des réverbères qui se trouvaient entre la Fontaine chaude et la Fontaine dite des Neuf-Canons,
Aurions fait couper la corde à laquelle ledit homme était attaché [et demandé au chirurgien] s’il est réellement mort et ce qui lui a occasionné la mort,
Lequel, après avoir visité et dûment examiné ledit homme, nous a dit l’avoir reconnu pour le citoyen Verdet1, homme de loi de cette ville, pourtant pour nom de baptême François Auguste ;
homme-pendu-exempleQu’il le trouve froid dans toutes les parties de son corps, les yeux fermés, la langue au-dehors de la bouche d’un tiers et serrée entre les deux mâchoires et écumante, la corde avec laquelle il a été étranglé encore autour du col, ce qui, considéré, ne lui a pas donné le moindre doute, qu’il a été suspendu vivant et qu’il est réellement mort par cette cause violente,
Et comme les citoyens notables ici présents, ainsi que les gardes nationaux, l’ont reconnu pareillement pour François Auguste Verdet, homme de loi, que par nous-même l’avons reconnu pour tel, la cause de la mort étant connue et que toute autre recherche à cet égard serait inutile, nous déclarons que rien ne s’oppose à ce que ledit corps soit inhumé aux formes ordinaires, et de suite il a été donné connaissance au citoyen Curet, de la paroisse du Saint-Esprit, que rien ne s’oppose à ce que ledit cadavre soit inhumé,
Déclarons que nous avons trouvé dans les poches de l’habit, veste et culotte du cadavre, les objets suivants :
Deux passeports de la municipalité de Paris,
Une quittance du citoyen Guillos, de la ville de Paris, en date du 4 août 1792 de la somme de 85 livres, pour rente des appartements qu’il occupait à Paris,
Une minute d’une pétition au ministre pour procurer un prompt jugement,
Une copie d’une oraison à Dieu,
Un cordon violet,
Un mouchoir toile blanchie,
Une paire [de] boucles de souliers acier,
Desquels objets le greffier s’est chargé pour les remettre,
Ainsi que dessus a été procédé au présent verbal, et nous sommes soussignés […]
  • Source : État civil de la ville d’Aix-en-Provence
  • Texte signalé par Mme Yve Chetaille

Note

1. François Auguste Verdet, né à Forcalquier, marié à Aix en 1786.

L’article Le pendu du cours Mirabeau (Aix-en-Provence, 27 janvier 1793) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/pendu-cours-mirabeau-aix-provence-27-janvier-1793/feed/ 0
Les fusillés de Simiane (Simiane-la-Rotonde, décembre 1851) https://www.geneprovence.com/fusilles-de-simiane-simiane-rotonde-decembre-1851/ https://www.geneprovence.com/fusilles-de-simiane-simiane-rotonde-decembre-1851/#respond Wed, 04 Mar 2020 15:31:49 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=17578 La Révolution de 1851 a été particulièrement intense dans le département des Basses-Alpes (ancien nom des Alpes-de-Haute-Provence). De nombreux rapports alarmants étaient régulièrement adressés aux autorités et parfois relayés dans…

L’article Les fusillés de Simiane (Simiane-la-Rotonde, décembre 1851) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

Simiane la Rotonde. DR.

La Révolution de 1851 a été particulièrement intense dans le département des Basses-Alpes (ancien nom des Alpes-de-Haute-Provence). De nombreux rapports alarmants étaient régulièrement adressés aux autorités et parfois relayés dans une presse encore balbutiante.
Ainsi, L’Écho des Bouches-du-Rhône rapportait en décembre 1851 ou janvier 1852 des événements gravissimes survenus à Simiane-la-Rotonde (alors dénommée « Simiane »). Voici comment ils étaient rapportés :
Les journaux ne vous ont point parlé de trois insurgés qui ont été fusillés à Simiane, près de Banon. Un des trois était un menuisier de cette commune, qui avait confectionné une guillotine ; l’un des deux autres devait faire l’office de bourreau. Une liste de quarante-huit personnes appartenant à la classe aisée de Banon, et bon nombre de personnes de la commune de Revest et des Brousses (aujourd’hui Revest-des-Brousses, NdlR), devait passer par ce supplice. On réservait à la pauvre institutrice de Revest une mort plus atroce : elle devait être écartelée. Voilà le sort qu’on nous promettait. »
  • L’Écho des Bouches-du-Rhône, cité in Journal des villes et des campagnes, 7 janvier 1852.

L’article Les fusillés de Simiane (Simiane-la-Rotonde, décembre 1851) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/fusilles-de-simiane-simiane-rotonde-decembre-1851/feed/ 0
Le comte Joseph Chabran (1763-1843), général d’Empire cavaillonnais https://www.geneprovence.com/le-comte-joseph-chabran-1763-1843-general-dempire-cavaillonnais/ https://www.geneprovence.com/le-comte-joseph-chabran-1763-1843-general-dempire-cavaillonnais/#respond Thu, 13 Jun 2013 00:49:56 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=7603 [caption id="attachment_7661" align="alignright" width="294"] Joseph Chabran (vers 1840)© Musée de Cavaillon.Avec leur aimable autorisation.[/caption] Joseph Chabran naît à Cavaillon (Vaucluse) le 21 juin 1763, du mariage de Noël Chabran, agriculteur, et d’Ursule Chabran, une lointaine cousine. La Révolution Se destinant à la carrière ecclésiastique, il devient professeur de mathématiques chez les Oratoriens de 1784 à 1792.

L’article Le comte Joseph Chabran (1763-1843), général d’Empire cavaillonnais est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

Joseph Chabran (vers 1840) © Musée de Cavaillon. Avec leur aimable autorisation.
Joseph Chabran (vers 1840)
© Musée de Cavaillon.
Avec leur aimable autorisation.

Joseph Chabran naît à Cavaillon (Vaucluse) le 21 juin 1763, du mariage de Noël Chabran, agriculteur, et d’Ursule Chabran, une lointaine cousine.

La Révolution

Se destinant à la carrière ecclésiastique, il devient professeur de mathématiques chez les Oratoriens de 1784 à 1792. Au commencement de la Révolution, il se rallie aux idées nouvelles, et entre dans la carrière des armes au moment où les puissances coalisées menacent de franchir les frontières de la France. Le 4 avril 1792, il s’engage comme soldat dans la Garde Nationale. Il est élu capitaine de la 8e compagnie de fusiliers lors de la formation du 5e bataillon des Bouches-du-Rhône, le 4 août 1792. Le 1er octobre 1792, il est nommé capitaine à la compagnie des canonniers à la création de celle-ci, il fit en cette qualité sa première campagne à l’armée d’Italie. Le 12 mai 1793, il obtient du général Dumerbion, commandant en chef, le grade de capitaine-adjoint provisoire à l’état-major de cette armée.

Première campagne d’Italie

Il combat avec distinction à l’affaire de Pérus et à celle de Lignier. Il est nommé par les représentants du peuple Ricord et Augustin Robespierre – le frère du Conventionnel –, chef de bataillon adjudant-général provisoire le 8 ventôse an II (26 février 1794) : « On ne peut que faire l’éloge des qualités morales et politiques du citoyen Chabran qui par sa conduite vis-à-vis de l’ennemi a donné autant de marques de ses talents militaires que par celles qu’il a tenu avec ses concitoyens qui l’ont toujours estimé et regardé comme un excellent Républicain ».

Il sert sous les ordres du général Masséna aux expéditions d’Oneille, Orméa et Saorge (avril 1794). Il est alors promu adjudant-général chef de brigade, le 27 prairial an III (15 juin 1795). Il est à la bataille de Loano les 2 et 3 frimaire an IV (23 et 24 novembre 1795) dans la division Meynier.

Le 10 floréal an IV (29 avril 1796), Joseph Chabran revient sous les ordres de Masséna. Il se signale surtout au passage du pont de Lodi, le 22 floréal an IV (11 mai 1796). Il est, avec le général Dallemagne, et le chef de bataillon Dupas, un des officiers de l’armée française qui décident du succès de cette journée. Après s’être fait remarqué lors de la bataille de Lonato le 16 thermidor an IV (3 août 1796), à la prise de Corona et au combat de Montebaldo, il mérite d’être cité honorablement dans les rapports du général en chef pour sa brillante conduite à Roveredo. Le général en chef de l’armée d’Italie l’élève au grade de général de brigade provisoire, le 18 fructidor an IV (4 septembre 1796). Il combat ensuite vaillamment à la prise de Bassano le 22 fructidor an IV (8 septembre 1796).

Il passe dans la division Vaubois en novembre 1796, puis à la division Joubert le 8 ventôse an V (26 février 1797) et enfin à la division Bernadotte le 15 ventôse suivant (5 mars 1797). Le 26 ventôse (16 mars 1797), il se distingue de nouveau au passage du Tagliamento, et y soutient, avec deux bataillons de grenadiers, les mouvements du corps de cavalerie commandé par Murat.

Passé à la division Kilmaine, le général Chabran se porte rapidement sur la ville de Vérone révoltée, s’en empare de vive force, et fait un exemple sévère du chef de l’insurrection. Il devient le 28 floréal an V (17 mai 1797) commandant du Véronais à la place d’Augereau où il se montre habile administrateur. Le 11 prairial an V (30 mai 1797), il est confirmé dans son grade de général de brigade par le Directoire. Le 26 prairial an V (14 juin 1797), il reçoit le commandement de la 8ème brigade (64e et 69e régiment de ligne) de la 4e division (Sérurier) à l’armée d’Italie.

Le gouvernement lui décerne un sabre d’honneur sur la lame duquel est gravé ces mots : « À l’adjudant-général Chabran, avec le brevet de général de brigade, pour les batailles de Lodi, Lonato, Roveredo et Trente; le 10 vendémiaire an VI ». Après la paix de Campoformio (18 octobre 1797), il reçoit l’ordre d’aller commander le Modènois. Mais avant qu’il ne prenne son poste, un contre ordre le change d’affection et l’envoi à Toulon. Il est chargé de réprimer les troubles qui éclatent dans les départements des Basses-Alpes le 26 vendémiaire an VI (17 octobre 1797) ; puis des Bouches-du-Rhône le 21 vendémiaire an VII (12 octobre 1798). Il parvient à ramener le calme dans ces départements, en alliant la fermeté aux moyens de conciliation.

À l’armée d’Helvétie

La guerre reprenant, il demande à être muté dans une unité proche de la frontière italienne. Le 6 frimaire an VII (26 novembre 1798), il passe à la division Mesnard de l’armée d’Helvétie sous les ordres du général Masséna. Il participe, le 7 ventôse an VII (25 février 1799), au passage du Rhin, puis, se portant sur l’ennemi qui se retire dans la direction de Coire, il y culbute l’armée autrichienne à la baïonnette, et, secondé par la charge brillante que fait le 7e régiment de Hussards, il achève de mettre les troupes ennemies en déroute, le 17 ventôse an VII (7 mars 1799). Il y fait 3 000 prisonniers, ainsi que leur commandant en chef, le général Auffemberg. Il prend également à l’ennemi 3 drapeaux, 16 pièces de canon, un grand nombre de caissons, des magasins considérables de farine et de fourrages.

Le 10 floréal an VII (29 avril 1799), il prend le commandement de la 2e division de l’armée du Danube. À la tête de cette division, il engage l’ennemi le 12 floréal an VII (1er mai 1799). Il occupe la position de Lucisteig, dans la gorge de la Lanquart, lorsque 2 000 Autrichiens, qui débouchent par Flaich, cherchent à tourner la position française. Chabran les laisse s’engager dans ces lieux difficiles, puis, avec l’appuie d’un bataillon de la 409e demi-brigade d’infanterie de ligne, il attaque les Autrichiens, les obligeant de mettre bas les armes. Il fait à cette occasion 1 300 prisonniers.

Promu le 9 messidor an VII (27 juin 1799) au grade de général de division, il est chargé, quelques mois plus tard, de favoriser l’attaque générale entreprise par la droite de l’armée française sur la gauche de l’archiduc Charles, général en chef de l’armée Autrichienne. Cette attaque a pour objet de s’emparer du Saint-Gothard et de forcer les Autrichiens d’évacuer les cantons suisses de Schweitz et d’Uri. Le 27 thermidor (14 août 1799), le général franchit la Haute-Sild, surprit, il repousse les postes avancés sur la rive occidentale du lac de Zurich, s’empare des hauteurs de Raperschwyl et d’Hirzel, puis bat et détruit presque en entier une colonne ennemie qui garde la position entre Larken et Notre-Dame-des-Ermites. Ces opérations favorisent les attaques du général français Lecourbe sur tout le cours de la Reuss, depuis Aliorff jusqu’au Saint-Gothard ; mais les Autrichiens occupent encore le camp retranché qu’ils ont établi à Wohand. Chabran l’attaque, l’emporte à la baïonnette, et y est grièvement blessé. C’est au cours de cette journée que l’archiduc Charles dit, en parlant du général Chabran, à ses officiers : « Ce général se mire dans ses grenadiers ». En effet, Chabran s’enorgueillit de la bonne tenue de ses troupes.

Le 11 fructidor an VII (28 août 1799), il prend le commandement de la 8e division de l’armée d’Helvétie, chargée de garder le pont de Bâle, puis le 8 brumaire an VIII (30 octobre 1799) de la 7e division de la même armée. Souffrant d’une maladie des yeux, il demande à être retiré des frontières dans un poste plus calme, le 23 vendémiaire an VIII (15 octobre 1799). Il est muté dans l’armée du Rhin le 15 frimaire an VIII (6 décembre 1799). À l’époque de la formation de l’armée de réserve, destinée à se porter en Italie, le Premier Consul lui confie le commandement de la 1re division de réserve formée des dépôts des 14 bataillons de l’armée d’Orient à Chalon-sur-Saône le 25 pluviôse an VIII (14 février 1800), puis de la 5e division de l’armée de réserve le 6 floréal an VIII (26 avril 1800), composée de 4 à 5 000 hommes. Il passe sous le commandement du général Victor le 19 floréal an VIII (9 mai 1800).

Joseph Chabran (vers 1800)© Musée de Cavaillon.Avec leur aimable autorisation.
Joseph Chabran (vers 1800)
© Musée de Cavaillon.
Avec leur aimable autorisation.

Seconde Campagne d’Italie

Chabran pénètre dans la vallée d’Aoste par le petit Saint-Bernard. Arrivé devant le fort du Bard le 6 prairial an VIII (26 mai 1800), il en fait le siège. Il fait monter dans le clocher d’une église des pièces de canon qui bombardent violemment l’enceinte du fort, qui capitule le 12 prairial an VIII (1er juin 1800). La prise du fort de Bard permet d’assurer la libre communication de l’armée d’Italie avec la France. Le général Chabran marche aussitôt sur Ivrée, puis sur la rive gauche du Pô, et opère une diversion qui contribue à la victoire française de Marengo, le 20 prairial an VIII (9 juin 1800). Quelques jours plus tard, le 22 prairial (11 juin 1800), il passe sous les ordres de Duhesme. Après la paix de Lunéville (1801), il obtient le commandement du Piémont, où il rétablit l’ordre.

Le 30 fructidor an VIII (17 septembre 1800), il rentre dans ses foyers, n’ayant pas été compris dans la réorganisation de l’armée d’Italie. Il est compris sur le tableau de l’état-major général et mis en disponibilité le 7 floréal an IX (27 avril 1801). Il se retire alors successivement à Draguignan (an IX), à Paris (au début de l’an X) puis à Cavaillon à partir du 28 frimaire an X (19 décembre 1801). Rappelé sous les drapeaux le 22 messidor an XI (11 juillet 1803), il prend le commandement des îles de Ré, d’Oléron, d’Yeu et d’Aix, subdivision de la 12e division militaire. Appelé à la présidence du collège électoral du département de Vaucluse, il est fait chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur – nouvellement créé – le 19 frimaire an XII (11 décembre 1803), puis commandeur le 25 prairial an XII (14 juin 1804). Le 27 brumaire an XIII (18 novembre 1804), il part pour Paris assister au couronnement de l’Empereur le 2 décembre 1804.

Service en France

Une nouvelle coalition s’étant formée contre la France, Napoléon Ier confie au général Chabran le soin de surveiller les mouvements des Anglais, et le charge de pourvoir à la défense des côtes de l’océan Atlantique et des îles qui en dépendent, depuis Nantes jusqu’à la Gironde (avril 1805). Il reçoit le commandement du camp militaire de Saintes, puis, celui de la 10e division militaire à Toulouse le 30 fructidor an XIII (17 septembre 1805). Puis l’Empereur lui confie le commandement de la 1re division de l’armée de Catalogne le 19 mars 1808.

La guerre d’Espagne

Le général Chabran reçoit l’ordre de réprimer l’insurrection qui éclate à Tarragone en juin 1808. Il se retrouve au village d’Arbas [Arbos] face à une foule d’insurgés qu’il attaque et met en déroute. Commandant sous Gouvion-Saint-Cyr de la 1re division du 5e Corps de l’armée d’Espagne le 7 septembre 1808 (devenu le 7e Corps le 2 octobre), il rencontre une troupe de 20 000 Espagnols, au pont de Molina del Rey, sur le Lobregat (14 mars 1809). Quoiqu’il n’eût que 4 000 hommes à leur opposer, il marche aussitôt contre eux, et les met en pleine déroute. Nommé peu de temps après gouverneur de Barcelone, il y est dénoncé par le sieur Casanova ex-commissaire de police à Barcelone comme ayant fait remettre en liberté un certain Emmanuel Bayona, condamné par une commission militaire à la détention pour avoir prit parti dans une conspiration anti-française, moyennant 4 ou 500 piastres. Il offre surtout sa protection à trois membres de la famille royale de France se trouvant alors en Catalogne, le prince de Conti, la duchesse de Bourbon et la duchesse d’Orléans. Il est alors mis en congé « pour raisons de santé » le 11 mai 1810, et rentre en France.

Ralliement aux Bourbons

Tombé en disgrâce auprès de l’Empereur, il est admis au traitement de réforme, le 13 septembre 1810. Le 21 ovembre 1810, on lui ordonne de rentrer dans ses foyers à Avignon, jusqu’à nouvel ordre. Il est finalement mis à la retraite le 16 mai 1813. Après la première abdication, il se rallie aux Bourbons et prête serment au nouveau roi (avril 1814). Remis en activité, Louis XVIII le rétablit dans son grade de lieutenant-général le 4 juillet 1814. Le 9 juillet 1814, le duc de Berry lui remet sa croix de chevalier de l’Ordre militaire de Saint-Louis, breveté le 19 juillet suivant. Il s’établit à cette époque à Draguignan. Enfin il obtient la dignité de comte à titre héréditaire par lettres patentes du 30 juillet 1819, avec règlement d’armoirie :

Blason du comte Chabran (dessin de Sébastien Avy)
Blason du comte Chabran
© Sébastien Avy, 2013.

D’azur au sénestrochère d’or, mouvant du flanc senestre, tenant un bouclier aussi d’or,chargé d’un croissant de gueules, accompagné en chef, à dextre, d’une flèche posée en bande, la pointe basse, et, en pointe, d’une colombe contournée et soutenue d’une tige de lys, le tout d’argent ; au chef d’argent, chargé de trois étoiles de gueules.

Les dernières années

Mis en disponibilité le 30 décembre 1818, il quitte Draguignan pour Avignon. Reconverti en riche propriétaire terrien, Il assure de nombreuses fonctions civiles : membre du conseil d’arrondissement d’Avignon, conseiller municipal d’Avignon, administrateur de nombreux hospices, etc. Le gouvernement de Charles X le nomme encore maire de Cavaillon, sa ville natale, de juillet 1824 à juillet 1830 où il s’applique à résoudre des questions relatives à l’agriculture (limites, bois du Luberon, canaux, etc). Il est définitivement mis à la retraite militaire le 28 février 1827. Après les Trois Glorieuses, il quitte Cavaillon et réside de nouveau à Avignon où il meurt le 21 janvier 1843, à l’âge de quatre-vingts ans, « honoré et aimé de tous ». Il est inhumé au cimetière Saint-Véran d’Avignon.

Son nom est gravé sur la 27e colonne de l’Arc de Triomphe de la place de l’Étoile, côté Sud.

Sébastien Avy

Sources

  • dossier militaire du général Joseph CHABRAN, Service Historique de la Défense, cote 7 Yd 321.

Bibliographie

  • Article « Joseph Chabran », dans Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, de Charles Mullié, 1852.
  • Article « Joseph Chabran », dans Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l’Empire (1792-1814), de Georges Six.
  • Antoine de Roux, Le général-comte Chabran, général de la Révolution et de l’Empire (1763-1843), Bibliothèque nationale de France.
  • Michel Molières (colonel) et Natalia Griffon de Pleineville, Dictionnaire des Braves de Napoléon, vol. A-L, Paris, Le livre chez vous, 2004, p. 156.
  • Jean Tulard (dir.), Dictionnaire Napoléon, vol. A-H, Fayard, 1999, p. 414.
  • Albert Révérend (vicomte), Titres, anoblissements et pairies de la restauration 1814-1830, volume 2, 1902.

Biographies

L’article Le comte Joseph Chabran (1763-1843), général d’Empire cavaillonnais est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/le-comte-joseph-chabran-1763-1843-general-dempire-cavaillonnais/feed/ 0
L’agression de Caussemille (Marseille, 25 octobre 1798) https://www.geneprovence.com/lagression-de-caussemille-marseille-25-octobre-1798/ https://www.geneprovence.com/lagression-de-caussemille-marseille-25-octobre-1798/#respond Thu, 01 Apr 2010 00:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=431 « L'an VIe de la République française, une et indivisible et le cinq brumaire avant midy, nous...

L’article L’agression de Caussemille (Marseille, 25 octobre 1798) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

« L’an VIe de la République française, une et indivisible et le cinq brumaire avant midi, nous… nous sommes transporté chez le citoyen Étienne Caussemille, au Rouet, lequel nous a dit qu’hier au soir, quatrième du courant, vers sept heures et demi du soir, il entendit frapper sa porte qu’il ouvrit sans aucun méfiance, et dans l’instant six hommes armés avec des sabres, pistolets et poignards entrèrent en disant :
« Au nom de la loi, nous sommes ici pour faire la visite des armes. L’on nous a dit que vous en aviez, nous savons que vous donnez asile à des gens suspects et nous allons faire la visite. »
Ils dirent aux citoyens et citoyennes qui étaient dans la maison dudit Caussemille de ne point s’effrayer et qu’ils n’étaient pas là pour faire du mal. Ils dirent audit Caussemille de les conduire. Il prit une chandelle et monta avec eux aux chambres où, après avoir fouillé, ils prirent une paire de boucles d’argent qui se trouvaient sur une table.

Le pillage et les menaces

Ils lui dirent qu’il se rappelât qu’il leur avait dit qu’il n’avait point d’armes, et que s’ils lui en trouvaient, malheur à lui !
Qu’ils passèrent de là dans la chambre dudit Caussemille et, ayant passé la porte, ils lui dirent que s’il criait il était perdu sans ressource ; alors ils ouvrirent la garde robe où, après avoir fouillé, ils vinrent ouvrir une commode, où, après avoir visité deux tiroirs, ils prirent de la poudre et du plomb qui s’y trouvait : la clef du troisième tiroir n’y étant pas, ils la lui demandèrent et la leur ayant donnée, ils ouvrirent et lui prirent six louis en or et environ trente livres en argent qui se trouvaient dans un mouchoir.
Dans le même instant, un de ces individus lui mit un pistolet sur l’estomac et un autre un stylet au col, et on lui enleva sa montre d’argent avec rapidité et le verre se brisa en tombant. On lui défit aussi les boutons des culottes et on lui prit quatre à cinq livres en argent qu’il avait dans son gousset.
Un troisième de ces individus lui envoya des coups d’un instrument comme un stylet qui n’était pourtant pas pointu puisqu’ils ne percèrent point, et un quatrième lui envoya un coup de sabre sur le chapeau qui l’étourdit presque à perdre connaissance.

La tentative d’enlèvement

Ils lui prirent encore un fusil et un mouchoir de mousseline appartenant à sa femme. Ledit Caussemille ajoute que dans le temps qu’ils le tenaient dans cette situation, un lui demandait cent louis, un autre cinquante, et qu’il leur répondit qu’il ne pouvait plus rien leur donner, puisqu’ils avaient pris tout ce qu’il avait.
Alors, ils descendirent Caussemille avec eux et, étant au milieu des degrés, un de ces individus tira un coup de pistolet, dont la balle est entrée dans la muraille.
Celui qui le tira s’est sans doute blessé à la main, car il fit un reproche à un de ses camarades de ce qu’il l’avait trop chargé.
Descendu au rez-de-chaussée, ils dirent audit Caussemille qu’ils allaient le conduire au commandant de la place. Celui-ci répondit que c’était là un prétexte sans doute pour l’assassiner, qu’ils ne le fissent pas souffrir plus longtemps et que s’ils voulaient le tuer, ils le tuassent sur la place. Alors ils dirent qu’ils allaient investir la campagne pour le conduire le lendemain matin et sortirent dans le même instant.
Caussemille ajoute qu’il y avait plusieurs individus au dehors de la porte armés avec des fusils, qu’il se rappelle lorsque les six individus sont entrés dans la campagne, qu’ils lui ont demandé s’il n’était pas Pierre Vin, et qu’il répondit que non. Un des six sortit pour demander sans doute son nom à ceux qui étaient dehors et, rentrant, il demanda si ce n’était pas là où demeurait François Caussemille, neveu dudit Caussemille, qu’il lui avait répondu que oui, mais qu’il n’y était pas ; qu’ils persistèrent à vouloir savoir où il était, et qu’ils montèrent pour faire la visite… »
  • Registre de police de Marseille.

 

L’article L’agression de Caussemille (Marseille, 25 octobre 1798) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/lagression-de-caussemille-marseille-25-octobre-1798/feed/ 0
Abattu sur le chemin de Pélissanne (Salon-de-Provence, 10 mars 1793) https://www.geneprovence.com/abattu-sur-le-chemin-de-pelissanne-salon-de-provence-10-mars-1793/ https://www.geneprovence.com/abattu-sur-le-chemin-de-pelissanne-salon-de-provence-10-mars-1793/#respond Mon, 15 Mar 2010 06:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=441 « Aujourd'hui quatorzième du mois de mai mille sept cent quatre vingt treize de la République, le second, à neuf heures du matin, par devant l'officier public de cette commune de Salon nommé par délibération du quinze janvier dernier […], il a été présenté à moi François Blanc, officier public, un verbal par le citoyen Jean Amelin, greffier du juge

L’article Abattu sur le chemin de Pélissanne (Salon-de-Provence, 10 mars 1793) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

« Aujourd’hui quatorzième du mois de mai mille sept cent quatre vingt treize de la République, le second, à neuf heures du matin, par devant l’officier public de cette commune de Salon nommé par délibération du quinze janvier dernier […], il a été présenté à moi François Blanc, officier public, un verbal par le citoyen Jean Amelin, greffier du juge de paix de cette même ville et, de suite, je l’ai enregistré, dans lequel verbal se trouve en date du dix mars dernier, conçu en ces termes :
L’an mille sept cent quatre vingt treize de la République, le deuxième, et le dix mars à huit heures du matin, sur le bruit public qu’il existe un homme mort dans la propriété des hoirs Gazot, sur le chemin de Pélissanne, quartier du Pairon, nous Antoine Michel, juge e paix du canton de Salon, nous nous sommes transporté audit lieu en compagnie de notre secrétaire greffier, où nous avons reconnu le cadavre du citoyen Étienne Roussier, bourgeois de cette ville de Salon, âgé d’environ soixante ans, lequel avait reçu plusieurs blessures, dont il était vraisemblablement mort et, tout de suite, il en a été fait la visite.
Les papiers et les bijoux qu’on trouvait sur ledit cadavre ont été rendus aux parents dudit défunt, son décès a été dénoncé à l’officier public et, ayant prescrit la sépulture dudit Roussier, elle a eu lieu immédiatement après notre ordonnance, à Salon l’an et jours dits, et nous nous sommes soussigné avec notre secrétaire greffier.
[Michel, juge de paix, Amelin, greffier à l’original]
et nous officier public avons de suite procédé à l’enregistrement dudit verbal mentionné ci-dessus.
[F. Blanc, officier public]
  • Registre d’état-civil de Salon-de-Provence

L’article Abattu sur le chemin de Pélissanne (Salon-de-Provence, 10 mars 1793) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/abattu-sur-le-chemin-de-pelissanne-salon-de-provence-10-mars-1793/feed/ 0
Les pendus du chemin d’Aix (Salon-de-Provence, 21 février 1793) https://www.geneprovence.com/les-pendus-du-chemin-daix-salon-de-provence-21-fevrier-1793/ https://www.geneprovence.com/les-pendus-du-chemin-daix-salon-de-provence-21-fevrier-1793/#respond Thu, 18 Feb 2010 01:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=455 « Aujourd'hui vingt-un février mil sept cent quatre-vingt-treize, l'an deuxième de la République française, à onze heures du matin, avons reçu l'avis ci-joint par Pierre Noël Allamand, huissier de l'officier de police, remis au citoyen Jean Joseph Brousse, notable, en l'absence de François Blanc, dans lequel il nous dit qu'il vient d'accéder dans la propriété de Joseph Audibran, cordonnier de

L’article Les pendus du chemin d’Aix (Salon-de-Provence, 21 février 1793) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

« Aujourd’hui vingt-un février mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an deuxième de la République française, à onze heures du matin, avons reçu l’avis ci-joint par Pierre Noël Allamand, huissier de l’officier de police, remis au citoyen Jean Joseph Brousse, notable, en l’absence de François Blanc,

salon-place-de-la-grande-fontaine

dans lequel il nous dit qu’il vient d’accéder dans la propriété de Joseph Audibran, cordonnier de cette ville, dans ce terroir, quartier du chemin d’Aix, distance d’un quart de lieue et ont dressé procès-verbal de la visite et examen de trois cadavres qui y ont été trouvés pendus à un arbre mûrier et qui ont été reconnus être ceux des citoyens Joseph Giraud, bourgeois, âgé d’environ cinquante-deux années, Étienne Bedouin, aussi bourgeois, âgé d’environ cinquante-deux années, et Charles Georges Rolland, prêtre ci-devant carme, âgé d’environ quarante-deux années,
que, par ledit procès-verbal, il est constaté qu’ils sont morts d’une mort violente, qu’il ordonne l’inhumation de l’avis de ses assesseurs […].
Nous dit notable attestons que ledit citoyen Joseph Giraud, bourgeois de cette ville, y demeurant rue du Faubourg, âgé d’environ cinquante-deux années, que le citoyen Étienne Bedouin, aussi bourgeois, âgé d’environ cinquante-deux années, y demeurant rue du Mouton, et le citoyen Georges Rolland, prêtre de cette ville, y demeurant ci-devant […], ont été trouvés mort dans la propriété ci-dessus designée.
Soussigné avec Jacques Chambourdon et Melchior Lagnel, ont signé avec moi.
Fait en la maison commune de Salon le vingt-un février an que dessus. »
[CHAMBOURDON, AGNEL, F. BLANC offi[cier] p[ublic]]
  • État-civil de Salon-de-Provence
  • Photographie : DR.

 

L’article Les pendus du chemin d’Aix (Salon-de-Provence, 21 février 1793) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]> https://www.geneprovence.com/les-pendus-du-chemin-daix-salon-de-provence-21-fevrier-1793/feed/ 0 Tué d’un coup de feu (Saint-Zacharie, 6 mai 1800) https://www.geneprovence.com/tue-dun-coup-de-feu-saint-zacharie-6-mai-1800/ https://www.geneprovence.com/tue-dun-coup-de-feu-saint-zacharie-6-mai-1800/#respond Mon, 15 Feb 2010 01:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=457 « Le seize floréal an huit républicain, pardevant moy agent municipal de Saint-Zacharie et dans la salle commune, sont comparus Jean Baptiste Marcel, âgé de quarante-six ans, et Jean François Simien père, âgé de soixante-quatre ans, tous ménagers de cette commune et y résidant, lesquels m'ont déclaré que Honoré Sabathier, conscrit de la troisième classe, fils à Joseph, ménager, et

L’article Tué d’un coup de feu (Saint-Zacharie, 6 mai 1800) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

Saint-Zacharie, la route de Nans. DR.
Saint-Zacharie, la route de Nans. DR.
« Le seize floréal an huit républicain, pardevant moy agent municipal de Saint-Zacharie et dans la salle commune, sont comparus Jean Baptiste Marcel, âgé de quarante-six ans, et Jean François Simien père, âgé de soixante-quatre ans, tous ménagers de cette commune et y résidant, lesquels m’ont déclaré que Honoré Sabathier, conscrit de la troisième classe, fils à Joseph, ménager, et à Madeleine Marcel, son épouse, était décédé ce jour d’huy à l’âge de vingt-trois ans par suite d’un coup de feu à la bastide ditte Pas-de-Peiruy, terroir de Saint-Zacharie.
Assuré de ce décès par mon transport au domicile dudit Sabathier à la bastide dite du Pas-de-Peiruy, j’ai rédigé le présent acte que j’ai signé, les déclarans étant illitérés de ce enquis. »
Jh Cachard, ag[en]t m[unici]p[a]l
  • Registre d’état-civil de Saint-Zacharie

L’article Tué d’un coup de feu (Saint-Zacharie, 6 mai 1800) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/tue-dun-coup-de-feu-saint-zacharie-6-mai-1800/feed/ 0
Histoire de Maussane-les-Alpilles https://www.geneprovence.com/histoire-de-maussane-les-alpilles/ https://www.geneprovence.com/histoire-de-maussane-les-alpilles/#respond Fri, 01 Jan 2010 01:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=479 Préhistoire et Protohistoire Des traces de présence humaine sont attestées sur le territoire de Maussane depuis au moins le Néolithique. Au hameau des Calans, à l'est du village, les déblais d'une bergerie ont révélé une statuette représentant une déesse-mère.

L’article Histoire de Maussane-les-Alpilles est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

Préhistoire et Protohistoire

Des traces de présence humaine sont attestées sur le territoire de Maussane depuis au moins le Néolithique. Au hameau des Calans, à l’est du village, les déblais d’une bergerie ont révélé une statuette représentant une déesse-mère. Il n’est pas exclu toutefois que celle-ci provienne d’un autre site et ait été apportée ultérieurement sur le site de sa découverte1.
Le chaînon de la Pène au sud de Maussane. © Jean Marie Desbois, 2009.
Le chaînon de la Pène au sud de Maussane.
© Jean Marie Desbois, 2009.

Les sites de la Pène

C’est surtout aux abords du chainon rocheux de la Pène, au sud de Maussane, qu’ont été faites la majeure partie des découvertes concernant la Préhistoire. Du fait de sa situation, offrant une exposition au sud et surmontant les anciens marais des Baux, abondant en poissons et au sol fertile, ce site offre toutes les conditions pour permettre l’installation de groupes humains.
Un site du Chalcolithique ou du Néolithique final a été mis au jour sur la chaîne de la Pène, au lieu-dit le Touret de Roquerousse. Des céramiques de très mauvaises qualité y ont été découvertes, prouvant que les anciens marais des Baux étaient une zone peuplée dès les temps les plus reculés1.
Au lieu-dit Saint-Jean, à la Pène, des traces de labour profonds et les vestiges de deux cabanes des IIe et IIIe siècles ont été découverts par l’archéologue Otello Badan2.
Au Touret de l’Isle, un habitat du Ier siècle av. J.-C. a été découvert, accompagné de céramiques et d’amphores italiques et gauloises2. Non loin, au Deven, une dizaine de cabanes aux murs en pierre sèches ont été signalées. Des céramiques massaliètes y ont été trouvées2.

Peuplement gaulois

L’historien grec Strabon atteste que les populations gauloises installées dans les Alpilles sont connues sous le nom de Salyens. Ce peuple fonde à proximité de Maussane des agglomérations : Arelate, Ernaginon (Saint-Gabriel, aujourd’hui incorporée à Saint-Étienne-du-Grès), Tericiae (Mouriès), et surtout Glanum, ou plutôt Glanon de son nom gaulois, importante ville située à seulement 8 kilomètres au nord de Maussane. Dès lors, les échanges entre ses agglomérations étant attestés, il semble certain que le territoire de Maussane comptait une population salyenne de quelque importance4.
La chaîne des Alpilles marque la frontière nord des tribus indigènes que constituaient les Nearchi d’Ernaginum et les Anatilii du nord de la Crau4. Les découvertes archéologiques faites ces dernières années montrent que ces populations étaient constituées majoritairement de bergers et d’agriculteurs.

Oppidum du Castellas

La colline du Castellas dominant un champ d’oliviers. Vue du Sud. © Jean Marie Desbois, 2009.
La colline du Castellas dominant un champ d’oliviers. Vue du Sud.
© Jean Marie Desbois, 2009.

L’oppidum du Castellas, près du mas de Verassy, a été décrit par des auteurs grecs et romains qui attestent de son peuplement à la fin de la Préhistoire. Ce site se situe au commencement du chemin des Plaines-Marguerite1. Son altitude maximale se situe à 121 mètres, mais sur sa pente méridionale, à une altitude de 55 mètres, on note la présence de constructions gallo-romaines et notamment des restes d’une salle dallée avec un foyer et des bases de colonnes2. Cette salle pourrait être une cour. Selon H. Tréziny, il pourrait s’agir d’un édifice public, comme un lieu de culte, lié à l’oppidum2. Une inscription votive y a été mise au jour.
Des pièces (oboles de Marseille de diverses formes, bronzes des Arécomiques) ont été découvertes sur le site avant 1960.
Un chemin protohistorique de pied de côte reliait le site aux autres oppida de la région : les Caisses de Jean-Jean (Mouriès), le Castelas (Aureille), Lamanon5. Ce chemin passait plus au nord que la voie Aurélienne, plus tardive.
Le site du Castellas est créé à la fin de l’âge du Fer après une longue période de désertification du sud des Alpilles, alors que les populations rurales émigraient vers l’opulent comptoir grec d’Arles. Contemporains du Castellas, les sites de Glanum et d’Ernaginum sont en pleine expansion. Le Castellas ne semble toutefois pas avoir bénéficié d’une population aussi nombreuse. Il s’agit d’un habitat en dur qui se distingue de l’habitat préhistorique en matériaux légers5. En revanche, et malgré le nom du site, aucun trace de château (ou castellas en provençal) n’a été trouvée, même s’il semble que le Maussane protohistorique se trouvait bien là.
Alors que la romanisation est en route, les populations désertent la plupart des oppida, dont le Castellas, et émigrent vers les villae, provoquant du coup l’abandon définitif de ce site élevé.

Antiquité

L’arrivée de la civilisation gallo-romaine fait sortir Maussane et l’ensemble des Alpilles de la Protohistoire. Les vestiges de cette civilisation sont plus nombreux à Maussane.

L’aqueduc de Maussane à Arles

Deux aqueducs ont été construits dans les Alpilles à l’époque romaine pour alimenter en eau la ville d’Arles : l’un passe par le nord des Alpilles Saint-Remy (nord de Glanum) et Ernaginum et redescend vers Arles via Pont-de-Crau, tandis que l’autre débute son cours aux rochers d’Entreconque, à Maussane, et rejoint l’aqueduc du Nord à Barbegal. Un troisième aqueduc alimentait la ville de Glanum6.
L’aqueduc de Mausssane, aussi dénommé aqueduc de Caparon, traversait les communes de Maussane et de Paradou. On pense qu’il captait ses eaux à la petite source du vallon de Manville7 et que la conduite était canalisée au moyen de porte-eaux. Des vestiges ont d’ailleurs été découverts sous le moulin de Manville et l’on pense qu’il a été construit sur l’aqueduc. Un autre aqueduc le rejoignait à Paradou, dont la source est formellement identifiée : ses eaux provenaient de l’Arcoule, au lieu-dit La Burlande6. Aux rochers de la Pène a été découvert un bassin de régulation des eaux de l’aqueduc possédant trois ouvertures qui donnaient sur autant de canaux.
L. de Boisseson a recensé neuf points de passage de l’aqueduc, pour l’essentiel au quartier de Flandrin. On peut aussi observer, dans la cave d’une maison de ce quartier, la voûte de la canalisation romaine. Plus loin, au quartier de la Remise, des moellons du piédroit gauche sont visibles2. Selon L. de Boisseson toujours, une ligne sombre repérée à l’aide de photographies aériennes pourrait signaler le passage de l’aqueduc au quartier du mas de Mérigot.

Le village à l’époque gallo-romaine

La colline du Castellas dominant un champ d’oliviers. Vue du Sud. © Jean Marie Desbois, 2009.
Quartier des Fléchons.
© Jean Marie Desbois, 2009.

Contrairement à de nombreux villages de Provence, Maussane ne doit pas son plan à l’antiquité romaine. Il ne semble pas y avoir eu de bourg organisé. En revanche, de nombreuses villae y ont été construites sporadiquement. Ainsi, une de ces villae a été découverte à l’ouest du quartier des Fléchons. Divers objets accompagnaient cette découverte : de la sigillée du sud de la Gaule, des fragments d’amphores gauloise et africaine, des tuiles dans les murs et les champs2. Le site du château de Monblan, sans doute habité depuis le IIe siècle av. J.-C., voire le IIIe siècle av. J.-C., au vu de l’habitat mis au jour avec des fragments de céramique, a livré en 1933-1934 un bloc de pierre contenant une inscription originale : Sex(to) Fa/uonio / Eutyc(h)o (« À Sextius Favonius Eutychus »)8.
Au quartier de la Remise a été découverte en 1975 une stèle comportant les bustes d’un homme et d’une femme. Malheureusement, cette découverte ne put être photographiée car elle disparut rapidement2.
La vie quotidienne des hommes et des femmes qui habitèrent la région ne peut être restituée de manière précise. Selon Fernand Benoit, « une exploitation superficielle antique des minerais de fer des carrières de bauxite » aurait existé au quartier des Trencades, au nord de la colline du Castellas9.

Moyen Âge

Contrairement à beaucoup de villages similaires dans les Alpilles notamment (Aureille, Les Baux, Eyguières,…), aucun château n’a été localisé et encore moins retrouvé à Maussane ou son terroir. La colline du Castellas, comme son nom l’indique10, aurait pu en posséder un, mais aucune découverte n’a permis d’étayer cette hypothèse. Alors que des auteurs du XIXe siècle évoquent ce château, les archéologues du XXIe siècle se montrent plus prudents pour évoquer l’existence de cette forteresse hypothétique. Une chose est sûre : ce castrum, s’il a existé, ne peut pas avoir été construit à l’emplacement du village actuel, autour duquel se serait développé l’agglomération.

Les villæ maussanaises (VIe‑XIIe siècles)

Les découvertes de villæ maussanaises d’avant l’an mil sont extrêmement erratiques. Tout au plus sait-on que l’actuel mas Saint-Roman11 abritait une église fréquentée. On en déduit qu’une certaine population s’est développée autour de ce centre religieux, comme des sites fouillés dans le Languedoc voisin et datant de la même époque tendent à le montrer. Mais ces habitats installés en plaine sont d’une défense fragile et ils disparaissent quasiment tous avant le XIIIe siècle. Des castrum vont leur succéder. À Paradou (site des tours de Castillon), aux Baux-de-Provence, mais, semble-t-il, pas à Maussane. Seul village de la vallée des Baux n’ayant laissé aucun vestige d’habitat médiéval fortifié.
Les habitants du lieu sont alors soumis aux puissants seigneurs des Baux.
Au Xe siècle, alors que Pons le Jeune tient la maison des Baux, les habitants des villae de Maussane vont à l’office religieux en l’église de Paradou, alors dénommée Saint-Martin-de-Félaurie12.

Les guerres baussenques

Château des Baux. © C. Recoura, 2007.
Château des Baux.
© C. Recoura, 2007.

Les seigneurs des Baux perdent temporairement une grande partie de leur territoire lors de la guerre de succession de 1156 qui se solda par la prise des Baux, d’Arles et de Trinquetaille par le comte de Barcelone, Raymond Bérenger, mais l’établissement d’un traité permet à Hugues des Baux, de conserver son château, ses pâturages et ses terres de la vallée, incluant Maussane. Mais une nouvelle attaque de Raymond Bérenger en 1161 provoque la prise d’Arles, de Trinquetaille et de trente places fortes de la famille de Baux13.
Maussane et les villages de la vallée reviennent dans le giron des Baux après la libération d’Hugues IV des Baux en 1206. Celui-ci s’était révolté contre le comte de Provence, Alphonse II, et avait été arrêté. Mais une intervention de gentilshommes provençaux lui permit de recouvrer la liberté et de récupérer de nombreuses terres, comme en témoigne le traité d’octobre 1206, formulé dans les termes suivants :
« Ildephonse, comte et marquis de Provence, donne en fief à Hugues des Baux et à ses successeurs le château de Mouriès et la villa de Mamuzane3 avec toutes leurs dépendances et tout ce qu’ils possèdent dans iceux, tant en hommes qu’en terres cultes et incultes, prés, pâturages, bois, fermages, justice et district ; en outre il en saisine et confirme audit des Baux, tout ce qu’il possède au nom de Barrasse, son épouse, dans la ville de Marseille, le bourg d’Arles et ailleurs, sous la condition de l’hommage et de la fidélité, lui accorde de plus la permission de pouvoir acquérir tout ce qu’il désirera dans le comté de Provence, sous la même condition de l’hommage14. »
Mais, très endetté en raison des guerres menées, Hugues doit céder une partie de ses possessions, comme la terre de Villeneuve en Camargue, le château de Montpaon, sur le terroir de l’actuelle Fontvieille, mais conserve les terres baussenques, dont Maussane.

Ancien Régime

La Réforme

Les Alpilles abritent une population protestante à partir du XVIe siècle, dans la mouvance de l’affaire des Vaudois15. Lors des persécutions anti-protestantes, bon nombre d’habitants des Alpilles se réfugient en Suisse, patrie de Jean Calvin15. Les troubles engendrent dénonciations, rivalités et exactions. Selon Jean Crespin, quinze huguenots sont assassinés dans les Alpilles pour la seule année 156216. La minorité protestante a pignon sur rue dans le piémont sud des Alpilles, en témoignent la nomination de huit premiers consuls entre 1559 et 1561 aux Baux-de-Provence. Il faudra tout de même attendra l’édit de Nantes (1598) pour stabiliser la situation et rétablir la paix dans le massif des Alpilles comme dans toute la Provence et la France.

La peste sous l’Ancien Régime

Maussane a subi plusieurs épisodes de peste sous l’Ancien régime : 1587, 1629-1631, 1640, 1654-1656, 1664-1665, et surtout 1720-172117. Auparavant, entre 1476 et 158118, la peste a frappé seize fois19. Un bureau de santé se réunit régulièrement entre juillet 1629 et 1630 à Maussane17. Son but est de prendre des mesures pour empêcher au maximum l’expansion de l’épidémie avec la création de milices pour agir par la force en cas de besoin20.
On ne connaît pas avec précision le nombre des morts de la Grande peste de 1720-1721 à Maussane. Selon Odile Caylux, 1 101 habitants des Alpilles ont été emportés par l’épidémie, dont 938 à Saint-Rémy et 108 à Orgon17. Quelques Maussanais ont probablement été du nombre. En témoigne l’érection au cœur du village d’un oratoire dédié à saint Roch, sensé protéger les populations de la peste.
Intérieur de l’église Sainte-Croix. © Jean Marie Desbois, 2009.
Intérieur de l’église Sainte-Croix.
© Jean Marie Desbois, 2009.

La paroisse Sainte-Croix

Les habitants de Maussane ont de tout temps été contraints de célébrer le culte catholique en l’église Saint-Martin de Paradou. Cette situation causait de nombreux mécontentements au point de faire des tentatives auprès des autorités religieuses pour obtenir la création d’une paroisse. La première demande remonte au 6 mai 1681 à l’ocassion du passage à Paradou de Mgr de Grignan, M. de Laugier de Monblan requiert de celui-ci un vicaire résidant à Maussane1 et, ce, malgré la vive opposition des habitants de Paradou qui ne veulent pas voir disparaître leur paroisse21.
Mais la deuxième demande aura davantage de poids. Le début du XVIIIe siècle voit Maussane dépasser Paradou en nombre d’habitants. La demande de création d’une paroisse apparaît de plus en plus légitime. L’archevêque François de Mailly imagine le transfert de la paroisse Saint-Martin de Paradou vers Maussane. Du reste, la construction d’une église à Maussane est entamée. Malheureusement, l’année 1709 et son terrible hiver interrompent les travaux1. Les oliviers gèlent tous, toute l’activité de la vallée des Baux cesse du jour au lendemain. Il faudra attendre les années 1720 pour voir revenir une activité économique suffisante pour faire vivre les habitants.
Le 27 août 1750, Joseph Laugier de Monblan, seigneur de Monblan, achète un terrain au centre du village. Il s’agit d’un lieu d’entrepôt de toutes sortes de déchets issus de la culture des champs. C’est à cette endroit que va s’élever un édifice religieux qu’il va entièrement financer, afin de doter Maussane des meilleurs arguments pour obtenir la création d’une paroisse.
En fin de compte, la paroisse Saint-Martin de Paradou est conservée mais grandement amputée car la paroisse de Maussane est créée (1752) et le curé perpétuel, en la personne de M. Laugier, nommé21. Le 3 septembre 1754, l’église Sante-Croix est offerte aux Maussanais22. Le 27 septembre 1754, elle est consacrée par l’archevêque d’Arles, Jean-Joseph de Jumilhac.
En souvenir de la générosité du seigneur, une plaque est apposée sur le mur du côté du collatéral droit. On y lit, aujourd’hui encore : « À la mémoire de messire J. Laugier de Montblanc, fondateur de cette église, bienfaiteur des pauvres, etc., né en 1708, décédé en 1775, les habitants de Maussane reconnaissants. »
Le campanile n’étant pas achevé, car de Monblan souhaitait que les Maussanais en réalisent l’ouvrage pour avoir le sentiment d’avoir travaillé à leur propre église, une incompréhension se fait jour, certains estimant que le seigneur n’a plus d’argent pour achever le bâtiment. Pour faire taire ses détracteurs, de Monblan fait réaliser à ses frais un pont près de son château1.
Finalement, cet homme restera de longues décennies en odeur de sainteté dans le village, même bien après sa mort.

Révolution

Fusilier de la Garde nationale (1791). © Khaerr, 2008.
Fusilier de la Garde
nationale (1791).
© Khaerr, 2008.

Comme l’ensemble de la Provence, Maussane a connu une période post-révolutionnaire très agitée, particulièrement après la chute de Robespierre (9 thermidor an II). De nombreux événements ont plongé le village et toute la vallée des Baux dans la Terreur blanche.
À l’issue de la Révolution, Maussane est aux mains des Jacobins, mais la vie civile ne parvient pas à s’organiser en raison des perturbations apportées par des éléments extérieurs au village1. Les idées révolutionnaires ne rencontrent pas de véritable résistance. Une Garde nationale est créée en janvier 17911. Une société populaire, les « Amis de l’Égalité et de la Liberté » (plus tard rebaptisée « Amis de la Liberté, de l’Égalité et de la République ») se crée en septembre 1792. Dans le village, toutefois, les révolutionnaires ne sont pas extrêmement virulents contre les représentants de l’église catholique. L’église Sainte-Croix ne fait l’objet d’aucune déprédation, la personne du prêtre, Pierre Vincent, est respectée23, même s’il se rétracte après avoir abjuré24.
L’arrêté du 8 brumaire an IV (30 octobre 1795) provoque l’éclatement du territoire des Baux en quatre communes distinctes : Les Baux, Maussane, Mouriès et Paradou. Maussane devient chef-lieu de canton25.

L’arrivée de la Terreur

En mars 1793, le maire des Baux (et donc de toutes les communes non encore détachées), Joseph Manson de Saint-Roman, est assassiné à son domicile de Maussane par onze hommes qui avaient déserté le bataillon des Fédérés de Marseille et que le maire avait sommé de rejoindre leur corps1. Le député Jean-Baptiste Leblanc de Servanes, de Mouriès, à la tête de la Garde nationale, investit Maussane et fait arrêter cinq hommes qui seront pendus sans jugement au quartier de l’Escampadou26.
Le chaos est total. Les autorités municipales, incapables de gérer la crise et menacées par la fureur de la population, démissionnent en juillet 1793 et sont contraintes de fuir pour Arles. Leurs biens sont pillés27.
Le calme mettra plusieurs années a être complètement restauré. Le dernier meurtre politique est perpétré à Maussane le 22 ventôse an VIII (13 mars 1800) : un révolutionnaire extérieur à la commune est retrouvé assassiné au vallon de Valoste (près des Calans)28.

Époque contemporaine

Les troubles passés, le calme s’installe durablement dans la vallée des Baux. Le développement industriel permet un essor considérable aux activités agricoles et arboricoles à Maussane. L’exploitation des olives devient la spécialité de la commune. Le village compte alors jusqu’à sept moulins à huile, dont le plus ancien, celui de Manville, remonte approximativement au XVIe siècle.
La tranquillité est seulement troublées par quelques épidémies sporadiques, dont une de choléra en 1865 qui provoque la mort de sept personnes. La contamination provenait de deux marchands ambulants venus de Marseille29.

Notes

1. Maussane-les-Alpilles, coll.« Le Temps retrouvé », F. Laffé, M. Simian-Gonfond, M. Bonnet, éd. Équinoxe, 1991.
2. « Les Alpilles et la Montagnette », Carte archéologique de la Gaule, t. 13/2, 1999, p. 203-207, (ISBN 978-2877540599).
3. Dans la même phrase, « villa de Mamuzana » est mis en pendant avec « castrum de Morerits » (« castrum de Mouriès ») ce qui pourrait indiquer que Maussane ne possédait pas de castrum au cours du Moyen Âge.
4. « Le peuplement à l’époque gauloise : les Salyens », in Les Alpilles…, op. cit., F. Verdin, p. 141.
5. « Les oppida des Alpilles », in Les Alpilles…, op. cit., Y. Marcadal, p. 143-7.
6. « Les aqueducs antiques d’Arles », in Les Alpilles…, op. cit., J.-L. Paillet, p. 37-39.
7. Ce lieu est connu sous le nom provençal de Font di fèbre (« fontaine des fièvres »).
8. Cette découverte est particulièrement intéressante car c’est la première fois que le nomen Favonius est retrouvé en Gaule narbonnaise.
9. Cité in Carte archéologique de la Gaule…, op. cit.
10. Provençal castelas, « grand château ».
11. Visite du mas Saint-Roman.
12. Les Baux et Castillon, Louis Paulet, 1902, rééd. C. P. M. Marcel Petit, Raphèle-les-Arles, 1986, p. 14.
13. Les Baux et Castillon, op. cit., p. 26.
14. Trad. par Louis Paulet, in Les Baux et Castillon, op. cit., p. 30.
15. « La Réforme », in Les Alpilles…, op. cit., G. Audisio, p. 173-5.
16. Histoire des martyrs, Jean Crespin, t. 3, p. 374-382.
17. « Les épidémies de peste dans les villages des Alpilles », in Les Alpilles, op. cit., O. Caylux, p. 175-7.
18. Lire au sujet de l’épidémie de 1581, l’article Peste d’Arles (1579-1581).
19. Selon l’abbé Louis Paulet, historien des Alpilles (XIXe siècle).
20. Les miliciens sont réquisitionnés de force et par un tirage au sort parmi les habitants mâles de la Vallée des Baux. Les hommes non choisis sont pour leur part tenus de contribuer financièrement à l’entretien de ces milices.
21. Les Baux et Castillon, op. cit., p. 221-5.
22. Voir sur Wikipédia la partie consacrée à la description de l’église Sainte-Croix.
23. Il faut sans doute voir dans ce respect le souvenir pieux laissé par la personne de Joseph Laugier de Monblan, bienfaiteur de Maussane par ses dons pour la construction de l’église. De plus, le curé Vincent était déjà en service lors de la mort du seigneur (1775). Il avait veillé sur son corps jusqu’à sa mise en sépulture, à Arles.
24. « La Révolution dans les Alpilles » in Les Alpilles, op. cit., V. Autheman, p. 177-9.
25. L’arrêté consulaire du 17 frimaire an X rattachera Maussane au canton de Saint-Rémy.
26. « Les cinq pendus de l’Escampadou », geneprovence.com.
27. Les Baux et Castillon, op. cit., p. 231-325.
28. « L’assassinat d’un patriote », geneprovence.com.
29. « Comment le choléra est entré à Maussane en 1865 », geneprovence.com.

 

En octobre 2009, j’ai écrit pour l’encyclopédie Wikipédia cet article sur l’histoire de Maussane-les-Alpilles. Ce texte, ainsi que ses illustrations ont été placés sous licence Creative Commons 3.0.

L’article Histoire de Maussane-les-Alpilles est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/histoire-de-maussane-les-alpilles/feed/ 0
Assassinat de deux citoyens (Gémenos, 6 février 1800) https://www.geneprovence.com/assassinat-de-deux-citoyens-gemenos-6-fevrier-1800/ https://www.geneprovence.com/assassinat-de-deux-citoyens-gemenos-6-fevrier-1800/#respond Wed, 26 Aug 2009 01:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=559 [caption id="attachment_6529" align="alignright" width="300"] Caricature de sans-culotte,par James Gillray, Londres, 1797.

L’article Assassinat de deux citoyens (Gémenos, 6 février 1800) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

Caricature de sans-culotte, par James Gillray, Londres, 1797. DP.
Caricature de sans-culotte,
par James Gillray, Londres, 1797. DP.
« L’an huit de la République française une et indivisible, le 18 pluviose [1], à 10 heures du matin, nous François Tremellat, juge de paix, officier de police judiciaire du canton de Roquevaire, sur l’avis qui nous a été donné par le citoyen Barthélemy, agent municipal de la commune de Gémenos, par sa lettre en date du jour d’hier, reçu ce matin, qu’il s’était commis deux assassinats sur la personne des citoyens Gilbert Bourlet et Quérel de Marseille, ledit jour d’hier devant la porte de la maison de campagne (ci-devant château de Clapier), que ledit Bourlet habitait, sise dans le terroir de Gémenos, quartier de Saint-Jean-de-Garguier.
Ayant requis une escorte militaire, nous nous sommes transporté sous ladite escorte et de celle de gendarmes de la résidence dudit Roquevaire, en ladite maison de campagne, sise au susdit quartier, terroir de Gémenos, où, étant, nous avons trouvé ladite maison gardée par des militaires en cantonnement audit Gémenos, et deux cadavres masculins gisant par terre, l’un étant à la distance d’environ 40 pas du mur de clôture de la basse-cour de ladite maison, entre deux oliviers dont ayant trois pieds, couché d’échine dans une allée ou oulière [2], la tête au nord à un pas du petit viol [3], couvert d’une casaque calmour vert [4], habit national, culotte velours olive, gilet rouge, bas de laine, sans soulier, un mouchoir blanc sur son visage et les deux mains teintes de sang avec un blessure à chaque ;
L’autre cadavre se trouvant à six pans dudit mur du côté gauche du grand chemin, conduisant à icelui, couché d’échine, la tête au couchant, un chapeau couvert de toile cirée noire sur son visage, habits bleus, boutons de l’étoffe culotte drap jaune, les bas de fil ris, mauvais souliers, les mains ensanglantés et un mouchoir blanc sur sa tête, ayant une chemise blanche ainsi que l’autre.
Nous avons vu arriver à l’instant les citoyens agent et adjoint municipaux de Gémenos, le citoyen Jayne, officier de santé dudit lieu, et le citoyen commandant de la place d’Aubagne, suivis d’une escorte de militaires et, après leur arrivée et en présence, nous avons requis les officiers de faire à l’instant la visite desdits cadavres, à quoi procédant il a été remarqué que le premier cadavre a été percé d’un coup de bâle [5] qui a traversé son corps, à la partie supérieure des côtes, que son bras droit avait reçu un coup d’arme à feu qui lui a fracassé la carpe [6], qu’un autre coup d’arme à feu a fracassé la métacarpe [7] en entier et le doigt index de la main gauche ;
Que le second cadavre a eu le bras droit fracassé par un coup d’arme à feu qui a passé à la partie gauche d’icelui, cinq coups de stilet [8] à la partie inférieure de la clavicule, cinq coups d’instruments tranchants au côté droit et un coup de bâle qui a passé à la partie inférieure de l’omoplate à la partie gauche et à la partie intérieure des côtes et un coup de bâle qui a passé en long des fausses côtes, desquelles déclarations il résulte que lesdits Gilbert Bou[r]let et Quérel, dont le prénom est Pierre, le premier de l’âge d’environ 45 ans, originaire d’Auvergne, fermier de la susdite maison et domaine, y demeurant, et le second de l’âge d’environ 46 ans, exerçant la profession de doreur, domicilié dans la commune de Marseille, rue Cinsignatus [9], ayant été reconnu pour tel, sont morts de mort violente et qu’ils ont été tués par des armes à feu et des fers tranchants.
En conséquence, et attendu que la cause de leur mort est connue et que toute autre recherche à cet égard serait inutile, nous avons déclaré que rien ne s’opposait à ce que lesdits corps ne fussent inhumés suivant les formes ordinaires, et nous sommes soussignés avec notre greffier. »

[1] 7 février 1800.
[2] Provençal ouliero, « allée d’oliviers ».
[3] Provençal viòu, « sentier ».
[4] Calmour : étoffe de laine.
[5] Une balle d’arme à feu.
[6] Le poignet.
[7] Le dessus de la main.
[8] Poignard à lame fine laissant des blessures quasi invisibles hormis le sang qui s’en échappe.
[9] Rue Cincinnatus : nom révolutionnaire donné à la rue Paradis.

  • Registre d’état-civil de Gémenos
  • Texte signalé par Géraldine Surian

 

L’article Assassinat de deux citoyens (Gémenos, 6 février 1800) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>
https://www.geneprovence.com/assassinat-de-deux-citoyens-gemenos-6-fevrier-1800/feed/ 0
L’assassinat d’un patriote (Maussane-les-Alpilles, 13 mars 1800) https://www.geneprovence.com/lassassinat-dun-patriote-maussane-les-alpilles-13-mars-1800/ https://www.geneprovence.com/lassassinat-dun-patriote-maussane-les-alpilles-13-mars-1800/#respond Sat, 18 Apr 2009 00:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=637 Registre d'état-civil de Maussane« Aujourd'hui 22 ventôse an 8 de la République française, à deux heures de l'après midy, a comparu devant nous, juge de paix, officier de police judiciaire du canton de Maussane, Marguerite Cornille, fille majeure de Claude Cornille, cultivateur de cette commune de Maussane, qui nous a déclaré avoir trouvé ce matin, à 6 heures, dans le

L’article L’assassinat d’un patriote (Maussane-les-Alpilles, 13 mars 1800) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]>

malost04_Jean-Joseph_Benjamin-Constants_style_depicting_a_man_d_2f2679e4-ded7-40b3-9bdc-39f6a63baf98

« Aujourd’hui 22 ventôse an 8 de la République française, à deux heures de l’après midy, a comparu devant nous, juge de paix, officier de police judiciaire du canton de Maussane, Marguerite Cornille, fille majeure de Claude Cornille, cultivateur de cette commune de Maussane, qui nous a déclaré avoir trouvé ce matin, à 6 heures, dans le vallon de Valoste, situé dans cette dite commune et dans des buis, un homme mort ayant la tête couverte de sang.
Enquise de signer, a dit ne savoir signer.
Et nousdit, juge de paix officier de police judiciaire du canton de Maussane, d’après la connaissance qui nous a été donnée, considérant que la mort dont s’agit peut être regardée comme suspecte, nous nous serions rendu de suite avec notre greffier pour la constater dans ledit vallon de Valoste, dans cete commune de Maussane, où, étant, nous aurions fait vérifier le cadavre par le citoyen Pecoul [1], officier de santé de cette dite commune, lequel nous aurait rapporté avoir reconnu sur iceluy différentes blessures à la tête, ayant les os pariétaux coupés en travers, différentes autres blessures aux bras et dans les mains qui nous ont paru toutes avoir été faites avec [un] instrument tranchant comme [un] sabre et autres, étant mort desdites blessures, et a signé Pecoul, officier de santé.
[PECOUL]
Et, faisant la description dudit cadavre, nousdit juge de paix, dison qu’il est celuy d’un homme âgé d’environ 30 ans, taille 5 pieds, 2 pouces [2], bouche grande, nez court, visage assez plein, couvert d’un habit d’uniforme bleu, bas de laine blanc ayant des guêtres de toile grise par-dessus, des souliers aux pieds et un chapeau à son côté où il se trouve une cocarde nationale, ayant toute la tête ensanglantée, ayant vu à environ 25 pas [3] dudit cadavre un gros tas de sang qui était en partie couvert par des buis coupés et placés en pressement.
Toutes lesquelles circonstances recueillies, nous n’avons pu trouver personne qui ait pu reconnaître ce cadavre, ny la nature de son délit.
Nousdit, juge de paix, disons que rien n’empêche que ce cadavre susmentionné soit inhumé dès à présent et sera le présent procès-verbal sans délay présenté à l’officier public de la commune de Maussane, pour être transcrit dans les registres, en conformité de la loy.
Fait et dressé le présent procès-verbal sur les lieux, le jour et an que que devant pour être intercalé dans les registres dudit officier public et nous nous sommes soussigné.
D’après la lecture de ce procès-verbal qu’André Sautel et Gaspard Bartagnon ont déclaré être conforme à la vérité et la représentation qui m’a été faite du cadavre, j’ay rédigé en vertu des pouvoirs qui me sont délégués le présent acte que Jean Benson, juge de paix, André Sautel et Gaspard Bartagnon ont signé avec moy.
Fait à la maison commune, le jour et an que devant. »
  • Registre d’état-civil de Maussane-les-Alpilles.

[1] Il s’agit selon toute vraisemblance de François Pierre Pecoul, officier de santé et chirurgien de l’hôpital civil de Maussane. Son fils, Esprit Florent Agricol Pecoul, était aussi officier de santé.
[2] Environ 1, 68 m.
[3] Moins de 20 mètres.

 

L’article L’assassinat d’un patriote (Maussane-les-Alpilles, 13 mars 1800) est apparu en premier sur GénéProvence.

]]> https://www.geneprovence.com/lassassinat-dun-patriote-maussane-les-alpilles-13-mars-1800/feed/ 0