Une femme broyée par une charrette (La Seyne-sur-Mer, 7 janvier 1895)

Alors que l’hiver 1894-1895 fut extrêmement froid en Provence, alternant neige et gel durant des semaines, c’est précisément cette vague glaciale qui fut à l’origine d’un horrible accident survenu à La Seyne-sur-Mer (Var) le 7 janvier 1895.
La victime, Mme Grimaud, était une femme de 67 ans. Bien connue dans la Seyne, elle exerçait la profession de vendeuse ambulante de recuite et, depuis plus de 30 ans, criait les jours de marché : “A la bouano brousse !”

Mais voici comment arriva son malheur :

Une vendeuse des rues en Provence. DR.

Une vendeuse des rues en Provence. DR.

Alors que Mme Grimaud se trouvait dans la rue à vendre ses marchandises, une charrette survint, conduite par le garçon livreur d’un négociant. Celle-ci, chargée de barriques d’huile d’un poids d’environ trois tonnes, s’approchait de Mme Grimaud et c’est naturellement que son chauffeur, comme il était de coutume, donna les avertissements d’usage en priant les piétons de redoubler de prudence à son passage.
Mais le trottoir était recouvert d’une couche de glace et, lorsque Mme Grimaud voulut se garer sur le trottoir, elle glissa et sa jambe se retrouva compressée entre l’étau de la roue de la charrette et la bordure en pierre du trottoir.
Aussitôt elle poussa d’affreux cris de douleur, bientôt imitée par tous les témoins de la scène qui remarquèrent rapidement que la jambe était broyée, sanguinolentes, et que les chairs étaient comme hachées.
On transporta immédiatement la pauvre femme qui défaillait dans une habitation à proximité des lieux du drame où elle reçut les premiers soins du docteur Loro qui lui appliqua un pansement.
Peu après, une voiture vint la conduire chez elle au quartier Brégaillon, dans sa maison. Son médecin de famille, le docteur Daniel, appelé en urgence, tenta en vain d’opérer la suture de la plaie. En effet, l’émiettement du tibia, dans sa partie brisée, rendait l’opération quasiment impossible.
Nous ne savons hélas pas le devenir de cette pauvre femme bien courageuse. Fut-elle amputée de la jambe ? Mourut-elle des suites de ses blessures ?
Nous serons bien entendu très reconnaissants d’apprendre ce qu’il advint de l’infortunée Mme Grimaud.
  • D’après Le Petit Var, 9 janvier 1895.