Honorat-Jean-Baptiste Juglar (1868-1940), missionnaire

Honorat-Jean-Baptiste Juglar est né le 16 janvier 1868 à Saint-André-les-Alpes dans les Alpes-de-Haute-Provence. C’est le fils de Joseph Juglar et de Marie Philipine Honorat.
En 1888, il est dispensé du service militaire comme élève au grand séminaire de Digne.
Saint-André-les-Alpes (Basses-Alpes), lieu de naissance de Juglar. DR.

Saint-André-les-Alpes (Basses-Alpes), lieu de naissance de Juglar. DR.

Tonsuré, il rejoint le séminaire des Missions Étrangères de Paris le 20 avril 1889*.
Il devient sous-diacre le 24 juin 1890 et entre dans les ordres majeurs.
Ordonné prêtre le 21 février 1891, il se rend à Marseille où il embarque à bord de L’Oxus, le dimanche 19 mars, afin de rejoindre la mission du Siam, ancien nom de la Thaïlande.
Après l’étude de la langue, il est chargé de la paroisse de Bangphasoi, sous la direction du Père Guégo. Les conditions sont précaires, l’église est petite, construite en bambou et recouverte d’une mince couche de chaux.
De 1897 à 1898, il est vicaire du Père Dessalles au Calvaire, à Bangkok, chargé spécialement des chrétiens de Pak-Lat.
En 1898, il devient vicaire du Père Cuaz à Chanthaburi. Avec ses petites succursales, cette paroisse compte près de quatre mille fidèles. Le Père Juglar est chargé du poste de Paknam. Il est nommé curé par intérim, de septembre à décembre 1899, lorsque le Père Cuaz est promu évêque.
De 1900 à 1903, il est curé de Pakhlong Talat. Là, il s’occupe de l’instruction des chrétiens et des catéchumènes ainsi que de l’entretien des orphelins élevés dans l’orphelinat bâti quelques années auparavant par un de ces prédécesseurs, le Père Gennevoise.
Chargé de cette chrétienté de fondation récente, il se rappellera quelques années plus tard la tristesse du début de son séjour, les fidèles tièdes et peu nombreux, et ses efforts longtemps stériles.
Nommé curé de Thakien en 1903, il remplace le Père Voisin en poste depuis 23 ans, vaincu par les événements et une fièvre pernicieuse.
Il retrouve son ancien poste de Paklong Talat en 1907. À force de privations et de patients efforts, dans un poste pauvre, ayant peu de ressources, il achève la restauration de l’église dédiée à Notre-Dame de Lourdes.
Mais il souffre de voir stagner le nombre de ses chrétiens. En 1911, il écrit :
« Si mes fidèles n’ont point augmenté en nombre, du moins ils se pénètrent davantage de l’esprit chrétien. L’assistance à la messe du dimanche est plus nombreuse et j’ai un bon noyau de jeunes gens bien instruits qui se confessent et communient souvent. »
Prêtres européens et thaïlandais à une cérémonie religieuse en Thaïlande. DR.

Prêtres européens et thaïlandais à une cérémonie religieuse en Thaïlande. DR.

En 1919, il déplore les ravages que le jeu et l’inconduite font parmi ses chrétiens. Il n’arrive pas à enrayer l’effet néfaste que le voisinage des païens et leur mauvais exemple produisent sur ses paroissiens.
Deux ans plus tard, il est plus optimiste ; il note que le nombre des chrétiens a doublé tout au long des 16 dernières années, passant de 200 en 1905 à 400 en 1921. Il écrit :
« Aujourd’hui, le poste semble prendre un renouveau de vie chrétienne. Plus nombreux aux offices du dimanche, les fidèles reçoivent plus abondamment la nourriture de l’âme. L’école est encore négligée. Cela vient des anciens chrétiens qui furent baptisés à l’époque où Pakhlong n’avait encore ni église ni maison pour le Père. Obligés alors d’aller au loin parfaire leur instruction et remplir leurs devoirs religieux, ils ne paraissent point, à l’heure actuelle, assez convaincus de la nécessité de donner à leurs enfants une instruction religieuse approfondie. Les nouvelles générations comprendront mieux leur devoir. »
En 1924, après 33 ans de mission, il fait un voyage en France. Ses confrères notent qu’ayant quitté l’Europe depuis aussi longtemps il trouvera sans doute bien du changement. Et ils lui souhaitent que l’air du pays natal lui rende de nouvelles forces, afin qu’il puisse revenir et travailler avec un nouvel entrain au bien des âmes.
Mais, revenu malade, ce sera pour lui un retour définitif ; il entre au sanatorium Saint-Raphaël de Montbeton créé quelque 30 ans plus tôt par la Société des Missions Étrangères pour ses missionnaires fatigués. C’est là qu’il décède le 28 janvier 1940, à l’âge de 78 ans, après 50 ans de sacerdoce.
Fin lettré, on lui doit quelques articles écrit pour le Bulletin des missions étrangères ou les Annales des missions étrangères :
  • Siam : « La Conversion d’un talapoin en 1865 », Annale des missions étrangères, 1912.
  • « Histoire de Phrang le chasseur », Bulletin des missions étrangères, 1912
  • « Les Siamois : Notes ethnographiques », Bulletin des missions étrangères, 1923
© Marcel Sarrazin,

Sources

* Cet article a été rédigé grâce aux informations concernant Honorat-Jean-Baptiste Juglar présentées sur le site des Archives des Missions Etrangères de Paris : http://archives.mepasie.org.