La ville est inondée (Marseille, 11 octobre 1863)

Un orage épouvantable, pendant lequel on n’avait cessé d’entendre le grondement du tonnerre, mêlé au bruit du vent, de la pluie et de la grêle, éclata sur Marseille le 11 octobre 1863. On ne se souvenait pas d’avoir assisté à un pareil bouleversement. La mer mêlait à cette lutte des éléments des mugissements affreux et les vagues se brisaient avec un bruit semblable à celui du canon contre les rochers.
Dans la ville, la plupart des rues étaient changées en véritables torrents. La rue Noailles, la Canebière, le cours Belzunce, la rue Paradis, la rue Saint-Ferréol et la rue Breteuil coulaient à pleins bords. L’escalier qui conduit à Notre-Dame-de-la-Garde roulait des pierres entraînées par l’eau qui tombait en cascade. Il était impossible d’énumérer le nombre de caves et de magasins inondés. Dans la rue Breteuil, des soldats et des employés durent, pendant plusieurs heures, vider les basses-offices. Au cours Lieutaud, les maisons se trouvèrent littéralement inondées. Les pompiers vinrent même au secours des habitants dans deux de ces maisons et sauvèrent un homme et une femme sur le point de disparaître dans les eaux.

Dégâts matériels

La foudre tomba sur les maisons 16 et 18 du boulevard Fort-Notre-Dame-de-la-Garde. Elle enleva une partie de la toiture et renversa des cheminées, sans pénétrer à l’intérieur. Au quartier Saint-Lambert, trois maisons s’écroulèrent. Les habitants eurent à peine le temps de se sauver à moitié vêtus. Dans la rue Saint-Arnaud, deux maisons en construction s’écroulèrent aussi. À Endoume, quatre cabanons éprouvèrent le même sort.
Entre Gibbes et le Canet, trois maisons s’écroulèrent également, deux chevaux et des chèvres furent tués. Au quartier d’Arène, un aqueduc s’étant obstrué, l’eau reflua dans les fabriques et les ateliers. Un marchand de cochons vit entraîner, par le courant, plusieurs de ces animaux. Une écurie s’écroula au boulevard d’Orléans et écrasa un cheval. L’eau fit irruption dans un atelier de mécanicien au-dessous du cimetière Saint-Charles, et emporta plusieurs tonnes de charbon. Nous n’énumérerons pas les pans de murs emportés dans la campagne. On signala plusieurs accidents au Roucas-Blanc, au Vallon-de-l’Oriol, au quartier de Bon Secours, etc., sans compter les dégâts causés par les eaux, qui entraînèrent ou ensablèrent le terrain.
  • L’Annonciateur, 24 octobre 1863, p. 2, citant Le Nouvelliste de Marseille.

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