L’as­sas­si­nat du chif­fon­nier (Vo­lon­ne, 16 juin 1909)

Le 17 juin 1909, le cadavre d’un homme est découvert sur la rive gauche de la Durance sur le territoire de la commune de Volonne, près de Château-Arnoux-Saint-Auban. D’abord non identifié, le corps finit par être reconnu pour être celui d’un nommé Dusserre, chiffonnier de Sisteron, grâce à une prompte enquête de police. L’autopsie fait connaître que l’homme a subi un enfoncement de la boîte crânienne et une blessure sous l’œil gauche faite par un instrument tranchant.

volonne

Rapidement, un premier suspect attire l’attention de la police : un certain Marcel Blanc qui indique avoir passé l’après-midi de la veille avec la victime, avoir mangé avec elle puis l’avoir quittée à 22 heures. L’hôtelière donne pourtant un détail troublant : Dusserre portait sur lui d’importantes sommes d’argent qu’il a montrées à Blanc, sommes qui n’ont pas été retrouvées sur son cadavre.
Et la veille de ce jour-là, c’est avec deux hommes que Dusserre avait mangé : Blanc, déjà lui, mais aussi le cousin de celui-ci, un certain Antonin François Olive, dit Franzoni, deux hommes qui « marquaient tellement mal », aux dires de la tenancière, qu’elle refusa même de les servir. Le nommé Franzoni devient rapidement suspect à son tour, étant sans domicile fixe et ayant fait l’objet de trois condamnations pour vol.
La police arrache des aveux rapides à Marcel Blanc qui charge son cousin Franzoni. Celui-ci aurait repéré les sommes en possession de la victime. Alors, les deux hommes montent un traquenard : ils évoquent auprès de Dusserre l’opportunité d’aller cambrioler un poulailler à Volonne et demandent au chiffonnier de faire une fausse clé pour s’introduire aisément sur le lieu du vol. Dusserre accepte et les trois hommes prévoient de se retrouver le soir même à 22h30.
Alors qu’il fait nuit noire, les compères arrivent devant le poulailler. Blanc prend les clés de Dusserre et entreprend d’ouvrir la porte. Le chiffonnier, concentré sur les gestes de celui-ci, ne s’aperçoit pas que Franzoni s’est glissé derrière lui et, le saisissant au cou, se met à étrangler. Les versions des deux accusés divergent, cela va de soi, mais Franzoni semble être l’auteur des coups mortels. Une fois mort, l’homme est dépouillé de ses économies et son corps jeté à la Durance.
Ayant avoué l’un et l’autre, Blanc et Franzoni sont donc arrêtés le lendemain. Quelques semaines plus tard, ce dernier se voit inculpé d’une autre affaire de meurtre, celle d’un moissonneur ambulant dénommé Victor Seguin assassiné à Gap en 1905. Pour cette affaire, Franzoni avait fait trois mois de préventive mais avait été libéré, faute de preuves et d’aveux…
C’est l’affaire Dusserre, en 1909, qui provoquera la perte de cet assassin récidiviste.