Le 8 août 1839, les gens qui passaient dans la rue Bellegarde, actuelle rue Mignet, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), furent témoins d’un accident terrible. Une lourde charrette traversait la rue au moment où passait la petite Baptistine Élisabeth Genty, 3 ans à peine, qui déambulait seule dans la rue, sans la garde de ses parents.
La petite fille fut broyée sous les roues de l’imposant véhicule, la laissant dans un état désespéré. La police, appelée sur place, prit le nom du charretier, un certain Henri Nard, de Peyrolles, qui conduisait la charrette, l’informant qu’il aurait à répondre devant les tribunaux de son manque de prudence, mais le mal était fait.
L’enfant fut transportée au domicile de ses parents, au numéro 29 de la rue, où se trouvait semble-t-il sa mère, Marie-Anne Joséphine Tempier. Le père, Jean-Baptiste Marius Genty, maçon de profession, était au travail.
Le conducteur de la charrette, M. Nard, s’était empressé de proposer toute son aide à la famille Genty et même de l’argent dans l’espoir de réparer quelque peu ses torts. À cette proposition, le père de la fillette répondit : « L’argent que vous me donneriez ne me rendrait pas mon enfant. Je ne veux pas vous vendre sa mémoire. »
On ne peut qu’être surpris de voir cet enfant errer dans les rues de la ville sans surveillance. Et pourtant, cela était coutumier à cette époque dans les rues des grandes villes de Provence. Pour éviter les dangers auxquels les enfants pouvaient se trouver exposés lorsqu’ils étaient seuls dans les rues, la ville d’Aix avait prévu une salle d’asile ouverte au début du XIXe siècle. Cet établissement charitable recevait de nombreux enfants tous les jours et faisait office de crèche municipale. Pour une somme très modeste et à la portée de chaque budget, les enfants ne couraient pas les risques d’accident auxquels étaient exposés les autres bambins qui déambulaient sans le regard de leurs parents.
Un autre cas d’enfant mort par manque de surveillance à la même époque à Aix est présenté à la page : Un enfant livré à lui-même (Aix-en-Provence, 10 juin 1839).
- Sources : Le Mémorial d’Aix, 10 août 1839, p. 3 ; ibid., 24 août 1834, p. 3.