Un enfant livré à lui-même (Aix-en-Provence, 10 juin 1839)

Le jeune Antoine-Louis Bernard, âgé de 4 ans, errait dans les rues d’Aix-en-Provence ce 10 juin 1839, laissé sans surveillance par son père, François-André Bernard, journalier domicilié au numéro 6 de la rue du Boulevard-Saint-Jean. Celui-ci avait dû s’absenter car on lui avait offert la possibilité de travailler quelques jours dans une usine de la ville.
Aussi le jeune enfant arpentait-il les rues d’Aix, attiré par tout ce qui pouvait intéresser un enfant.
Il était environ 14 heures quand il passa à proximité de l’auberge de la veuve Ducros, au numéro 6 du cours Sainte-Anne et, s’approchant un peu trop de la cavité qui menait à l’égout, il tomba soudain, emporté par son poids, sans pouvoir se raccrocher à quoi que ce soit.
Il ne cria même pas. Ce ne fut qu’au bout d’un long moment qu’un passant remarqua la forme inerte de l’enfant qui flottait dans l’eau. Il s’empressa de prévenir deux agents de police en faction tout près, Joseph Granier et Eustache Guitton, qui s’empressèrent d’aller repêcher le petit corps. Antoine-Louis Bernard avait cessé de vivre.
Des curieux s’émurent de la mort de l’enfant. À Aix, depuis quelques mois déjà, une salle d’asile avait été ouverte et permettait d’accueillir pour une somme très modeste et même gratuitement les enfants des ouvriers et des pauvres cultivateurs qui pouvaient alors se livrer à leurs travaux journaliers sans crainte d’un accident de leur progéniture. De plus, outre tous les soins matériels, les enfants recevaient là enseignement et éducation morale.
Quand M. Bernard revint de son travail, à la tombée de la nuit, on lui annonça la triste nouvelle.
  • Sources : Le Mémorial d’Aix, 13 juin 1839, p. 2.
  • Registre d’état civil de la ville d’Aix-en-Provence, année 1839, acte no 344, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 202 E 370.

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