Pierre Eyraud, dit Page, était cultivateur à Saint-Bonnet-en-Champsaur, dans les Hautes-Alpes. Le 26 mars 1850, il se prit de querelle avec Vincent Eyraud1, dit Combat et il se posta en embuscade à quelque distance du café Lesdiguières où celui-ci avait ses habitudes.
C’était le soir et la nuit venait de tomber. Pierre prit un pavé et attendit patiemment celui qui était destiné à être sa victime.
Finalement Vincent sortit et il titubait légèrement. Après tout, il n’avait pas une longue route jusqu’à Villard-Trottier, le hameau où il habitait, tout au plus sept à huit cents mètres.
Alors qu’il venait de sortir de café, Pierre leva le bras et envoya de toutes ses forces le pavé qu’il tenait. Il atteint violemment le visage de Vincent qui tomba KO au sol.
Bien entendu, l’affaire se termina au tribunal et, dans son audience du 13 juin 1850, ce fut devant la Cour d’assises que l’on retrouva les deux hommes.
L’audience fut animée mais l’avocat de l’accusé, Maître Liotard, se borna à quelques observations car il se rendit compte que son client n’encourra pas une peine bien lourde. En effet, on parvint à établir aisément que Vincent Eyraud, la victime, était ivre au moment de son agression mais surtout que Pierre Eyraud, l’agresseur, l’était tout autant car lui était sorti du café peu avant. C’est d’ailleurs dans le café que la dispute avait éclaté.
Il fut dit que Pierre Eyraud n’était pas un homme bien dangereux, qu’il avait répondu à la provocation, etc.
Finalement, il fut acquitté et rentra le soir même à son domicile.
- Sources : L’Annonciateur, 20 juin 1850, no 125, p. 1.
1. On trouve trace de ce Vincent Eyraud dans le registre d’état civil de Bénévent-et-Charbillac, commune limitrophe de Saint-Bonnet, quelques mois avant cet épisode. Le 31 mai 1849, il y prend en effet une épouse en la personne de Marie Ollivier, du hameau des Pelloux. Vincent est né au Villard-Trottier, le 7 novembre 1808.