Alors qu’il se trouvait aux alentours de l’étang de Palunlongue, au quartier du Pont de Rousty, marais partiellement asséché aujourd’hui, le regard de Louis Bouchet, garde-marais d’Arles, fut soudain attiré par une forme familière sur la berge. C’était le cadavre d’un homme.
À voir le corps si endommagé, il estima qu’il avait passé au moins un mois dans l’eau.
On avisa le juge de paix qui vint faire les constatations d’usage.
L’homme paraissait âgé d’une cinquantaine d’années et mesurait 1m70. Il avait les cheveux longs et encore noirs pour son âge, en dépit de quelques poils blanchis. Il semblait être entretenu. Une moustache et une barbichette donnait du caractère à ce visage. Ses yeux étaient bleus, son nez large au niveau des narines et son front était bombé et son visage ovale.
En revanche, il possédait une dentition usée, assez complète au maxillaire supérieur mais très disparate au maxillaire inférieur. Ses dents étaient jaunies ce qui témoignait chez cet inconnu d’une consommation régulière de tabac.
Au niveau vestimentaire, on nota qu’il portait une chemise en indienne rayée bleu et blanc, veste de drap marron, un gilet de drap noir et un pantalon de drap bleu. Il ne portait pas de cravate, ni de chaussette et il ne lui restait qu’une chaussure, celle qu’occupait le pied droit, un brodequin en mauvais état tenu par un élastique.
Enfin, il portait encore un chapeau noir en feutre dont la caisse était trouée et un cache-nez en laine tricoté de couleur noir et violet.
N’ayant pu identifier ce pauvre homme qui s’était noyé, on lui offrit une sépulture anonyme.
- Source : L’Homme de bronze, no 16, 15 février 1880, p. 2.
- Registre d’état civil de la ville d’Arles, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, année 1880, 203 E 1230.