Les funérailles de Vernègues (13 juin 1909)

Restes de Vernègues après le tremblement de terre. (Cliché Astier. DR.)
Restes de Vernègues après le tremblement de terre.
(Cliché Astier. DR.)

« En arrivant aux pieds de ce pauvre village, le visiteur dit tout d’abord : “Voilà ce qui fut le Vernègues !” Ce qui reste debout, en effet, comprend deux ou trois maisons (et combien endommagées !), puis la mairie qui, par une chance inexplicable, a pu résister à la violence de la secousse. Perché sur un immense rocher, le vieux château et le rocher s’effondrèrent sur les maisons pour démolir de fond en comble celles que le cataclysme avait laissées, non point intactes, mais dans un état beaucoup moins terrifiant. De l’église, il ne reste plus qu’un pan de mur que les soldats du génie ont dû abattre.
Vernègues n’a eu à enregistrer que deux morts, malgré la furie du cataclysme, mais c’est bien par miracle. Le fils du garde de la commune fut projeté hors de son lit dans un terrain situé en contrebas de 15 mètres et il put se relever sans la moindre blessure. D’autre part, neuf ouvriers italiens habitant dans une maison se trouvant sur le chemin de l’église furent ensevelis sous leur toit. Ils se dégagèrent d’eux-mêmes, bien que l’immeuble où ils habitaient se trouvât dans un endroit pitoyable, et aucun d’eux n’avait reçu la moindre blessure. Cela tient du miracle !

Le centre du village a reçu les blocs de l’immense rocher supportant le vieux château, causant des dégâts monstrueux. (Cliché Ruat. DR.)
Le centre du village a reçu les blocs de l’immense rocher supportant le vieux château, causant des dégâts monstrueux.
(Cliché Ruat. DR.)

Les deux victimes sont Mme veuve Bélon, mère du dévoué maire de Vernègues, et M. Louis Michel. Leurs obsèques furent célébrées le dimanche 13 juin, au milieu d’un grand nombre de personnes venues des environs. Le Conseil municipal d’Alleins, avec son drap mortuaire, et toute la population de cette commune avaient eu à coeur de se rendre au Vernègues. Dans le cortège, on remarquait, en outre, le juge de paix d’Eyguières et diverses autres notabilités.

Après l’absoute, M. l’abbé Agard prononça une très émouvante allocution. Au cimetière, deux autres discours furent dits par M. Terrin, maire d’Alleins, et par M. Tuaire, conseiller d’arrondissement, au nom du gouvernement.
On se plaît à reconnaître que M. Bélon, maire, et ses collaborateurs du Conseil municipal, firent tous preuve, au cours de ces tristes jours, d’un dévouement au-dessus de tout éloge. »

[anonyme]

 

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