L’exécution d’un assassin (Beaucaire, 10 mai 1851)

La Gazette du bas-Languedoc évoque en mai 1851 l’exécution à Beaucaire (Gard) d’un nommé Étienne Desbois, condamné pour meurtre sur la personne d’un agent de police du nom de Baudin. Voici le compte rendu qui est alors fait de cette exécution :
« Le convoi, parti de Nîmes à 6 heures, est arrivé à 6 heures 3/4 à Beaucaire. Desbois a été déposé à l’Hôtel-de-Ville, où il devait subir les préparatifs de l’exécution ; pendant qu’on procédait à la fatale toilette, il a affirmé, en présence de M. le commissaire et de toutes les personnes qui l’entouraient, que le nommé Roland, qu’il avait autrefois inculpé d’être son complice, était parfaitement innocent, qu’il avait été poussé à le faire par la déposition de cet individu, qu’il trouvait trop chargée. Il déclare que ses vrais complices sont ceux qui lui ont suggéré de mauvais conseils et qui lui ont fourni les moyens de perpétrer son crime.
© Eric Isselée – Fotolia.com
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L’heure suprême avait sonné. Desbois s’est mis en marche d’un pas ferme, refusant absolument les secours des exécuteurs qui voulaient le soutenir. Arrivé sur l’échafaud, le patient a demandé à adresser quelques mots à la foule compacte qui se pressait autour de l’instrument de son supplice et qui était venue de toutes les localités voisines. S’approchant donc vers la rampe, il a prononcé, d’ une voix forte et bien accentuée, les paroles qui suivent :
« Jeunes gens, j’ai été mal inspiré ; ce sont des mauvais conseils qui m’ont conduit à l’échafaud ! N’écoutez point ceux qui, sous prétexte de républicanisme, se font les prédicateurs des doctrines démagogiques, et n’ont d’autre but que de précipiter la société dans toute sorte de malheurs ; soyez unis, mais pour le Lien et pour le plus grand bien ! »
Après ces paroles qui, comme on le pense bien, ont profondément impressionné la foule, Desbois a reçu les derniers adieux de son confesseur et un gage bien précieux de sa réconciliation avec Dieu. Il s’est remis aux mains des exécuteurs. Une minute après, il avait expié son crime ; la justice humaine était satisfaite et les bons sentiments avec lesquels il a subi son supplice font espérer qu’il trouvera grâce au tribunal de Dieu.

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