L’hôtel des Suffrens (Salon-de-Provence)

hotel-suffren-1Cet hôtel particulier se trouve dans le vieux Salon, à proximité de l’Hôtel de Ville. Sa façade est longée par la rue du Bourg-Neuf, qui relie la vieille ville au cours du centre ville par une vieille porte de rempart. Son histoire est liée à celle d’une vieille famille salonaise, présente dans cette cité depuis le milieu du XVe siècle : les Suffren. L’immeuble fut en effet construit pour un membre de cette famille, qui le fit édifier au milieu du XVIIIe siècle.
Au début du XVIIe siècle, la famille des Suffren se divise en deux branches. Deux fils d’Antoine de Suffren, conseiller au Parlement de Provence en 1568, sont à l’origine de cette séparation. Palamède, qui succède à la charge de son père au Parlement en 1600, et Jean-Baptiste, avocat à la cour du même Parlement. En 1612, les deux frères deviennent copropriétaires de la seigneurie d’Aubes, un quartier rural de Salon. Plus tard, en 1723, la seigneurie est séparée de la communauté de Salon par un acte du Conseil d’Etat du Roi du 26 juillet 1723, et prend alors le nom de communauté de Richebois1. Elle restera entre les mains de la branche dite des seigneurs de Saint-Tropez marquis de Saint-Cannat, issue de Jean-Baptiste de Suffren, jusqu’à la Révolution. Le membre le plus connu de de cette partie de la famille est sans nul doute le célèbre Bailli, Pierre André de Suffren (Saint-Cannat, 1729-Paris, 1788).

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L’autre branche de la famille, que l’on appelle « branche de Salon » ou « branche aînée »2, a pour origine Palamède de Suffren. C’est son arrière-arrière-petit-fils, Laurent de Suffren, un cousin au quatrième degrès du Bailli, qui construisit cette demeure entre 1748 et 1749. La maison est mentionnée dans le cadastre de Salon de 17243. Laurent, qui fut plusieurs fois premier consul de Salon entre 1738 et 17804, possédait en 1749 une maison avec basse-cour à la rue de la porte de Bourgneuf. L’hôtel confrontait du levant5 le sieur César Astre et le sieur Charles de Perrinet, notaire. Il l’avait fait construire à partir d’un ensemble de biens6 qu’il avait acquis du sieur Jean-Baptiste de Codolet7, par acte notarié du 7 décembre 1748.
Pendant la Révolution, le fils de Laurent, François-Palamède8, émigra. Toutes ses possessions salonaises furent vendues comme biens nationaux. En 1794, Thérèse-Apolinaire, dite Apolonie, et Perpétue-Colombe, dite Colombe, rachetèrent la plupart des propriétés de leur frère François-Palamède9. Contrairement aux biens de la branche de Salon, au cours de cette période, ceux de la branche du Bailli de Suffren échappèrent à cette partie de la famille. Le domaine de Richebois fut vendu en neuf lots à divers particuliers10. L’hôtel de la rue Bourg-Neuf, qui appartenait toujours à Laurent, ne fut pas vendu comme bien national.
hotel-suffren-2Ce n’est qu’après le décès de son père, le 22 floréal de l’an VII de la République11, que François-Palamède entra en possession de la demeure familiale. Il y décéda le 27 août 182412. Son fils, Jean-Baptiste-François-Auguste, qui fut le premier à porter le titre de marquis de Suffren, hérita à son tour de l’hôtel familial, où il vécut jusqu’à la fin de sa vie13. Après son décès en 1846, il fut inhumé dans le cimetière Saint-Roch où l’on peut encore voir son tombeau.
L’hôtel des Suffren est resté dans la branche fondée par Palamède de Suffren, depuis sa construction au milieu du XVIIIe siècle jusqu’en 187114.
Guy Bonvicini
(Service des Archives de Salon)
  • Photographies : © Guy Bonvicini, 2015, avec son aimable autorisation

Notes

1 Baron du Roure »la généalogie de la maison de Suffren » dans les anciennes familles de Provence, 1908.
2 Louis Gimon, « Nobiliaire de la ville de Salon », extrait des « Chroniques salonaises » deuxième partie, Marseille 1866.
3 CC 255/5 ,folio 2605.
4 Louis Gimon, extrait des « Chroniques salonaises » deuxième partie, « Nobiliaire de la ville de Salon », Marseille 1866.
5 À l’Est.
6 Cet ensemble de biens était constitués par : une autre partie de maison, d’une estive, d’une seconde partie de maison, d’une maison en ruine, de deux maisons se joignant, et d’une place de maison.
7 Cadastre de 1724, CC 255/ 3, folio 2037.
8 Fils de Laurent de Suffren, que nous avons vu plus haut
9 Paul Moulin « La propriété foncière et la vente des biens nationaux à salon », 1906.
10 Dito.
11 Décès le 11 mai 1799 du citoyen Laurent Suffren, dans son domicile sis à la rue Saint-Michel (appelée aussi rue Porte Bourgneuf, voir cadastre de 1724, CC 255/2 folio 808,  » Lheraud Magdeleine propriétaire d’une partie de maison à la rue Saint-Michel ou porte Bourgneuf confrontant du levant le sieur Astres, du midi et couchant – à l’Ouest et au Sud – les rues »). Acte de décès N° 69 folio 28, registre II E 3. Nota: cette maison fait partie des six articles acquis par Laurent de Suffren en 1748.
12 Registre de l’état civil II E 16, acte N° 131.
13 Registre de l’état civil II E 25, acte N° 56.
14 Cadastre napoléonien, I G 6/6 folio 2481.

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