Pris sous un éboulement (Vars, 28 octobre 1892)

Paysage du val d'Escreins, vers 1960. DR.

Paysage du val d’Escreins, vers 1960. DR.

Le 28 octobre 1892, M. Eugène Dominique, ex-adjoint à Sainte-Catherine de Vars, était allé cueillir des feuilles mortes, dans le val d’Escreins (commune de Vars, Hautes-Alpes), accompagné de son domestique, un sujet italien nommé Jean Barra. Il avait avec lui ses deux mulets.

Vers 9 heures du matin, les deux hommes entendirent un bruit extrêmement puissant, semblable à un coup de canon. Ils relevèrent la tête, et aperçurent aussitôt un éboulement de rochers énormes se dirigeant vers eux dans un fracas épouvantable.
Dominique prit la fuite d’un côté et le domestique de l’autre. Ils avaient à peine fait quelques pas que l’éboulement les atteignit. Par un concours de circonstances providentiel, Dominique se trouva abrité par le tronc d’un pin énorme qui fit dévier les blocs, mais au même instant l’arbre se renversa et il se trouva pris sous les branches d’où il put, grâce à son énergie, se dégager tout meurtri et contusionné. Il appela aussitôt son domestique, mais n’obtint aucune réponse. Un malheur était à présumer.
Val d'Escreins. Extrait de la Carte de 1754 de Bourcet. DR.

Val d’Escreins. Extrait de la Carte de 1754 de Bourcet. DR.

En effet, Jean Barra se trouvait à une centaine de mètres plus bas, étendu sur le dos et ne donnant plus signe de vie. Le malheureux avait le bras gauche presque détaché du corps, sa tête n’était qu’une bouillie et son cerveau avait jailli sur les rochers environnants. Plus bas encore, Dominique aperçut un des mulets, renversé les jambes en l’air. Le pauvre animal avait été décapité au ras des épaules, la tête fut retrouvée une vingtaine de mètres plus loin. Au bruit de l’avalanche, l’autre mulet avait pris la fuite et avait seul échappé à la catastrophe, se trouvant sain et sauf.

L’état de Dominique n’était pas grave et celui-ci put rapidement reprendre ses activités. Quant à Barra, il fut inhumé à Vars le jour même de l’accident, qui mit en émoi tout le village.

  • Source : Le Petit Marseillais, 2 novembre 1892, p. 2.