[Provençal] Moun papet / Mon grand-père (partie 2)

E PAMENS, moun grand èro un barjacaire e ço que preferissié èro de counta de charradisso sus la casso. Alor, mau-grat li soucit de nosto vido, davans uno regalido, nautre, s’abeuravian à si paraulo : èro un pau noste Tartarin !
Dins soun jouine tèms, moun papet cassavo dins la Soucieta de Casso de Miramas quand, un jour, au vira de la draiolo, uno cagagno – oh ! tron de bon goi – uno cagagno l’agantè. Uno cagagno tant subito, qu’imprevisto… coume tóuti li cagagno. Parai ?
Cerquè un caire mounte pousquèsse s’agroumeli sènso risca d’èstre vist o d’èstre pres pèr un senglié. Pièi, se desbraiè un pau pèr caga. E caguè.
E dóu tèms que cagavo, cagavo, cagavo… Gueiravo davans éu, uno mousco que voulastrejavo… E que se pausè au sòu, entre si cambo.
Sènso lou crèire, noste cassaire que se capitavo dins uno pousicioun mal-eisado, tout en cagant,… Rasclè lou sòu… E ié destrauquè… uno rabasso. Uno bello rabasso… Au rode que venié tout bèu-just de fuma !!!
Moun papet fuguè longtèms un di mai vièi cassaire de la Soucieta de Casso dóu vilage. Mai, lou tèms passè, lou vieiounge fasié soun obro, e quand moun grand cassavo, fasié que permena soun fusiéu e soun chin !
Car avié croumpa un chin. Un superbe chin blanc e negre. Un espagnòu : Amos de la Clemènço. Un bèu chin, jouine, fièr coume Artaban e courrènt vite. Vite que noun sai !

epagneul

D’un brave age, moun papet, pecaire, fasié que de camina plan-planet sus li draiolo de la Soucieta de Casso de Miramas. E au chin…, i’agradavo pas ! Noun ! I’agradavo pas. Ço que i’agradavo lou mai, èro de sourti dóu tracanat.
E alor, touto la matinado, se poudié ausi dins la colo, lou papet emé sa grosso voues, que cridavo soun chin :
« Amos !… Amos !… Vèn aqui, Amos !… AMOOOOS !… »
E un jour :
« Dequé vos ? Dequé vos ? demandè un cassaire que sourtié de bartas.
— Te dise rèn à tu, rebequè moun grand.
— Vès, disès : Ramos, Ramos. Iéu vène. Me dison Ramos à iéu.
— Passas ! Passas voste camin ! Que vous ai proun vist ! Es pas tu qu’apèle. Es moun chin ! »
Capoun de pas disque ! Moun papet èro un gaiardas !
Martino Bautista

*

ET POURTANT mon papet était un bavard et ce qu’il préférait, c’était de raconter des histoires de chasse. Alors, malgré les soucis de notre vie, devant un feu de cheminée, nous autres, nous nous abreuvions de ses paroles : c’était un peu notre Tartarin !
Dans son jeune temps, mon papet chassait dans la Société de Chasse de Miramas quand, un jour, au tournant d’un chemin, une diarrhée – oh ! pétard ! une diarrhée le prit. Une cagagne aussi subite qu’imprévisible… comme toutes les cagagnes. Pas vrai ?
Il chercha un endroit où il pourrait s’accroupir sans risquer d’être vu ou d’être pris pour un sanglier. Puis il se débrailla un peu pour chier. Et chia. Et du temps qu’il chiait, chiait, chiait… il considéra devant lui, une mouche qui voletait… et qui se posa au sol, entre ses jambes.
Sans le croire, notre chasseur qui se trouvait dans une position inconfortable, tout en chiant… racla le sol… et y déterra… une truffe. Une belle truffe… à l’endroit même qu’il venait tout juste de fumer !!!
Mon papet fut pendant longtemps un des plus vieux chasseurs de la Société de Chasse du village. Mais, le temps passait, la vieillesse faisait son œuvre et quand mon grand-père chassait, il promenait son fusil et son chien ! Car il avait acheté un chien. Un superbe chien blanc et noir. Un épagneul ! Amos de la Clémence. Un beau chien, fier comme Artaban et courant vite. Très vite !

epagneul

D’un âge avancé, mon papet, peucheure, ne faisait que cheminer plan-plan sur les chemins de la Société de Chasse de Miramas. Et au chien… cela ne lui plaisait pas ! Non ! Cela ne lui plaisait pas. Ce qui lui plaisait le plus, c’était de sortir des sentiers battus. Aussi, toute la matinée, on pouvait entendre dans la colline le papet avec sa grosse voix qui appelait son chien :
« Amos !… Amos !… Viens ici, Amos !… AMOOOOS !… »
Et un jour :
« Que veux-tu ? Que veux-tu ? demanda un chasseur qui sortait des buissons.
— Je te dis rien à toi, rétorqua mon grand-père.
, répondit-il : Ramos, Ramos. Moi je viens. Je m’appelle Ramos, moi.
— Passez ! Passez votre chemin ! Que je vous ai assez vu ! C’est pas toi que j’appelle. C’est mon chien ! »
Coquin ! Mon papet était un gaillard !
Martine Bautista

Illustration : DR.

Laisser un commentaire