[Provençal] Moun papet / Mon grand-père (partie 3)

AU CHIN I’AGRADAVO tam­bèn de cour­se­ja un pau li cou­niéu, mai avié la de­co de gai­re óu­bei : de tèms en tèms, pre­nié si gàr­ri. Cado fes que ni­fla­vo de cas­sun, bra­ma­vo fort : bau ! bau ! bau ! Davalavo la colo. Chaurrihavo. Repartié. Davalavo la colo la narro au vènt. Seguissié li piado sènso jamai s’arresta – e courre que courreiras – escoutavo degun. E lou papet èro fourça de ié courre darrié, à se desratela, à travès li terro, li bartassas, l’alen tras que court !
Mai un jour, aquéu chin qu’èro jamai esta atrina pèr cassa, faguè un superbe arrèst davans un bouissoun : Oh ! Capoun de boundisque ! Oh ! Tron de bon goi ! Moun papet lou cresié pas ! L’avié jamai vist coume acò. Pousicioun perfèto ! Pato en l’èr. Co bèn ourizountalo. Brandavo plus ! Moun grand agantè lou fusièu… E s’avancè d’aise d’aise vers l’endré que marcavo lou chin. Èro bèn decida de tira ! Viro que viraras, autour d’aquéu roumias. Cerco que cercaras, mai… Ges de couniéu o de feisan. Nimai de becasso o de perdigau :

chasseur

— Noun ! Pas mai ! Ah ! Ço, anas !
La souleto causo que troubè moun papet, aquéu jour, fuguè… un preservatiéu tout bèu-just utilisa !!!

Èro pas la proumiero fes que lou papet avié un chin. Soun paire deja n’avié agu. Car soun paire tambèn èro un cassaire e’mé soun drole, moun papet, avien uno chinaredo. D’aiour, un jour, à passa tèms, uno chino avié fa sa cadelo e lou papet qu’èro alor jouinet, s’èro enfada de l’un d’éli.
Adounc, tóuti li jour, anavo à la chiniero, prenié lou cadèu dins si bras e lou calignejavo : « Oh ! Moun bèu ! Que t’ame… Que t’ame… que siés bèu. Que siés poulit… » E lou sarravo dins si bras.
L’endeman, tourna mai : « Oh ! Moun bèu ! Que t’ame… Que t’ame… que siés bèu. Que siés poulit… » E lou sarravo mai dins si bras.
Tóuti li jour ansin ! « Oh ! Moun bèu ! Que t’ame… Que t’ame… que siés bèu. Que siés poulit… » E, zóu lou sarravo dins si bras.
Pièi un jour : « Oh ! Moun bèu ! Que t’ame… Que t’ame… que siés bèu. Que siés poulit… » Lachè lou chin… Lou chin èro mort !

Martino Bautista

*

LE CHIEN AIMAIT aussi courir un peu les lapins mais il avait le défaut de ne guère obéir : de temps en temps, il lui prenait des lubies. Chaque fois qu’il sentait du gibier, il gueulait fort : Wouah ! wouah ! wouah ! Il descendait la colline. Écoutait attentivement. Repartait. Descendait la colline narines au vent. Il suivait la trace sans jamais s’arrêter – et court tant – il n’écoutait personne. Et le papet était forcé de lui courir après, à se dérater, à travers les terres, les buissons, l’haleine plus que courte ! Mais un jour, ce chien qui n’avait jamais été dressé pour chasser, fit un superbe arrêt devant un buisson : Oh ! Coquin de sort ! Oh ! Tonnerre ! Mon grand-père ne le croyait pas ! Il ne l’avait jamais vu comme cela. Position parfaite ! Patte en l’air. Queue bien horizontale. Il ne bougeait plus !

chasseur

Mon grand-père se saisit du fusil… et s’avança délicatement vers l’endroit que marquait le chien. Il était bien décidé à faire feu ! Tourne, retourne, autour de ce buisson. Cherche, cherche mais… pas de lapin ou de faisan. De bécasse ou de perdreau non plus :
— Non ! Rien ! Ah ! Ça alors !
La seule chose que trouva mon papet ce jour-là fut… un préservatif tout fraîchement utilisé !!!

Ce n’était pas la première fois que le papet avait un chien. Son père en avait eu. Car son père aussi était chasseur et avec son fils, mon papet, ils avaient un chenil. D’ailleurs, dans le temps, une chienne avait mis bas et le papet qui était jeune alors, s’était entiché d’un chiot. Alors, tous les jours, il allait au chenil, prenait le chiot dans ses bras et le cajolait : « Oh ! Mon beau ! Que je t’aime… Que je t’aime… Que tu es beau. Que tu es joli… » Et il le serrait dans ses bras.
Le lendemain, encore : « Oh ! Mon beau ! Que je t’aime… Que je t’aime… Que tu es beau. Que tu es joli… » Et, hop ! il le serrait dans ses bras.
Puis un jour : « Oh ! Mon beau ! Que je t’aime… Que je t’aime… Que tu es beau. Que tu es joli… » Il lâcha le chien… Le chien était mort !

Martine Bautista

Illustration : Septembre 1910, chasseur visant, photographie de presse / Agence Rol. © Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EST EI-13 (72 7).

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