Terrible incendie du village (Poligny, 27 mars 1862)

Dans les derniers jours de mars 1862, le préfet des Hautes-Alpes, Alexandre Le Peintre, envoyait la lettre suivante aux maires du département :
« Le village de Poligny, qui vers la fin du mois de mai 1860 avait été ravagé par un incendie, vient d’être frappé de nouveau, vous le savez, et d’une manière plus cruelle encore que la première fois, par le même fléau. 60 maisons, avec presque tout le mobilier et les provisions qu’elles renfermaient ont été, le 27 mars dernier, la proie des flammes. Bien que, par les soins de l’Administration et la charité des voisins, les premiers secours aient été efficacement organisés, et les plus pressants besoins satisfaits, de nombreuses familles se trouvent réduites à la misère, et hors d’état de réparer de longtemps le désastre qui vient de les frapper, si nous ne nous occupons de venir largement à leur secours.
Je vous prie en conséquence de désirer qu’immédiatement, dans vos communes respectives, une liste de souscription en faveur de ces malheureuses victimes, s’ouvre immédiatement, dans vos communes respectives, une liste de souscription en faveur de ces malheureuses victimes. Vous aurez soin de vous concerter avec MM. les Curés et Desservants, auxquels MM. les Vicaires capitulaires, le siège vacant, ont bien voulu, avec le plus grand empressement, adresser des instructions dans ce sens, afin de recueillir les offrandes de la charité publique.
Les produits ou denrées en nature devront être adressés à M. le Maire et à M. le Desservant de Poligny dont le dévouement et la charité évangélique, dans cette douloureuse circonstance, sont au-dessus de tout éloge.
Les dons en argent seront versés à la caisse de MM. les Receveurs de la réunion, pour être tenus à la disposition du bureau de bienfaisance de Poligny.
Je ne saurais recommander trop instamment, Messieurs, à votre charité et à celle de vos administrés l’infortune des incendiés de Poligny. Je compte d’autant plus sur le concours dévoué de tous et sur le vôtre en particulier, que l’expérience m’a appris avec quel empressement tout appel à la bienfaisance est entendu par les généreuses populations des Hautes-Alpes.
Agréez, Messieurs les Maires, l’expression de mes sentiments très distingués. »
[Le préfet des Hautes-Alpes, Alexandre Le Peintre]

De leur côté, les vicaires généraux capitulaires du diocèse de Gap, le siège vacant, adressaient un courrier à destination des curés et desservants :

Monsieur le Curé,
Le 27 mars dernier, un nouvel incendie réduisait en cendres le village de Poligny presque en entier : soixante maisons, avec le mobilier et les provisions qu’elles renfermaient, sont devenues la proie des flammes ; et, à l’heure qu’il est, près de 300 personnes se trouvent sans abri et sans subsistances.
Dans sa sollicitude toujours si empressée à venir au secours du malheur, l’Administration départementale a déjà pourvu aux premiers et pressants besoins des victimes infortunées de ce désastre, mais il reste encore beaucoup à faire : il faut maintenant relever les maisons en ruines et réparer les pertes en linge, en vêtements et en provisions.
Nous faisons donc un appel pressant à vos paroissiens, dont la charité nous est bien connue, et nous les invitons instamment à répondre, par d’abondantes et généreuses aumônes, aux cris de détresse de leurs frères malheureux de Poligny.
A cet effet, vous voudrez bien, Monsieur le Curé, vous concerter avec l’autorité municipale de votre paroisse pour organiser une quête à domicile, et recueillir les dons en nature et en argent en faveur des incendiés.
M. le Préfet, vivement ému, vient d’adresser à MM. les Maires des instructions particulières pour le même objet, et nous ne pouvons que nous en référer entièrement à ces instructions touchant le mode à suivre pour faire parvenir à sa destination le montant des dons et des aumônes qui seront recueillis.
Néanmoins, nous serons bien aises de connaître le résultat obtenu.
Recevez, Messieurs, l’assurance de notre fraternel dévouement. »
[Les Vicaires généraux Capitulaires, Borel, Jullien, L.-F. Lagier]
  • L’Annonciateur, 5 avril 1862, p. 1, 2.

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