Un charretier agressé (Aix-en-Provence, 2 mai 1901)

© leproducer - Fotolia.com

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« Mercredi soir, vers 6 heures, le nommé Point Casimir, charretier, a été victime d’une lâche agression.
Au moment où il montait la côte du Pont-de-l’Arc avec une charrette de briques, il se trouva assailli en face la campagne Bourguet par trois individus qui, venant sur lui, cherchèrent à le dévaliser tout en lui donnant des coups de poing et de coups de tête dans l’estomac.
Or, comme les malandrins avaient à faire à forte partie, l’un d’eux demanda à ses acolytes qu’on lui fit passer le “soufflard” (qui n’était autre chose qu’un revolver) et, le braquant sous le nez de M. Point, lui dit : “Si tu bouges, tu es mort.”
Le brave charretier resta muet, mais, se dégageant par un brusque mouvement, se mit à courir rattraper son cheval. Il fut malgré cela accompagné à coups de pierres sur un assez long parcours. À ce moment-là, plusieurs personnes s’étant approchées aux cris de la victime purent mettre en fuite les trois agresseurs qui disparurent dans les sentiers avoisinants.
Arrivées au haut de la montée, les personnes qui avaient fait route avec le charretier donnèrent des renseignements précis à trois agents en civil, que M. Achille Grangier était allé requérir, ces mêmes voyous ayant fait chez lui auparavant des dégâts à son établissement, tirant des coups de revolver à tort et à travers.
Une fois sur les lieux, les agents se dissimulèrent derrière des haies et ne tardèrent pas à mettre la main sur deux de ces désœuvrés. Le troisième fut bientôt pris également. Mais comme ils ne furent trouvés porteur d’aucune arme, un des agents retourna à l’endroit où il avait aperçu ce dernier et trouva à terre le revolver qui avait servi à faire tout le mal.
Conduits en ville au poste de police, ils subirent l’interrogatoire de M. Gabrielli, commissaire central, qui donna ordre ensuite de les livrer entre les mains de M. le Procureur de la République.
À cette occasion, nous ne saurions trop nous rallier aux bonnes paroles de M. le substitut du Procureur de la République, qui, dans une précédente audience correctionnelle, demandait avec beaucoup de raisons une extrême sévérité de la part du tribunal pour tous ces gens sans aveu qui vivent aux dépens d’autrui et font plus de mal qu’ils ne sont utiles à la société. Nous espérons que le tribunal sera de cet avis, il répondra ainsi aux désirs unanimes des habitants de la ville d’Aix qui commencent à être las de ces sortes de désagréments. »
  • Le Mémorial d’Aix, 64e année, n° 36, 6 mai 1901