Un nouveau pressoir à huile

pressoir-olives

En 1786, Maître Delui, menuisier, écrit aux consuls et assesseurs du pays d’Aix une lettre dans le but de vanter les qualités de son invention : un pressoir à huile qu’il dit révolutionnaire, puisqu’il ne nécessite que trois hommes au lieu des neuf qu’emploie un pressoir traditionnel. Les consuls et assesseurs auront-ils été convaincus ?

« Messieurs les consuls et assesseur du pays d’Aix, procureurs du pays,
Messieurs,

Le produit des oliviers fait la richesse de la Provence. C’est la plus belle, la plus lucrative de nos récoltes.
Il vous a été proposé beaucoup de moyens pour préserver des vers et autres accidents qui le dégradent et souvent font périr l’arbre précieux qui produit l’olive ; vous les avez favorablement accueillis, quoiqu’on ne pût démontrer publiquement leur avantage, parce que vous êtes toujours disposé à faire le bien général.
Aujourd’hui, j’ai l’honneur de vous présenter, Messieurs, non pas un objet de pure métaphysique, ni des spéculations vagues, impossibles à vérifier, mais un nouveau pressoir, dont j’ai imaginé la proportion, calculé la force et le mouvement de manière qu’au lieu de neuf hommes qu’il faut employer journellement aux moulins et dont six sont à la barre, il ne sera plus besoin en tout que de trois, et de plus l’olive rendra le 5 pour cent au-dessus du produit ordinaire et connu.
Si je démontre la certitude de ces deux points, j’ose me flatter que vous voudrez bien, Messieurs, m’accorder lors de l’assemblée des États un privilège exclusif de construire et de vendre dans toute la Provence pendant quinze ans ces pressoirs, au prix de 1.200 livres, somme modique relativement à mes débouchés et au bénéfice que je procure.
Comme vos suffrages ne peuvent se déterminer que d’après une entière conviction, j’offre de faire préalablement l’épreuve de mon pressoir sous vos yeux, et je vous supplie de m’indiquer le jour qu’il vous plaira d’y assister en novembre prochain.
Il est inutile que j’en préconise les effets et les avantages : si j’en démontre la certitude et la solidité, ils parlent d’eux-mêmes.
Six hommes de moins à payer et à nourrir chaque jour, et le 5 pour cent de plus sur le produit des olives, valent mieux que tous les raisonnements possibles pour prouver que les possédants bien ainsi que les maîtres des moulins y gagnent immensément.
Ce n’est qu’après beaucoup de dépenses et de soins que je suis parvenu à perfectionner un ouvrage si utile. J’espère qu’il trouvera en vous, Messieurs, des protecteurs ; tout ce qui est utile aux citoyens est digne des regards des pères de la patrie ; et je ne cesserai de faire des voeux pour la conservation de vos jours. »

  • deluiSources : Archives municipales d’Aix-en-Provence, HH1, pièce 37 : Mémoire du sieur Delui, maître-menuisier, d’Aix, pour un nouveau pressoir pour les olives qu’il avait inventé – 1786.

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