Assassiné dans la montagne (Arvieux, 6 octobre 1797)

Aujourd’hui quinzième vendémiaire l’an six de la République française, à quatre heures après midi, pardevant moi Jacques Laurent Eymar agent municipal et officier public de la commune d’Arvieux, canton de Villevieille, département des Hautes-Alpes, élu le 26 décembre 1795 pour dresser les actes destinés à constater la naissance, mariage et décès des citoyens,
Est comparu en la maison commune dudit Jacques Meissimilly, juge de paix de ce canton, domicilié en cette commune, assisté de Jacques Simon Brun, assesseur dudit juge de paix, domicilié à Brunissard, hameau de cette commune, âgé de 40 ans, feu Jean, et Antoine Faure, cultivateur dudit lieu, y domicilié, âgé de 62 ans, feu Jacques, lequel a déclaré à moi Jacques Laurent Eymar, officier public, qu’ayant été instruit qu’un homme était mort et exposé sur le grand chemin qui conduit de cette commune à Cervière passant par le col d’Izoard, étant appelé Plan-de-Lort, il s’était transporté sur le lieu et y avait rédigé le présent verbal dont la teneur suit.
Le hameau de Brunissard au premier plan. Au fond, Arvieux.

Le hameau de Brunissard au premier plan. Au fond, Arvieux.

Ce jourd’hui, quinzième vendémiaire l’an six de la République française, sur les cinq heures du matin, s’est présenté devant nous Jacques Meissimilly, juge de paix et officier de police dudit canton de Villevieille, département des Hautes-Alpes, le citoyen Jacques Simon dudit Brunissard, hameau d’Arvieux, notre assesseur, lequel nous ayant indiqué
qu’il s’est commis un assassinat dessous la balme au Plan-de-Lort, vers la montagne du col d’Izoard,
Ayant de suite requis le citoyen Jean Pierre Philip, officier de santé chargé du service [?] de l’hôpital militaire du Fort-Queyras de se rendre de suite auprès de nous pour nous accompagner, à quoi il a satisfait,
Où, étant audit endroit, nous avons effectivement trouvé un homme mort sur le grand chemin, lequel était encore couvert de tous ses habits consistant en une veste drap de laine presque noire plusque usagée, un gilet blanc aussi de laine brûlé vers le col, sa culotte du même drap que la veste aussi fort usée, déboutonnée…
[Suit un passage fort peu lisible sur les vêtements et possessions de la victime trouvés sur lui.]
Au premier plan, le hameau de Brunissard. Au fond, le col d'Izoard.

Au premier plan, le hameau de Brunissard. Au fond, le col d’Izoard.

[Philip] a trouvé qu’il a reçu un coup qui lui a été donné par une arme à feu. Il lui a été tiré de près, l’ayant reçu de la partie supérieure de la poitrine qui lui a enlevé une partie du col et, après vérification, il a reconnu que le coup de fusil ou autre arme à feu sur le cadavre était chargé avec du plomb et tiré de très près, lui ayant même brûlé la joue droite et la laine de son gilet.
Et attendu que la cause de sa mort est connue sans que personne n’ait aucune connaissance de l’auteur d’icelle, et que toute autre recherche présentement faite serait inutile, nous avons déclaré que rien ne s’opposait à ce que ledit corps ne fût inhumé suivant la forme ordinaire. Nous avons de suite requis plusieurs habitants de Brunissard, hameau d’Arvieux le plus à la proximité, de transporter ledit corps à ce lieu d’Arvieux et pardevant l’officier public de ladite commune à l’effet de le faire inhumer, à quoi ils ont satisfait en notre présence.
[…]
Suivant la présentation [du cadavre] qui m’a été faite, j’ai reconnu être du Roux, hameau de la commune d’Abriès, canton d’icelle, appelé Luc Chabert. J’ai de suite ordonné qu’il fût inhumé aux formes ordinaires, ce qui a été fait dans le cimetière paroissial de cette dite commune.
  • Source : Registre d’état civil d’Arvieux (2 E 8/3/1).
  • Photographies : Anthospace (Travail personnel) [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0) ou GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html)], via Wikimedia Commons.
  • Texte signalé par le groupe Genequeyras.