L’exécution d’Anicet Martel (Gémenos, 2 août 1790)

  • Sources : recherches de Géraldine Surian.

albertasJean Baptiste d’Albertas, premier président à la cour des Comptes de Provence, créateur des jardins portant son nom, à Bouc-Bel-Air, fut assassiné le 14 juillet 1790 lors d’un banquet offert à la garde nationale en l’honneur de la fête de la Fédération…
Dans le parc, à Gémenos, la fête bat son plein…
Au moment où l’on s’apprête à porter un toast à Mme d’Albertas, un jeune homme bossu se glisse auprès de l’ancien seigneur de Gémenos… Celui-ci, surpris par le visage étrange de l’individu, s’écrit :
« Que faites-vous donc là ?… »
Et l’autre de répondre :
« Je suis venu te donner la mort. »
Et soudain, il plonge le couteau dans le cœur d’Albertas…
L’assassin, un jeune homme de vingt ans, porte le nom d’Anicet Martel. Il exerce la profession de garçon boucher à Auriol. Aussitôt interrogé, il déclarera être le seul auteur du crime qu’il préméditait depuis sept années. Pour se justifier, il prétendit que son père, maître d’école à Gémenos, avait été obligé de se retirer à Auriol à cause des tracasseries que lui suscitait le marquis d’Albertas…
Petit homme bossu, à la tête grosse et au visage effilé, Anicet Martel fut condamné à être roué vif et exécuté par écartèlement sur la place du Palais de Gémenos.
L’exécution eut lieu le 2 août suivant. A peine arrivés sur l’échafaud, Anicet Martel et son exécuteur essuyèrent des tirs de pierres, lancées par des individus mal intentionnés qui s’étaient mêlés à la foule des spectateurs qui encombrait la place et les toits des maisons voisines. Martel profita de cette tentative visant à faire avorter l’exécution et tenta de prendre la fuite.
Mouvements de panique dans la foule. Quelques coups de fusils tirés en l’air par les soldats de l’escorte parvinrent à ramener le calme. Mais un capitaine au régiment du Lyonnais, M. Payan de la Tour, qui commandait l’escorte, le retint en le collant à terre avec la pointe de son épée qu’il lui appuya sur la poitrine. Le bourreau fut retrouvé dans un confessionnal de l’église des Capucins, hors la ville (aujourd’hui celle de l’hôpital Saint-Jacques), où il était allé se cacher, et fut ramené sur les lieux où il consomma l’exécution.
Le squelette d’Anicet Martel se retrouva par la suite dans le cabinet de réflexion d’une loge maçonnique.
Martel fut le dernier homme condamné à l’écartèlement.

Illustration : Jean-Baptiste d’Albertas (DR).