Un officier charmé par une Aixoise (Aix-en-Provence, 10 octobre 1838)

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Plusieurs bataillons du 38e de ligne allant à Marseille étaient de passage à Aix aux alentours du 10 octobre 1838.
L’officier d’un de ces bataillons, arborant une croix d’honneur sur sa poitrine, se promenait dans les rues de la ville, flânant aux alentours de l’Hôtel de Ville et des rues adjacentes.
Alors qu’il marchait, son attention fut attirée par une demoiselle qui apparut à une fenêtre et qui semblait l’avoir remarqué. Mieux, elle paraissait lui faire des signes.
Soudainement enhardi, l’officier se glissa dans le couloir qu’il supposait devoir le conduire à l’appartement de sa dulcinée. Mais l’amour étant aveugle, notre héros ne tarda pas à s’égarer dans les tours et retours de ce qui lui paraissait de plus en plus un labyrinthe.
Enfin, cherchant toujours, il emprunta un escalier qui le conduisit à une chambre où se trouvait une jeune fille qui travaillait tranquillement.
Il faut dire que celle-ci ne s’attendait absolument pas à cette visite, d’autant que l’homme commença à prendre avec elle un ton léger et des manières libres. Aussi elle lui signifia l’ordre de se retirer, lui faisant observer qu’il y avait sans doute méprise de sa part. Mais cela l’incita à redoubler d’obstination et à se montrer encore plus pressant.
La jeune fille, qui commençait à prendre peur, appela à l’aide. Son frère, un ouvrier tourneur qui se trouvait dans la maison, accourut à ses cris et rencontra l’officier sur le pas de la porte.
On commença à hausser le ton et rapidement, le poing vigoureux du frère saisit le militaire au collet et l’obligea à le suivre en descendant l’escalier et en l’entraînant dans la rue.
Là, le tenant toujours d’une main forte, il voulut le conduire à la mairie, mais le prisonnier, en se débattant, parvint à se soustraire au bras du frère. Celui-ci lui courut après et parvint à le rattraper dans la rue des Cordeliers où il lui mit quelques coups dans la figure. Des officiers du 38e passaient par là mais ne bronchèrent pas. Ce fut à peine si l’un d’eux s’écria à son camarade : « Ce b…-là n’a pas peur de la salle de police ! »
L’affaire s’arrêta là. L’officier ne fut pas arrêté mais repartit passablement humilié.
  • Source : Le Mémorial d’Aix, 20 octobre 1838, p. 4.

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