En 1722, la Provence rurale, dans l’arrière-pays du pays de Forcalquier, demeure une terre de grande précarité économique, peu après la dévastatrice Grande Peste de Marseille. L’événement survenu à Simiane-la-Rotonde illustre la violence inhérente aux conflits d’usage qui opposaient les populations paysannes aux représentants de l’autorité seigneuriale ou royale. Jean Joseph Labourel est tué par des gardes forestiers, protecteurs zélés d’une ressource vitale, le bois. L’indemnisation conséquente de 2 000 livres accordée à la veuve et aux orphelins, rapidement suivie d’une grâce pour les meurtriers, met en lumière la hiérarchie sociale de la justice d’Ancien Régime, où le prix d’une vie roturière pouvait être fixé pour garantir l’ordre public sans sanction réelle du crime.
« Aujourd’huy a esté enseveli dans cette paroisse Jean Joseph Labourel, fils à feu esprit, après avoir été malheureusement tué et trouvé mort dans le bois le 4 octobre 1722, en présence des soussignés avec nous à Simiane. »
[J. Arnaud, vic., Dumastre, ptre, J. Testanière]
Dans son ouvrage Simiane-la-Rotonde. Sa population sous l’Ancien Régime1, Anne-Marie de Cockborne explique que Labourel fut tué par les gardes des bois lesquels furent ultérieurement grâciés de leur crime, non sans avoir au préalable dédommagé les orphelins et la veuve à hauteur de 2 000 livres.
- Registre paroissial de Simiane-la-Rotonde
Note
1 Anne-Marie de Cockborne, Simiane-la-Rotonde (Alpes-de-Haute-Provence). Sa population sous l’Ancien Régime (XVIIe et XVIIIe siècles), éd. Camp, 2011, p. 80.
