À la poursuite de l’homme aux pieds nus (La Gaude, 30 janvier 1895)

Un cambriolage audacieux

Le 30 janvier 1895, la famille Garbiès, habitant à La Gaude (Alpes-Maritimes), était en train, à midi, de prendre tranquillement son repas, au rez-de-chaussée de leur maison, lorsqu’Étienne Casavecchia monta dans leur appartement du dessus et se mit à enfoncer portes et tiroirs pour trouver la bourse de ces braves gens.
Cependant, le bruit fait par le voleur fut assez fort pour attirer l’attention de la famille, à ce point que la jeune fille monta pour voir ce qui se passait.
Casavecchia, dérangé dans son opération, bouscula la jeune personne, dégringola quatre à quatre les escaliers et prit la fuite. Circonstance à noter : le malfaiteur avait ôté ses chaussures pour mieux accomplir son vol ; il eut tout juste le temps de les reprendre à la main et de se sauver ainsi pieds nus. Or, à ce moment, la campagne était entièrement couverte de neige.

La poursuite et l’arrestation

À l’appel de la famille Garbiès, tous les voisins se mirent à la poursuite de Casavecchia. Celui-ci, quoique déchaussé, sautait murailles et fossés, et grâce à ces exercices de haute gymnastique, il conservait une certaine avance sur la foule qui le poursuivait.
Vous croyez que Casavecchia profita de cette avance pour se sauver ? Pas du tout. Ayant aperçu, dans sa course, une vieille femme de soixante-cinq ans, Madame Françoise Ginavès, il se jeta sur elle et la viola.
Casavecchia avait sans doute oublié qu’il était poursuivi et ce fut le garde champêtre, Monsieur Teissère, qui lui mit la main au col.
Et ce fut ainsi que, mis en prison, Casavecchia attendait sa comparution devant la Cour d’assises, lorsque, un beau jour, il jugea à propos de s’évader.
La surveillance relâchée dont il était l’objet l’aida dans son projet. Et, comme il l’avait décidé, il partit un beau jour sans tambour ni trompette.

La capture finale et le procès

Vous vous imaginez sans doute qu’il s’éloigna du département, décidément inhospitalier ! Pas le moins du monde. Il ne songea qu’à aller trouver, dans le plus proche voisinage, à aller trouver une amie à lui.
Encore une fois, il fut attrapé et ce fut cette fois-ci grâce à l’intervention du garde champêtre du Cros-de-Cagnes qui se mit, avec quelques voisins, à lui donner la chasse. Casavecchia tenta bien de tirer sur ses poursuivants plusieurs coups de revolver pour les maintenir à distance. Mais on finit par le reprendre et, comme ce diable d’homme menaçait encore de se sauver, on le ligota comme un saucisson pour le transporter à Cagnes et de là à Nice où la Cour d’assises l’attendait au printemps 1895. Et enfin le voici comparaissant devant ses juges, avec sa tête d’ahuri.
Le procès eut lieu le 4 mai et débuta à 9 heures précises, sous la présidence de M. Trinquier, assisté de MM. de Bottini et Thibault.
Comme on le prévoyait, Casavecchia nia tout ce qu’on lui reprochait, le vol, le viol et le reste. Cette attitude de fieffé brigand amusa la Cour, le jury et l’auditoire.
Casavecchia fut condamné à dix ans de travaux forcés.
  • Source : La République du Var, 5 mai 1895, p. 2.

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