Il y avait à Toulon, à la fin du XIXe siècle, une gargote surtout fréquentée par des Italiens, le Bar de la Glacière, située sur la route de l’abattoir, près du Champ-de-Mars.
Le lundi 15 avril 1895, on s’était assemblé au bar, à l’occasion de la célébration de la fête de la Résurrection du Christ.
Un orgue asthmatique faisait entendre ses sons et danser ses auditeurs. Parmi les assistants à la fête se trouvaient deux Italiens, Eugène Genino, 26 ans, et Auguste Gardino, 25 ans, domiciliés l’un et l’autre au 9, traverse Champ-de-Mars.
D’humeur fort joyeuse, les deux compères se mirent à taquiner les danseurs et à râler à qui mieux mieux, à tel point que le patron de la gargote dut faire appel à un agent qui se trouvait de service dans le bal.
Le gardien de la paix intervint donc et expulsa les deux empêcheurs de danser en ronde.
Mais Genino ne l’entendait pas de cette oreille. Furieux de se voir ainsi évincé, il sortit de sa poche un poing américain et en frappa plusieurs personnes qui stationnaient hors du bal.
Bientôt, son camarade faisait de même.
Alors la mêlée devint générale.
L’agent de police dut intervenir à nouveau et il eut toutes les peines du monde à désarmer les deux Italiens.
D’un côté, le patron du bar maintenait Genino, tandis que de l’autre, le gardien de la paix s’occupait de Gardino qui, ayant reçu à l’œil gauche un coup de poing, saignait abondamment.
C’est ainsi que se termina la rixe.
Genino termina la journée au violon. Son camarade, lui, après un passage à l’hôpital où on le pansa, put regagner son domicile.
- Source : La République du Var, 16 avril 1895, p. 3.