Dans la nuit, les hôtes paisibles d’une maison rue de la Paix, à Marseille, ont été mis en émoi par un événement burlesque qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.
En rentrant à son domicile à une heure assez avancée de la nuit, un homme, que nous nommerons Monsieur R., chercha une boîte d’allumettes dans le salon qui précède sa chambre à coucher. Il lui fallait bien un peu de lumière pour se repérer dans la maison. Sa femme, elle, dormait d’un sommeil léger.
Tout à coup, un bruit bizarre se fit entendre de la part du mari et la femme poussa de hauts cris, persuadée que des malfaiteurs s’étaient introduits dans son domicile et s’apprêtaient à la dévaliser, voire à l’assassiner.
Réveillés en sursaut, les voisins accoururent en toute hâte avec la tenue que l’on porte d’ordinaire la nuit. Ils frappèrent à la porte avec force, la secouèrent, prêts à l’enfoncer quand tout à coup, celle-ci s’ouvrit sur un Monsieur R. tout sourire, son chapeau dans une main et un bougeoir dans l’autre, avec l’intention de donner l’explication rassurante qui s’imposait.
En cherchant sa boîte d’allumettes, il avait mis par mégarde la main sur les touches du piano de madame, laissé ouvert par inadvertance, qui avaient joué une note si aiguë qu’elle en avait jeté l’effroi dans l’esprit de l’épouse et provoqué ses cris.
- D’après Le Petit Marseillais, 24 mars 1868.