La vie des Provençaux fourmillait de superstitions en tout genre. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de retrouver nombre d’actes empreints de mysticisme que l’on accomplissait lorsque l’on voulait avoir un enfant.

Dévotions religieuses

Dans les Alpes-Maritimes, on se rendait généralement à Notre-Dame-de-Laghet, près de la Turbie. On offrait à la Sainte Vierge, pour l’occasion, quantité de bijoux, allant de la boucle d’oreille à la bague de mariage.
Dans le Var, c’est saint Phoutin1 qui était invoqué.
Le besoin d’associer des saints à toute conception venait du fait que la conception était généralement considérée comme œuvre divine. Dès lors, lorsqu’une femme était stérile, les raisons que l’on invoquait se situaient dans le domaine de la superstition et l’on croyait fermement que quelque sorcier ou « masque » en était à l’origine. On préférait alors rechercher l’aide protectrice des saints.
Le besoin d’associer des saints à toute conception venait du fait que la conception était généralement considérée comme œuvre divine. Dès lors, lorsqu’une femme était stérile, les raisons que l’on invoquait se situaient dans le domaine de la superstition et l’on croyait fermement que quelque sorcier ou « masque » en était à l’origine. On préférait alors rechercher l’aide protectrice des saints.
Toute étude sur les coutumes de nos ancêtres de Provence se confronte tôt ou tard à la superstition ; nul ménage ne semble y échapper et chaque ville, chaque village a ses habitudes dans ce domaine. Des témoins affirmaient qu’à Aix, les couples sans enfant se rendaient à l’olivier de la Touesse autour duquel ils entreprenaient une danse au cours de laquelle ils heurtaient par trois fois le tronc de leur postérieur. Cette danse était réputée rendre la fécondité. L’arbre, on s’en doute, est un symbole phallique. D’autres pratiques incluant des arbres ont été repérées en Provence. À Collobrières (Var) par exemple, des femmes rampaient sur certaines racines d’un vieux châtaignier du chemin des Amoureux. Cette action avait le même but : donner la fécondité désirée.
Envies de femmes enceintes

Dès 1415 au moins, la condition de la femme enceinte était prise en compte. C. Tiévant évoque un texte tiré des statuts municipaux de Toulon :
« Toute femme enceinte peut, à cause de son état, cueillir du fruit, plein ses mains, dans la propriété d’autrui ou le manger là même ; mais si elle en emporte plus que ses mains pleines, elle doit cinq sous, s’il n’y a pas plus grand dégât2. »
Les envies, en provençal, portaient le nom d’envegeos.
Le sexe de l’enfant
Rien n’étant laissé au hasard, il y avait de nombreux moyens de déterminer le sexe de l’enfant avant sa naissance. Pour ce faire, il suffisait d’observer la femme enceinte dans ses faits et gestes. Si celle-ci trouvait une épingle, elle attendait un garçon, si c’était une aiguille, ce serait une fille. Si elle buvait le fond d’une bouteille de vin, elle aurait une fille.
Une coutume étonnante consistait à donner à la future mère les clavicules de la volaille qu’elle était en train de manger. Celle-ci devait jeter l’os en l’air. S’il retombait « les jambes en l’air », elle aurait une fille.
Il existe même des cas où le sexe pouvait être déterminée à pile ou face. Pielo (pile) annonçait une fille, croux (face) un garçon. Mais, au préalable, il avait fallu faire passer la pièce entre la chemise et le corps de la femme enceinte sans quoi la pièce n’aurait pas dit juste.
On le voit bien, un rien servait à déterminer le sexe de l’enfant, preuve de l’attachement de nos ancêtres aux détails de la vie quotidienne. Même un chien urinant sur la robe de la future mère pouvait être interprété comme le signe de la venue d’un garçon.
Notes
1 On fêtait saint Phoutin (ou Pothin, Foutin) en Provence le 2 juin. Saint Phoutin fut évêque de Lyon et mourut en martyr en 177. Le culte de ce saint fut encouragé par l’Église qui y voyait un moyen d’entraver le culte que les Provençaux vouaient autrefois au dieu romain Futinus.
2 Claire Tiévant, « Almanach de la mémoire et des coutumes », Paris, 1983.
- Photographies : © Jean Marie Desbois.