Henri Blondeau (1834-1890), aéronaute, gymnaste, acrobate, comique et musicien

henri-blondeauHenri Blondeau est né le 24 septembre 1834 à Louvain, en Belgique, troisième enfant de Denis Blondeau et Marie Thérèse Vandecruys (1).
Jeune encore, il se passionne pour l’aéronautique et les ballons aérostatiques et entreprend une carrière d’acrobate, profession spectaculaire qui enthousiasme les foules. Installé en 1861 en Italie, il se produira sa vie durant dans de nombreuses villes de ce pays: Forli, Venise, Ravenne, Pérouse, Alessandria, Bologne, Cesena, Faenza, Ferrare, Florence, Foligno, Gênes, Gorizia, Livourne, Lodo, Milan, Modène, Naples, Novara, Padoue, Parme, Pise, Raguse, Rimini, Rome, Sienne, Turin, Vercelli, Vérone.
C’est à Arles (Bouches-du-Rhône) qu’il se marie le 7 juillet 1869 avec Louise Marguerite Adèle Desplan, veuve Fernand Bissière (2).
Son mariage à Arles coïncide par la suite à de nombreuses prestations en France. Il se produit ainsi:
le 24 août 1873 à Arles,
le 28 août 1874 à Orange,
le 24-27 avril 1875 à Arles,
le 28 juin 1875 à Aix-en-Provence,
les 5 juillet et 28 août 1875 à Roanne,
les 5 et 12 juillet 1876 à Nevers,
le 22 août 1876 à Montluçon,
le 5 septembre 1876 à Clermont-Ferrant,
le 27 mai 1877 à Montpellier.

Le sauvetage d’Orange

C’est lors du spectacle du 28 août 1874 qu’il se distingue encore. Ce jour-là, alors que Blondeau s’apprête à exécuter une ascension périlleuse à Orange (Vaucluse), un incident survient dont il ressortira couvert de gloire. Un journal de l’époque raconte l’événement:

« C’est sur un trapèze aérien, à deux mille mètres du sol, que Blondeau devait exécuter ses périlleux exercices; mais au moment du « lâchez tout! », un ouvrier qui retenait le ballon, se trouve si fatalement entravé par un cordage, qu’il est emporté, suspendu par un pied, et la tête en bas, avec l’aéronaute et le ballon.
Aussitôt, Blondeau saute sur son trapèze, et comme le malheureux ouvrier, blême de terreur, sent son pied se dégager du cordage, l’aéronaute, debout sur son trapèze, soutient avec sa tête l’homme qui va tomber.
– Tenez-vous bien, lui dit-il, je vais imprimer une forte secousse et faire descendre le ballon.
Bientôt en effet, grâce au sang-froid et à la force de l’aéronaute, la mongolfière atterrit et les deux hommes, saints et saufs, rentrent à Orange, où Blondeau, en attendant la médaille de sauvetage, reçoit les plus chaudes félicitations.

Aristide Roger

L’école de gymnastique

Cet événement sera suffisamment retentissant et fera tant de publicité à Blondeau qu’il sera exploité pour promouvoir ses exhibitions suivantes. Du coup, le couple résidant rue du Séminaire à Arles prospère et l’aéronaute en profite pour créer une école de gymnastique dans un local mis à disposition par la ville à l’intérieur de la caserne Havas.
On peut citer parmi ses élèves les noms de Césare Antonucci, Henry Beudet, Charles Beunier, Jules Briguet, Félix Mayet, Cirillo Stefanini alias Stephenson, Emilio Silvestri et Théodore Sivel.
Malheureusement, le 16 juin 1877, peu de temps après son exhibition à Montpellier, Blondeau perd sa femme.

L’Italie

Lors d’un séjour en Italie, il rencontre sa seconde femme, Adèle Pajuolo (3)qui lui donnera plusieurs enfants. Dès lors, la notoriété de Blondeau s’étend jusqu’en Espagne, où il fait une tournée en 1882. Entre temps, il se produit à Naples (27 février 1879) et Vérone (22 juin 1884 et 6 septembre 1885); à bord de nombreux ballons dont les noms sont évocateurs: « Aquila Audace », « Gigante », « Multicolore », « Il 20 Settembre », « Villa des Fleurs », « Atome », « Ville de Milan », « Esploratore », « Le Gambetta », « Dandolo », « Citta di Lucca » ou encore « Le Condor ».

La mort de l’athlète

Une dernière prestation lui sera fatale. Le 3 septembre 1890, dans le ciel de Raguse, un ballon s’élève. Malgré le mauvais temps, la pression des habitants l’oblige à décoller et il chute dans le vide. Il allait avoir 56 ans.
Sa femme Adèle était enceinte. Un garçon naîtra en mars de l’année suivante à Bologne et recevra le prénom de son père. L’enfant fut abandonné pour des raisons inconnues (la mère était-elle morte?).


(1) Denis Blondeau, né le 19 octobre 1807 à Hingène (Belgique) et décédé le 16 mars 1849 à Saint-Nicolas (Belgique), Marie Thérèse Vandecruys, née le 7 février 1813 à Diest (Belgique), décédée le 13 avril 1904 à Paris.
(2) Louise Desplan est née le 18 février 1836 et y est décédée le 16 juin 1877 à l’âge de quarante et un ans. L’acte de mariage comporte les signatures de quatre témoins: Paul Gravel, peintre en bâtiment, 60 ans, Nabor Troesch, tailleur d’habits, 47 ans, Casimir Cartier, docteur en médecine, 48 ans et Sylvain Desplan, orfèvre, frère de l’épouse, 35 ans, tous domiciliés à Arles.
(3) On ne sait malheureusement rien de cette femme, malgré des recherches en Italie. Le patronyme est originaire de la région de Vérone. Tout renseignement est le bienvenu.

Remerciements

Cet article est une compilation des informations rassemblées par M. et Mme Blondeau-Bortolozzi, descendants d’Henri Blondeau. Leurs recherches ont pu aboutir grâce au Musée de l’Air du Bourget, au Musée Caproni, au Stato Maggiore dell’Aeronautica de Rome, au Musée du Cirque de Bruxelles, à Mme Marcelle Ruiz, Mme Ginette Bartolotti et M. Roger Cherpion qu’ils remercient.

Liens

Photographies

© M. et Mme Blondeau-Bortolozzi, 2001. Avec leur aimable autorisation.

Biographies

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