Consuls et assesseurs aixois. Installation

« Le premier jour de janvier, sur les sept à huit heures du matin, Messieurs les juge-viguier, consuls, capitaines de quartier et officiers se rendent à l’Hôtel de ville et, étant tous assemblés, Messieurs les consuls ayant pris leurs marques, les capitaines de quartier marchant au-devant d’eux, vont tous ensemble accompagnés des officiers et autres personnes à la maison du tiers-consul nouveau et, après lui avoir souhaité bonne et heureuse année, sortent avec lui, l’accompagnent à l’Hôtel de ville jusqu’au niveau de la basse-cour où ils le laissent, et les Sieurs juge-viguier, consuls, capitaines, officiers et leur suite s’en vont prendre le second consul, ensuite l’assesseur et M. le premier consul, qu’ils conduisent au même endroit; ensuite, Messieurs les consuls vieux et nouveaux montent sur un petit théâtre qui a été préparé dans la basse-cour, M. l’assesseur fait une harangue au sujet de la cérémonie et M. l’assesseur nouveau ayant répondu, MM. les consuls vieux quittent leur chaperon1 et on met les chaperons qu’on a préparés à MM. les consuls nouveaux.

Cela fait, MM. les consuls vieux et nouveaux, toujours les capitaines de quartier devant eux, vont à l’église Saint-Sauveur et, étant arrivés à la grande porte, MM. les consuls vieux s’en vont à l’hôpital Saint-Jacques comme recteurs nés. Et MM. les consuls nouveaux entrent dans l’église Saint-Sauveur et vont prendre leurs places ordinaires dans le cœur du côté gauche, laissant la plus haute place pour M. le sacristain […] La messe étant finie, MM. les consuls, juge-viguier, capitaines ensuite, vont rendre visite à M. le Gouverneur, M. l’assesseur lui faisant une harangue et, ayant demeuré un espace de temps et pris congé, lui, M. le Gouverneur, les raccompagne […]. Ils vont ensuite visiter M. l’Archevêque, M. l’Intendant, M. l’assesseur leur fait un compliment.
En faisant les dernières visites, MM. les consuls passent à la Boutique Rouge et, pour se faire connaître au peuple, montent sur la pierre qui est au-devant de la boutique qui fait le coin allant à la rue de l’Official en tournant la face à la Grande Horloge2. Après cela, ils se retirent à l’endroit où M. le premier consul a fait préparer le repas auquel assistent MM. les consuls vieux et nouveaux, juge-viguier, capitaines officiers de la ville et de la province et autres personnes qu’il convie3. Après le repas fini, MM. les consuls, juge-viguier et suite marchant de la même manière que la matin, vont à l’église des religieuses de Saint-Barthélemy4,visitent les reliques et le corps du roi Charles, le trésorier donne un écu au bassin.
Sortant de l’église Saint-Barthélemy, ils vont à la place des Prêcheurs, MM. les consuls font trois tours de place et ensuite vont à la porte Saint-Jean s’asseoir sur un banc qui leur a été préparé5.
Tout cela fini, ils entrent en chaise, vont visiter MM. les présidents de l’une et l’autre cour. Les capitaines de quartier, officiers et suite se retirent […] »
En cas de mauvais temps, la cérémonie était abrégée, la passation des pouvoirs et la remise des chaperons ayant lieu dans la salle du Conseil6.

Notes

1. Chausse de velours mi-noire, mi-rouge, insigne de la dignité consulaire.
2. Haut de l’actuelle rue Aude.
3. Cette tradition du repas ne s’est perpétuée que jusqu’en 1730.
4. Ce monastère, installé à Aix en 1290, rue Nazareth, se trouvait à l’époque du présent récit aux numéros 3 à 9 de l’actuelle rue Mignet (autrefois rue Bellegarde). Il y demeura jusqu’en 1792, date à laquelle les religieuses partirent pour Meyreuil, dans les environs d’Aix. Le monastère abritait les reliques de Charles II, comte de Provence, son fondateur. Ces reliques furent perdues à la Révolution.
5. Roux-Alphéran signale que c’est à ce moment qu’à lieu la cérémonie de l’attouchement par les consuls des clés de la ville. La porte Saint-Jean se trouvait à l’extrémité de la rue d’Italie.
6. D’après la même source, f° 264, verso.

Sources

  • Archives municipales, AA 55, f°33-34, repris par Roux-Alphéran in « Les rues d’Aix, tome 1 », p. 98-103.

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