Élections sous influence (Eyguières, 17 juin 1857)

Commissariat de police du canton d’Eyguières.
Eyguières, le 17 juin 1857

Monsieur le Commissaire Central1
J’ai l’honneur de vous informer, conformément à vos ordres en date du 12 courant que me recommandent le plus grand dévouement et du zèle pour assurer la candidature de M. de Chartreuse aux prochaines élections.
À la hâte, je me suis rendu dans chaque commune le 13 et le 14. La plus grande recommandation a été faite à MM. les maires, et aux gardes-champêtres auxquels j’ai laissé chargé de vigiler activement si dans les communes il y a des personnes qui cherchent à influencer les électeurs contre le candidat du Gouvernement, et aussi de prier tous les votants qui sont à la campagne d’aller voter pour M. de Chartreuse, et s’ils ont de l’influence directe ou indirecte.
À Eyguières, j’ai fait ma tournée chez les personnes que je connais personnellement, à tous les cafetiers, bouchers, boulangers, aubergistes, et je n’ai rencontré personne à me refuser son suffrage, et je n’ai qu’à nous louer d’un peuple si digne et si bienveillant de ses belles manières. Chacun m’a répondu: «Où vous voulez sera jeté mon suffrage. »
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J’ai averti M. le Maire d’Eyguières de me donner tous les billets dimanche matin et moi-même je ferai la distribution à tous les électeurs, où je désire de connaître celle qui vote contraire au Gouvernement, mais j’espère qu’il ne m’échappera un très peu quantité du nombre.
Les deux partis semblent de part et d’autre agir pour M. de Chartreuse, mais il n’y a à se fier ni d’un côté ni de l’autre. Chaque parti est jaloux du candidat du Conseil général et sous ce rapport il n’y a à se fier.
Je sais, comme je vous ai signalé dans ma lettre en date du 9 courant, que les sieurs Gillus dit Andrius et Gille Alphonse, du parti de M. Aubert, notaire, sont comme les médecins à voir les malades, secrètement, et pas de doute que j’ai pour disposer quelques mauvaises têtes à voter contre le Gouvernement.
Voilà, M. le Commissaire Central, toute ma manière de voir et d’appréciation que je puisse mettre sous les yeux de mes chefs à ce sujet.
Agréez, Monsieur le Commissaire Central, l’assurance de mon respect.
Le Commissaire de police du canton d’Eyguières
[J. ANDREANI]

1. Courrier adressé au commissaire central d’Arles.

  • Sources : Archives municipales d’Arles, cote J3.
  • Photographie : Vue générale d’Eyguières. DR

Faits divers d’Eyguières

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