Émeutes à Fontvieille (Fontvieille, 18 et 21 juin 1876)

Dans la nuit du dimanche 18 juin 1876, des troubles éclatent à Fontvieille, petite ville située dans les Alpilles, dans le pays d’Arles. Des gendarmes, au nombre de trois, sont alors dépêchés pour raisonner les perturbateurs ou, à défaut, procéder à leur arrestation. Mais les choses dégénèrent rapidement. Des insultes et des menaces fusent à leur encontre.
L'ancienne mairie de Fontvieille, actuel cours Hyacinthe-Bellon. DR.

L’ancienne mairie de Fontvieille, actuel cours Hyacinthe-Bellon. DR.

Aussi, le mercredi suivant, le procureur de la République de Tarascon et le juge d’instruction se transportent à Fontvieille pour y enquêter sur cette affaire. Une fois que celle-ci est terminée, ils ordonnent plusieurs arrestations.
Aussitôt c’est l’effervescence. Alors que les inculpés descendent de la mairie pour entrer dans une voiture qui devait les conduire à Tarascon, une foule surexcitée, composée en grande partie des familles des prisonniers, se rue sur la voiture en vociférant. Des femmes, notamment, traitent les magistrats de gueux et de coquins. Ce n’est finalement qu’avec peine que les hommes de loi parviennent à calmer l’émeute et à rentrer à Tarascon.
Évidemment, en se rebellant de la sorte, les familles se sont elles aussi mises hors la loi et c’est logiquement que, le lendemain, une nouvelle descente de la justice a lieu et de nouvelles arrestations sont effectuées.
La femme du secrétaire de la mairie, notamment, figure parmi les incarcérés, ainsi que sa sœur. Mais à la différence de ce qui s’était passé la veille, c’est cette fois dans le calme le plus parfait qu’a lieu le transport des inculpés.
Bien entendu les habitants sont atterrés et c’est avec beaucoup d’angoisse que la population attend le procès qui s’ouvre à Tarascon le 27 juin, sous la présidence de M. de Latour du Villard. Une foule nombreuse se présente devant le tribunal.
M. Florens, procureur de la République, occupe le siège du ministère public, Mes Fayn et Drujon sont assis au banc de la défense.
Un certain nombre de témoins à charge et à décharge sont entendus, puis vient l’interrogatoire des inculpés qui, tous, dénient la plupart des faits qui leur sont reprochés.
M. Florens s’exclame pour accuser les prisonniers : « La magistrature est la plus grande amie de la République ».
Deux affaires sont jugées pour l’occasion.
La première pour les événements de la nuit du 18, pour rébellion et outrages à des agents de l’autorité, donne lieu aux condamnations suivantes :
Jérôme Venture, 6 mois de prison ;
Louis Viaud et Pierre Farcy, 4 mois de prison ;
Benoît Rougier, Victor Roman et Antoine Venture, 3 mois de prison.
La seconde pour les outrages aux magistrats de la journée du 21 :
Antoine Venture, 2 mois de prison et 50 francs d’amende ;
Marthe et Anne Rougier, 3 mois de prison ;
Olympe Rougier, femme Venture, 2 mois de prison.
  • Source : Le Petit Marseillais, 22, 23, 24 et 29 juin 1876.