Guérisseuse grâce à Dieu (Aix-en-Provence, 8 août 1873)

 

L’an mil huit cent, etc.
Nous Hivert Pierre Antoine, commissaire de police, etc.

Portrait d'une femme provençale anonyme de la fin du XIXe siècle. DR

Portrait d’une femme provençale anonyme de la fin du XIXe siècle. DR

Informé que la nommée Louise Margotin, veuve Giraud, âgée de 40 ans, mercière, domiciliée rue Boulegon, n°37, à Aix, exerçait illégalement la médecine et recevait chez elle de nombreuses visites de malades, avons fait prendre des renseignements par les agents Courbon et Dalmas qui nous ont rapporté que cette femme recevait tous les jours et soignait une grande quantité de personnes de tous sexes, blessées ou ayant des plaies et des boutons, qu’elle ne faisait pas payer ses soins, mais simplement la pommade dont elle se servait et dont le prix variait de un à deux francs et que, après ses pansements, elle disait à ses malades : “Allez, vous êtes guéri. Dieu m’a parlé.”

Aujourd’hui, 8 août, l’agent Dalmas, envoyé chez la veuve Giraud pour l’inviter à se présenter devant nous a constaté chez elle, en deux fois, la présence de dix personnes.
La veuve Giraud s’étant présenté sur notre invitation, nous a déclaré ce qui suit :

« Le 1er janvier 1872, j’ai été visitée par Dieu qui m’a [prise] par la main et qui m’a ordonné, puis supplié, de guérir les malheureux. À partir de ce moment, j’ai parcouru les campagnes et j’ai guéri beaucoup de personnes qui, sans moi, étaient perdues. Je ne soigne que les blessures, les panaris et les boutons d’humeur et je ne fais pas payer mes soins, sauf la valeur de la pommade que je fais et que j’emploie. J’accepte cependant les cadeaux que l’on veut bien me faire.
« Depuis quelques temps, je ne sors plus de chez moi et j’ai peine à suffire aux nombreux malades qui viennent me voir.
« Tous les malades qui se présentent à moi sont guéris par ma main et par ma pommade. Il me suffit de toucher les plaies pour les guérir. C’est un don que j’ai reçu de Dieu lorsqu’il est venu me trouver et qu’il m’a pris par la main. Je fais ce qu’il m’a ordonné. »

En foi de quoi nous avons dressé le présent procès-verbal.

Fait à Aix, etc.

 

Source : Archives municipales d’Aix-en-Provence, I1-15, n°370.