Source: « Les paroisses du diocèse d’Aix, leurs souvenirs et leurs monuments. Paroisses de l’ancien diocèse d’Aix » par l’abbé M. Constantin, 1890.
Les commentaires qui suivent sont extraits du titre cité ci-dessus. L’abbé Constantin était vicaire à Saint-Rémy. Les sous-titres ne sont pas issus du texte original mais permettent une meilleure lecture.
Le souvenir de nos évêques est intimement lié à l’histoire de cette très ancienne paroisse. Ils en possédaient la seigneurie de temps immémorial, avec droit de haute (1), moyenne et basse justice, ce qui leur permettait de traiter de puissance à puissance avec les comtes. Une branche de la maison des Baux avait aussi des droits sur une partie de Puyricard, mais moins étendus que ceux de l’archevêque et sous sa suzeraineté. Les archives départementales gardent de nombreux actes d’hommage de ces seigneurs, hommages rendus quelquefois dans l’église même de Puyricard, ainsi celui de Bertrand des Baux à Guillaume Vicedominis, le 12 mars 1258, etc.
Les deux seigneurs, quoique ayant leurs demeures juxtaposées, vivaient ordinairement d’accord. L’humeur inquiète des princes des Baux soulevait pourtant quelques conflits de temps à autre. En 1259, par exemple, Bertrand des Baux, son bailli et quelques manants se révoltèrent contre l’official de l’archevêque et l’accablèrent d’injures. Revenu à lui-même, Bertrand des Baux se rendit le lendemain à la ville des Tours (2), s’humilia et consentit à payer une amende de 250 livres tournois, dont cent livres comptant, et le reste dès que possible. Il abandonna en garantie les recettes du péage qu’il possédait à Puyricard.
La rébellion de Raymond des Baux
Raymond des Baux avait prêté, en 1274, hommage et serment de fidélité à l’archevêque Grimier. Il avait même reconnu aux juges épiscopaux la faculté de punir ses propres juges et son bailli, s’ils manquaient à leur devoir. mais à l’avènement de Rostang de Noves (1283), l’harmonie cessa entre le vassal et le suzerain. Cet archevêque avait autorisé Hugues des Baux, frère de Raymond, à prendre possession du château de Meyrargues. Raymond, qui nourrissait des prétentions sur ce château, devint furieux de le voir passer à un autre. Il injuria Rostang, l’appelant traître et félon, chassa son bailli de Puyricard, et se déclara affranchi de toute vassalité.
Cependant l’archevêque assigna son vassal à comparaître devant lui au château du Puy-Sainte-Réparade.
Raymond ayant fait défaut, son suzerain le déclara perturbateur du repos public, déchu de tous droits, et en conséquence, envoya attaquer le château de Puyricard par une troupe armée qui le prit d’assaut et le mit au pillage. En outre, l’archevêque déclara Raymond débiteur de plus de 5.000 livres, à cause de nombreuses amendes impayées, et, attendu qu’il ne possédait aucun bien saisissable, sa juridiction et ses droits de haute et moyenne seigneurie furent mis à l’encan. Jean Gasqui, procureur de l’archevêque, s’en rendit sequéreur, en qualité de plus fort, peut-être d’unique enchérisseur, ainsi que du domaine que Raymond possédait à Lignane, et des 200 livres annuelles que lui rendait le péage de Meyrargues. cette adjudication fut faite pour 2.500 écus provençaux coronats, le 1er mars 1287.
Raymond n’avait pas attendu sa déchéance pour se plaindre au sénéchal du comte. L’archevêque exposa de son côté que Raymond ayant manqué au premier devoir d’un vassal, en refusant l’hommage à son suzerain, et s’étant déclaré rebelle par multiples dommages à sa personne et à ses droits, avait encouru en toute justice l’exécution dont il se plaignait. Charles d’Anjou, après examen de la cause avec sa cour, rendit sa sentence le 31 mars 1298. Elle déclarait que la seigneurie de Raymond n’avait pu tomber en commise au profit de l’archevêque pour défaut de prestation d’hommage, mais que Raymond ayant eu tort dans ce refus, il devrait le plus tôt possible prêter publiquement hommage et serment de fidélité à l’Église d’Aix. Ce qui fut fait et rétablit la paix entre les coseigneurs.
Le sort du château
Compris dans la liste des 79 places de la maison des Baux, à elle reconnu par Raymond Bérenger en 1150, inutilement assiégé par le comte d’Armagnac au nom de la reine Jeanne, confisqué, donné aux habitants d’Aix, puis réuni au domaine comtal par Louis III, le château de Puyricard fut, en 1587, durant les guerres de la Ligue, occupé par La Valette (3) et rasé. Il n’en reste qu’un des forts que ne put emporter le comte d’Armagnac. Converti en pigeonnier, il expie sa gloire passée.
Les archevêques de Puyricard
En 1158, Pons de Lubières, en présence de son chapitre et de Guillaume Hugues, évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, « en sa maison de Puy-Ricard », concéda divers privilèges à l’abbaye de Silvacane. Au XIVe siècle, nos archevêques se trouvant isolés dans la ville des Tours, dépeuplée et en ruines, établirent leur séjour au château de Puyricard. Trois y moururent, Arnaud de Nargis en 1336, Armand de Saint-Urcisse en 1348, Arnaud de Bernard en 1358. Le corps de celui-ci fut porté jusqu’à la ville par des ecclésiastiques qui s’offrirent pour cette mission. Les seigneurs d’Éguilles et de Puyricard, vassaux de l’archevêque, suivaient le cortège.
Ce cas de la mort d’un archevêque à Puyricard s’étant présenté trois fois de suite, on régla le cérémonial des funérailles à venir, mais on n’eut jamais à l’appliquer.
L’archevêque qui attacha son nom à Puyricard fut le cardinal Grimaldi. N’ayant pu faire accepter au chapitre ses plans sur Saint-Sauveur, il se décida à relever le château démoli depuis soixante-dix ans. Jérôme Grimaldi était doyen du Sacré-Collège. Il désirait donner aux cardinaux qui viendraient le visiter, l’illusion des résidences de Frascati et de Tivoli. Il se proposait aussi de tenir à Puyricard les conciles provinciaux. Dans cette intention, il disposa douze appartements complets pour les prélats qui seraient appelés à y siéger.
On copia le plan de palais Farnese, oeuvre de Michel-Ange. La façade était divisée par de hauts pilastres et percée de fenêtres « aussi nombreuses que les jours de l’année », s’il faut en croire le dicton populaire.
Au milieu du vestibule était exposée la statue du roi, avec cette dédicace: Ludovico Magno Ecclesia Aquensis. Des allées ombreuses, animées de jets d’eau et de fontaines, égayaient le parc du midi. À droite de ce parc, le charitable cardinal installa une apothicairerie où l’on distribuait aux gens du pays remèdes, linge, paille et bouillon. Près du château s’élevait l’élégante chapelle encore debout.
Cette résidence magnifique, dont la construction avait duré vingt ans (1657-1678), qui avait coûté plus de deux millions de livres d’alors, ne subsista pas plus de cinquante ans. M. de Vintimille, qui désespérait de l’entretenir convenablement, obtint de Louis XIV l’autorisation de la démolir (1709). Il fallut employer la mine pour renverser ces fortes murailles.
On ne quitte jamais Puyricard sans visiter ces ruines imposantes, protégées désormais par leur faiblesse, et qu’on voit se dresser humiliées et hautaines à l’horizon.
La chapelle a été desservie jusqu’en 1791 par le secondaire de la paroisse qui, le dimanche, y célébrait la messe de l’aurore et prêchait le prône des bergers. Son autel a été porté à l’église du village, et la statue du Christ ressuscité qui surmontait le dôme, à Saint-Sauveur. Quant aux pierres et matériaux provenant de la démolition du château, Mgr de Brancas leur trouva un emploi que n’eût pas désavoué le charitable Grimaldi : il en fit bâtir la grande aile des convalescents à l’hôpital d’Aix.
De la dépendance à Aix
Les droits seigneuriaux, droits des plus modérés, n’étaient pas perçus avec âpreté. Une partie notable revint aux habitants, sur la renonciation du cardinal Grimaldi, moyennant l’hommage d’un missel romain in-folio à chaque avènement d’archevêque.
Quoique ne formant pas de communauté, Puyricard trouva moyen, jusqu’en 1639, de s’exempter des charges de la commune d’Aix. Il alléguait, à l’appui de son exemption, qu’il possédait ses officiers séparés, ceux de l’archevêque. On répondit que ces officiers résidaient à Aix, et on menaça les habitants, s’ils résistaient davantage, d’encadastrer leur territoire, la commune d’Aix ayant seule le privilège de n’être pas encadastrée. Sur cette mise en demeure, ils se déclarèrent Aixois.
Les archevêques n’exerçaient pas seulement la seigneurie; de temps immémorial, par des concessions princières et privées dont l’origine échappe aux recherches, ils étaient les plus grands propriétaires fonciers de Puyricard. Ils avaient donné beaucoup de leurs terres au chapitre. Grimier, mort en 1282, lui céda sa campagne, pour la rente de son anniversaire. Les terres soumises à la dîme la payaient à un taux bien inférieur au dixième, et sans changement depuis le XIIIe siècle, « au 21e pour les grains, au 31e pour les raisins ».
Le quartier qui longe la Trévaresse payait un cens à la chartreuse de Bonpas. On trouve aux archives du Vaucluse le plan cadastral de ces propriétés.
La paroisse de Puyricard
Le vicaire (curé) était à la nomination du curé primitif, le chapitre depuis 1308: il devint perpétuel en 1686. Deux prêtres desservaient la paroisse, le vicaire et son secondaire. Aujourd’hui il n’y a plus qu’un curé desservant; le vicaire n’a été maintenu que jusqu’à la séparation du quartier de Couteron. La paroisse avait 1.400 habitants en 1789, en 1889, 1.000 (sans Couteron). Elle dépend de l’archiprêtre d’Aix et du doyenné de Saint-Sauveur. Les soeurs de Saint-Joseph, des Vans, tiennent une école de filles fondée en 1869, et conservée généreusement depuis la laïcisation des écoles communales.
Le chapitre, en qualité de curé-primitif, présidait la solennité du dimanche de Quasimodo, auquel on célébrait la fête des Cinq-Plaies de Notre-Seigneur. La députation comprenait trois chanoines, trois bénéficiers, le maître de chapelle, quelques officiers du bas-choeur et enfants de la maîtrise. Il y avait procession, puis grand-messe chantée par un chanoine. Le vicaire officiait à vêpres. Quelquefois l’archevêque paraissait en tête de la députation capitulaire, et en ce cas la maîtrise exécutait la messe en musique. En 1601, Hurault de l’Hospital présida la fête, assisté de cinq chanoines. Après le dîner, il vit les paysans se disputer les prix des divers concours, distribua de sa main les joies aux vainqueurs, après quoi il officia à vêpres, le tout, dit un chroniqueur local « à la grande satisfaction du peuple (5)« .
Le dîner de Quasimodo mérite d’être souligné. Jusqu’en 1790, le chapitre paya en ce jour un grand repas auquel tous les chefs de famille, du plus riche au plus pauvre, étaient invités. Si l’on se trouvait heureux et franchement gai en ces agapes fraternelles, si l’on portait avec entrain la santé du vénérable amphytrion, c’est ce qu’il est plus facile d’imaginer que de décrire.
L’histoire de Joseph-Antoine Donnadieu (1724-1791)
M. Joseph-Antoine Donnadieu, natif de Barcelonnette (6), 1724, admis à la cléricature à Marseille, ordonné prêtre à Avignon, fut en 1747 nommé secondaire à Puyricard, où il demeura onze mois (7). Ce fait donne une idée de son zèle, il prêcha en même temps le carême à Puyricard et à Venelles. Il se livra ensuite à la prédication avec beaucoup de fruit. Sa mission aux régiments de Médoc et du Hainant, en garnison à Aix, produisit des fruits merveilleux. Entré dans la société des prêtres du Sacré-Coeur, à Marseille, il devint l’apôtre populaire de cette grande ville. Il émigra en Italie en 1791. Des renseignements inexacts lui firent croire qu’il pourrait rentrer sans danger. mais il fut saisi et condamné à mort comme insermenté et émigré rentré. Un léger mensonge, accepté d’avance par les juges, l’eût sauvé: il refusa de la dire. Le 1er mars 1798, après avoir écrit son testament, et reçu la sainte communion apportée par une pieuse jeune fille, Mlle Lazarine Dudemaine qui avait pu pénétrer jusqu’à sa cellule dans le fort Saint-Jean, M. Donnadieu fut conduit à la plaine Saint-Michel où il fut fusillé. Sa mémoire est restée en vénération à Marseille où beaucoup l’invoquent comme un saint. Voici le début de son testament qu’a bien voulu nous confier M. Blain, de Saint-Remy, arrière-neveu du martyr: « Au nom de Dieu mon créateur, de Jésus-Christ mon rédempteur et mon bon maître qui m’a racheté, et que j’ay tant offensé, j’accepte très volontiers tout ce qu’il trouvera bon, trop heureux de donner ma vie pour témoignage de ma foy que jai professé, mourant dans la croyance de tout ce que la ste Église catholique, apostolique et romaine [enseigne], croyance que je désire sceler de mon sang. »
M. Silvy s’était maintenu dans ses fonctions curiales jusqu’en 1792. Un dimanche, au moment qu’il quittait l’autel, une troupe armée pénétra dans l’église et, devant le peuple interdit, se saisit de lui. En voyant emmener leur pasteur, les fidèles reviennent de leur stupeur première. Les femmes se massent devant la porte pour empêcher la sortie. Deux paysans, Davin et Armand, tombent à coups de poings sur ces bandits, et leur arrachent le prisonnier. Ces braves gens mirent leur curé à l’abri et lui procurèrent ensuite les moyens de fuir. M. Sylvi est mort en ce siècle curé de Châteaurenard (8).
Grands personnages de Puyricard
Sont morts dans cette paroisse deux généraux dont les noms sont inscrits dans l’histoire de l’Église à des titres différents,
- M. Miollis (mort en 1828), frère du saint évêque de Digne. Comme gouverneur de Rome, il transmit à Radet l’ordre d’enlever Pie VII, et des jardins Colonna il surveilla l’exécution du sacrilège.
- M. de Rostolan (mort en 1862), plutôt que de s’associer aux perfidies de Louis Napoléon contre la papauté, donna sa démission. Cet éclat blâmé par les habiles lui fit perdre la dignité de maréchal qui lui était réservée, mais attira à son nom la gloire durable qui s’attache aux grands caractères.
L’aide aux pauvres et aux nécessiteux
L’État du diocèse de 1783 portait: « L’hôpital de Puyricard, sous le titre de la Miséricorde, a été fondé par M. le cardinal Grimaldy, et il est chargé, avec 1.800 francs de revenu fixe, du soulagement des pauvres malades de la susdite paroisse et de celle du Puy. Il est administré au temporel par MM. les supérieur et directeurs du séminaire qui en sont les recteurs-nés. » Intéressante institution de charité, sous la présidence du curé, distribuant aux indigents, aux malades, « aux filles pauvres, mais honnêtes et sages », aux enfants sans ressources admis à la première communion, les legs des abbés Girard et Davin, du général Rostolan, etc.
L’église de Puyricard
Portail, fin du XIIe siècle, marquant les premiers débuts de l’art ogival en Provence; les archivoltes appuyées sur six colonnes fluettes, accouplées deux à deux, sont encore cintrées comme dans le roman.
Clocher roman, style XIIe s., sur la façade: rétabli sur le modèle de l’ancien qui était au-dessus de l’abside. C’est un mur droit à faite angulaire, percé de baies; grande cloche (1600), provenant de l’abbaye de Valsainte, près d’Apt, mais refondue.
Grande nef, XIe siècle, moins l’abside et les transepts ajoutés à la fin du XIIe siècle. Le sol a été exhaussé de deux mètres pour établir des tombes, ce qui la fait paraître écrasée. Maître-autel marbre, du château Grimaldi, marqueterie gênoise du XVIIe siècle. Tableau Marie porte du ciel (J.-B. van Loo). Inscription à la mémoire du général Rostolan, à celle de M. Girard, ancien archiviste du chapitre, qui distribua les secours religieux pendant la Terreur, et devint curé au Concordat.
Chapelles rurales
La bulle de Célestin III à Bertrand Garcini, prévôt du chapitre, en 1191, énumère les églises alors existantes à Puyricard: « Apud Podium Ricardi, ecclesiam sancte Marie, eccl. Sti Johannis, eccl. Sti Patri, eccl. Sti Thomae, eccl. Sti Mitrii, eccl. Sti Vincenti, eccl. Ste Marie de Curata. »
- Sainte-Marie, c’est la paroisse;
- Notre-Dame de Cure, chapelle de l’ancien hôpital. L’archevêque Imberti fit proclamer une de ses décisions dans son cimetière, en 1550.
- Saint-Mitre, rebâti au XVIe siècle, actuelle chapelle du château de Maliverny.
- Saint-Vincent, chapelle du château de Rians. L’inscription votive à Jupiter qu’on y a trouvée porte à croire qu’elle a remplacé un temple païen. Son chapelain assista au synode de 1421.
- Saint-Pierre, nommé dans la bulle de 1082, avec de nombreuses tombes alentour, près le pays.
- Saint-Jean de la Sale (« S. Joannes a Saletis ») est un édifice du XIe siècle, flanqué de quatre tours à l’instar d’un château-fort, intelligemment restauré. Sur la porte, blasons de l’archevêque Imberti, haut seigneur, et du propriétaire du domaine, le chanoine André d’Estienne, nommé à trois évêchés par le roi, mais obstinément refusé par le pape (XVIe siècle). On trouve aux archives départementales les actes d’hommage des seigneurs des Baux à l’archevêque pour le fief de Saint-Jean de la Sale, ainsi que diverses mentions du juge de Saint-Jean et de Venelles pour l’archevêque. Pierre, fils de Guillaume II, vicomte de Marseille, de la maison des Baux par conséquent, fit don de cette église à l’abbaye Saint-Victor, pour le repos de l’âme de son frère, en 1055. La bulle d’Innocent III, en 1204, indique cette donation comme ayant été transmise à l’abbaye de Montmajour. Depuis cette époque, en effet, on trouve toujours un moine de Montmajour comme prieur de Saint-Jean de la Sale. Les moines avaient droit en outre au cens d’un écu d’or qui leur fut confirmé, en 1680, après un long procès avec l’archevêque. Au moment de la Révolution, ce prieuré avait encore 180 livres de revenu: il était à la nomination de l’archevêque d’Aix, depuis la suppression de Montmajour.
Charles IX se rendant de Salon à Aix, dîna à Saint-Jean, le 19 octobre 1564. - Il y avait encore dans le territoire une chapelle de Sainte-Madeleine à laquelle Bertrand des Baux légua vingt sous tournois (1266) ainsi qu’aux chapelles de Saint-Mitre, de Saint-Pierre, de Saint-Vincent, de Saint-Thomas et à deux églises dont il nous reste à parler: Saint-Jacques et Sainte-Marie, de Lignane.
L’ancien bourg de Lignane, réduit aujourd’hui à quelques maisons sur la grande route (9), ne manquait pas d’importance. Raymond de Turenne le détruisit au XIVe siècle. Les habitants transportèrent leurs pénates à Saint-Cannat, ainsi que la célèbre foire aux oignons du 8 septembre qui jusque là s’était tenue chez eux. Le domaine de Lignane fut légué par le cardinal Grimaldi au séminaire, à charge de distribuer chaque année trente charges de blé aux pauvres de Puyricard et autant à ceux du Puy, de payer un médecin pour la visite des malades, etc.
Saint-Jacques, désigné dans la bulle de 1082 comme relevant du chapitre, avait un service dominical. Son prieur assista au synode de 1421.
Sainte-Marie (N.-D. de Consolation) était desservie au XIVe siècle par les carmes d’Aix, lesquels eurent avec le curé de Saint-Cannat un différend que concilia Arnaud de Nargis. Elle a joui d’un service dominical et des réunions du catéchisme de la campagne jusqu’en 1791. Saint-Marie fut démolie en 1821.
Non loin de ces ruines coule une source à laquelle se rattache une légende, pure comme ses eaux, lumineuse comme le ciel provençal. Quand la sécheresse désolait le territoire d’Aix, les jeunes filles de la ville partaient en troupe pour le poétique pèlerinage de la fontaine de Lignane. Elles choisissaient l’une d’elles, la plus belle et la plus sage. Celle-ci entrait dans la cavité rocailleuse, puis agenouillée à l’ouverture de la source tarie, récitait sa prière à la benoite Vierge. Bientôt des vapeurs humides s’élevaient du sol, ceignaient la jeune fille d’un frais nuage puis, dépassant sa tête, la couronnaient d’un diadème dont les perles tremblantes reflétaient les couleurs de l’arc-en-ciel. A ce moment, joyeuses du bienfait obtenu, les jeunes filles couvraient leur compagne de fleurs, tandis qu’elles entonnaient un cantique de reconnaissance. Cependant, les nuées montaient, montaient toujours, elles se répandaient sur le territoire entier. Et pendant la nuit, une pluie bienfaisante ne manquait jamais de rafraîchir les vergers et les prés, et de remplir les puits et les citernes des Aixois.
Notes
(1) La haute justice était le droit de prononcer la peine capitale. Quand ce droit était possédé par un seigneur ecclésiastique, si le criminel méritait la mort, on le livrait au bras séculier, en transmettant aux juges laïques l’instruction faite par les juges ecclésiastiques.
(2) « Ville » contiguë au Bourg Saint-Sauveur d’Aix dont l’origine remonterait au XIIe siècle lorsque les seigneurs des Baux quittèrent le Bourg pour une villa archiepiscopalis, siège de Notre-Dame de la Seds. (N.d.JMD.)
(3) Concernant La Valette et sa tentative d’invasion de la ville d’Aix en 1590, lire l’article sur le bourg Saint-Sauveur, au sujet de la rue des Menudières. (N.d.JMD.)
(4) Baucenque, baussenque, forme fém. de baussenc, « des Baux ». (N.d.JMD.)
(5) Cité dans la Notice sur Puyricard, par l’abbé Roustan. Ce livre nous a fourni plusieurs détails, moins cependant que les archives départementales.
(6) Non de Marseille, comme l’affirme par erreur M. Gaduel, dans la Vie de M. Alemand. Nous avons lu à la mairie de Barcelonnette l’acte latin de naissance et baptême du serviteur de Dieu.
(7) Son premier acte est un baptême du 16 juillet 1747, avec la signature Donnadieu, secondaire, et le dernier, un mariage du 30 mai 1748, Donnadieu, prêtre-vie. Il resta attaché jusqu’à sa mort au diocèse d’Aix, par la seconde des sept chapellenies de N.-D. de Nazareth dans l’église de Trets, dont il était titulaire.
(8) N’oublions pas que l’abbé Constantin écrit en 1890. (N.d.J.M.D.)
(9) La « grande route » est aujourd’hui la Nationale 7. (N.d.J.M.D.)
Photographies
(1) Fort du château, converti en pigeonnier. (c) Christophe Roccia, 2002.
(2) Les ruines du château de Puyricard. Au fond, la Sainte-Victoire. (c) Jean Marie Desbois, 2002.
(3) « Christ ressuscité » provenant de la chapelle du château de Puyricard. Cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence. (c) Jean Marie Desbois, 2002.
(4) Plaque à la mémoire de M. de Rostolan. Église de Puyricard. (c) Christophe Roccia, 2002.
(5) « Marie porte du ciel » par Jean-Baptiste van Loo. Église de Puyricard. (c) Christophe Roccia, 2002.
je suis trés intéressée par ce travail historique sur Puyricard, peut-on correspondre avec son auteur?
Bonsoir Mme Boekholt, ce texte, écrit en 1890, est celui de l’abbé Constantin, aujourd’hui décédé.
cher Monsieur, ma demande prédédante montre mon étourderie, puisque vous citiez vos sources en début d’article. Avec deux ou trois personnes de Puyricard nous aimerions créer un site pour les habitants de Puyricard et pas seulement pour les généalogistes; nous aimerions savoir si vous habitez Puyricard, si vous seriez disposé à collaborer, je fais moi-même des recherches depuis plus de 40 ans, mais ne suis à Puyricard que depuis un an.
Chère madame, vous pouvez me contacter à l’adresse geneprovence-site (a) yahoo.fr (en remplaçant le (a) par le signe @ et en enlevant les espaces avant et après). Cordialement.