Une fille de la commune de Villelaure (Vaucluse), Marie Ollivier, âgée de 25 ans, et prévenue d’un double crime d’infanticide, fut conduite en avril 1840, par la gendarmerie de Lourmarin, dans les prisons d’Apt, en vertu d’un mandat d’arrêt.
Cette malheureuse, interrogée par la justice qui fit une descente à son domicile, au quartier de la Vieille-Fontaine, à la demande du maire de Villelaure, avait d’abord nié sa grossesse et son accouchement. Mais elle finit par tout avouer, lorsque, après des perquisitions faites dans la maison où elle habitait avec son vieux père, Antoine Ollivier (70 ans) et après les examens médicaux des docteurs Arréat et Michel, de Cadenet, on découvrit un squelette d’enfant enfermé dans un vieux linge et placé dans un coffre, au grenier.
Poursuivant les recherches, on découvrit le cadavre d’un autre enfant, une fille, dans le même meuble et au même endroit, enveloppé comme le premier, mais pas encore à l’état de squelette.
D’après l’autopsie, cet enfant avait vécu et respiré et sa mort était le résultat d’une asphyxie par pression de la poitrine.
Selon les aveux mêmes de l’inculpée, l’existence du squelette remontait aux mois de juillet ou d’août 1837 mais, selon elle, « l’enfant était né avant terme et n’était pas viable ».
L’acte de décès rédigé après la découverte de l’enfant de sexe féminin indique : « Un enfant sans vie du sexe féminin qui vient d’être trouvé mort dans la maison d’Antoine Ollivier, situé en cette commune, au quartier de la Vieille-Fontaine. »
Aux dires de la mère, ce bébé était né le 4 avril, soit huit jours avant la découverte de son cadavre.
Sous l’escorte des gendarmes, Marie Ollivier traversa les communes de Villelaure, Cadenet et Lourmarin où les habitants se pressaient pour apercevoir la mère assassine et manifestaient leur indignation par des murmures. Mais aucun incident ne fut réellement constaté et ce fut sans obstacle que le convoi rejoignit les prisons d’Apt où l’on incarcéra la jeune femme.
- Sources : Le Mercure aptésien, 19 avril 1840, p. 3.
- Registre d’état-civil de la commune de Villelaure, Archives départementales de Vaucluse.