L’agression du garde forestier (Peypin-d’Aigues, 7 janvier 1840)

Une affaire survenue le 7 janvier 1840 se termina devant le tribunal correctionnel d’Apt (Vaucluse) le mois suivant.
Ce jour-là, à Peypin-d’Aigues (Vaucluse), le garde Chabert surprit la veuve Gouirand et sa jeune fille d’environ 14 ans, ainsi qu’une femme nommée Marie Blanc, toutes trois originaires de La Motte-d’Aigues, en train de couper du bois dans les forêts de la duchesse de Caumont.
Celui-ci leur fit naturellement observer qu’elles étaient en train de commettre un délit. Ce à quoi elles répondirent : « Nous y reviendrons de nouveau. Nous en avons le droit, nous sommes dans le bois de la commune de Peypin-d’Aigues. »
Chabert insista et leur dit : « Demain, je reviendrai et je vous chasserai bien de ces lieux. »
Avec audace, les adultes lui donnèrent rendez-vous pour le lendemain et ajoutèrent que s’il avait du courage, il le leur montrerait.
Devant le tribunal, Chabert, avec un brin d’emphase et de ridicule, rapporta cette discussion en disant que c’était la première offense de ces femmes envers un « homme de mon importance ».
Le lendemain, il revint sur les lieux et, comme prévu, les trois femmes s’y trouvaient et dès qu’elles l’aperçurent, elles lui sautèrent dessus.
La veuve Gouirand le désarma, l’autre lui donna une gifle et la jeune fille, plus timide, se contenta de lui donna des coups de pieds dans les jambes. Puis elles tentèrent de l’étrangler.
Chabert ajouta devant le juge : « Je me crus perdu. »
Étonnant témoignage tout de même de la part d’un homme dans la force de l’âge face à une femme d’un certain âge, Marie Blanc, accompagnée d’une fillette car en effet la veuve Gouirand ne lui porta pas de coup.
Elle l’avait désarmé et pointait désormais son fusil vers le garde. Ce faisant, elle devait ressentir toutefois une certaine émotion car il se trouve que, quelques années plus tôt, son propre fils avait été assassiné par une arme à feu.
Aussi, le jeune avocat qui défendait ces femmes devant le tribunal mit en avant les faits qui militaient en leur faveur, entre autres les malheurs passés de la veuve Gouirand et, surtout, la frayeur puérile du garde.
Le verdict se devait d’être léger et il le fut. Une des femmes fut condamnée à six jours de prison, l’autre à dix et la fillette fut exemptée de peine.
  • Source : Le Mercure aptésien, 16 février 1840, p. 3, 4.

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