Le crime de la Croix-de-Callamand (Grans, 26 mai 1880)

Le mercredi 26 mai 1880, à 21 heures, Auguste Delaupie, 58 ans, qui habitait Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), et qui conduisait le courrier de Salon-de-Provence à Miramas fut assassiné dans sa voiture et toutes les dépêches du courrier furent dérobées.
La voiture, attelé d’un seul cheval, fut retrouvée le lendemain, vers 4 heures du matin, dans une petite prairie attenante au mas du Lion-d’Or, à Saint-Martin-de-Crau, par Blaise Benoit, fermier du domaine qui, voyant un homme assassiné couché au fond de la voiture dans une mare de sang, s’empressa d’aller prévenir la gendarmerie du village.
En attendant l’arrivée du Parquet, la gendarmerie fit remiser la voiture et le cadavre qu’elle contenait en lieu sûr en en faisant garder les abords.
Vers 9 heures et demi, le matin, le procureur de la République, le juge d’instruction et le docteur Duval arrivèrent sur les lieux et l’enquête commença.

On mena d’abord le cadavre de Delaupie à l’hôpital d’Arles où le docteur Duval réalisa l’autopsie. Celui-ci constata que la victime avait succombé à quatre blessures. Deux balles de revolver avaient pénétré à la hauteur de l’oreille jusqu’à la boîte crânienne. Il parvint à les extraire.
Mais il nota également que Delaupie avait reçu de chaque côté du cou un coup de poignard lui occasionnant des blessures profondes. Autant dire que chacune de ses quatre blessures était mortelle et qu’il n’avait donc aucune chance de survie.
À 16h30, l’après-midi du même jour, on inhuma le corps en présence de tout le personnel de l’administration des postes. Son acte de décès, fait à Arles, indiquait qu’il était né à Mirmande (Drôme) et qu’il vivait à Salon, chez M. Durand, entrepreneur du service des Dépêches de Salon à Miramas.

Le crime avait été commis au lieu-dit La Croix-de-Callamand, à Grans (Bouches-du-Rhône). On avait en effet trouvé sur place une large mare de sang. On avait retrouvé aussi une espadrille qui manquait au pied droit de la victime. En outre, on avait recueilli dans le canal de Boisgelin, près de la route, des dépêches et des papiers. La sacoche de la victime, elle, avait disparu. On la lui avait enlevée en coupant les deux extrémités de la courroie.
Les malfaiteurs avaient ensuite ôté les grelots du collier du cheval ainsi que sa bride et avaient mis l’animal en marche sur une autre route que celle qu’il suivait habituellement. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé à Saint-Martin-de-Crau, distant de 23 kilomètres du lieu du crime. Pour preuve à cette hypothèse, on retrouva les grelots cachés dans un buisson afin de dérouter les recherches et de gagner du temps.

Le Parquet soupçonnait deux hommes qui, semble-t-il, avaient utilisé les services de la voiture de Delaupie. En effet, pendant que le courrier faisait son service au bureau de poste, un des deux hommes était entré en trombe dans le bureau de tabac de Grans, le visage bouleversé, les yeux égarés et, après avoir acheté un paquet de tabac, il était ressorti avec la même allure étrange.
Peu après, le courrier reprenant la route de Miramas était suivi de deux hommes qui lui criaient d’arrêter et montèrent aussitôt à bord. C’étaient probablement les assassins.

  • Sources : L’Homme de bronze, no 32, 30 mai 1880, p. 3.
  • État civil de la ville d’Arles, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 203 E 1230.

Laisser un commentaire