Le noyé sans nom (La Roque-d’Anthéron,
15 décembre 1865)

L’an mil huit cent soixante-cinq et le quinze décembre à une heure après midi par-devant nous Crespin Jacques Benoit, en l’absence du maire, adjoint à la mairie de La Roque-d’Anthéron, canton de Lambesc, département des Bouches-du-Rhône, s’est présenté a notre domicile le sieur Giot Simon, Tuilier, agé de quarante cinq ans, domicilié et demeurant en cette commune, lequel nous a déclaré qu’en passant ce jourd’hui sur la berge du canal de Craponne, dont les eaux ne sont plus en activité dans cette saison, il avait aperçu dans le lit même du canal à environ quatre-vingt mètres de la campagne de la Borde, sur un point où il y avait encore de l’eau, le cadavre d’un homme vêtu qui avait la face dans la boue, et qu’il venait nous donner cet avertissement.

Le canal à La Roque. DR.
Le canal à La Roque. DR.

Nous étant immédiatement transporté sur les lieux, accompagné des gendarmes Bardit et Coquillard, qui se trouvaient dans le pays, à cause de la foire, ainsi que du garde champêtre Deluy et du cantonnier communal Vacheron, nous avons trouvé en effet le cadavre d’un homme dans une mare d’eau du canal, dans la situation qu’il nous avait décrite, nous l’avons fait retirer du canal pour le placer sur la berge, et l’avons confié a la garde des quatre personnes qui nous avaient accompagnés pour cette opération, nous avons informé immédiatement monsieur le juge de paix du canton et s’assurer s’il ne se trouvait pas dans les poches de ses habillements quelque papier à faire connaitre son nom, ses qualités et son pays.
Rien n’y ayant été trouvé que sept pièces de monnaie de cinq centimes chaque, un couteau et du fil, nous avons pris immédiatement le signalement de cet homme ainsi décrit : paraissant âgé d’environ de trente ans, taille d’un mètre septante centimètres, cheveux et sourcils châtains clairs, très long et bien tenu d’habitude, en apparence, front haut et fuyant, yeux gris, nez court et bien fait, bouche grande, menton pointu et saillant, visage rond et blond, vêtu d’un paletot de drap marron foncé, d’un gilet de drap marron tacheté de blanc, garni de boutons noirs, ronds et un peu larges ; de deux pantalons, le premier, de drap marron foncé rayé, le second, de velours gris, à petites cotes ; d’une chemise fond blanc à carreaux rouges, d’une cravate en laine noire avec fleurs violettes, nouée avec élégance, chaussé d’une paire de bottines en veau, avec caoutchouc sur les côtés, d’une paire de chaussettes blanches en coton, il avait la tête nue.
Monsieur le juge de paix ayant ordonné la vérification du cadavre à monsieur le docteur Auphan pour savoir s’il y avait des coups et blessures, et aucune trace de violence n’ayant été trouvée sur le corps, nous avons ordonné immédiatement son inhumation.
De tout quoi avons dressé acte en présence du garde champêtre Deluy Joseph, âgé de trente-six ans, et du cantonnier communal, Vacheron André, âgé de quarante ans, domiciliés et demeurant en cette commune, qui l’ont signé avec nous, après lecture faite, le dix-sept du courant à neuf heures du matin.

[VACHERON, DELUY, CRESPIN]
  • Registre d’état-civil de La Roque-d’Anthéron
  • Texte transmis par Daniel Tertian

 

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