« L’an mil huit cent dix-sept et le quatorze novembre, sur les onze heures avant midy, nous maire de la commune de Cabannes[1], canton d’Orgon, troisième arrondissement du département des Bouches-du-Rhône, ayant été informé qu’un cadavre avait été trouvé sur le bord de la Durance, dans le territoire de cette commune, aurions requis le sieur Jérôme Alexandre Pontannier, officier de santé, de nous accompagner sur le lieu où ledit cadavre avait été trouvé, à l’effet d’en faire la visite, où, étant accompagné des sieurs Victor Justinien Francony, secrétaire de la mairie, ainsi que du sieur Pierre Ricard, meunier, domiciliés audit Cabannes, aurions réellement trouvé sur le bord de ladite rivière de Durance un cadavre de sexe masculin, laissé apparemment par les dernières crues d’eau de ladite rivière, à nous absolument inconnu, ainsi qu’aux assistants, couvert seulement d’une chemise d’une toile grossière, ayant les manches plissées au bout, avec un bord tel que les portent les gens de la campagne et sur laquelle nous n’avons pu reconnaître aucune marque, ayant encore au-dessous de la tête un mauvais mouchoir à quadrille rouge tout percé et usé, portant pour marque les lettres J. B., grossièrement faites avec du fil blanc.
Avons de suite requis ledit sieur Pontannier d’en faire la visite, d’après laquelle il nous a déclaré que ledit cadavre n’avait aucun coup ni blessure qui lui paraissaient avoir été faites par un instrument qui coupe, qu’il était tombé depuis plusieurs jours en putréfaction, qu’il lui paraissait avoir été noyé depuis environ quinze jours et qu’il était totalement méconnaissable, paraissant néanmoins être âgé d’environ vingt-cinq ans et avoir été employé aux travaux pénibles de l’agriculture, ayant la peau de l’intérieur des mains détachée et étant d’une épaisseur et d’une dureté qui le donnait à connaître.
Ayant ensuite examiné si nous pourrions en prendre le signalement, aurions seulement reconnu qu’i avait la taille d’un mètre soixante-dix-huit millimètres et, comme l’état de putréfaction dans lequel il se trouve nous a empêché de le faire transporter au cimetière public, crainte qu’il ne tombe en lambeaux le long de la route, avons ordonné l’inhumation dans le lieu même, ce qui a été exécuté en notre présence et nous avons de tout ce que dessus dressé le présent procès-verbal qu’ont signé avec nous lesdits Pontannier, officier de santé, Francony et Ricard, témoins, lequel sera transcrit dans les vingt-quatre heures sur les registres des actes de décès de cette commune, et envoyé de suite à M. le procureur du roi, près le tribunal civil de cet arrondissement. »
Avons de suite requis ledit sieur Pontannier d’en faire la visite, d’après laquelle il nous a déclaré que ledit cadavre n’avait aucun coup ni blessure qui lui paraissaient avoir été faites par un instrument qui coupe, qu’il était tombé depuis plusieurs jours en putréfaction, qu’il lui paraissait avoir été noyé depuis environ quinze jours et qu’il était totalement méconnaissable, paraissant néanmoins être âgé d’environ vingt-cinq ans et avoir été employé aux travaux pénibles de l’agriculture, ayant la peau de l’intérieur des mains détachée et étant d’une épaisseur et d’une dureté qui le donnait à connaître.
Ayant ensuite examiné si nous pourrions en prendre le signalement, aurions seulement reconnu qu’i avait la taille d’un mètre soixante-dix-huit millimètres et, comme l’état de putréfaction dans lequel il se trouve nous a empêché de le faire transporter au cimetière public, crainte qu’il ne tombe en lambeaux le long de la route, avons ordonné l’inhumation dans le lieu même, ce qui a été exécuté en notre présence et nous avons de tout ce que dessus dressé le présent procès-verbal qu’ont signé avec nous lesdits Pontannier, officier de santé, Francony et Ricard, témoins, lequel sera transcrit dans les vingt-quatre heures sur les registres des actes de décès de cette commune, et envoyé de suite à M. le procureur du roi, près le tribunal civil de cet arrondissement. »
- Registre d’état-civil de Cabannes.
- Photographie : DR.
[1] Le maire est alors Jean-Baptiste Bonnet d’Hauterive.