Robert de Mauvoisin était archevêque d’Aix-en-Provence de 1313 à 1318. En 1308, il est forcé de résigner ses fonctions à la cathédrale Saint-Sauveur à la suite d’un procès qui lui est intenté sur ordre du pape Jean XXII.
Jeunesse
Robert de Mauvoisin fait des études de théologie à Bologne (Italie), vers 1300.
L’accusation et le procès de 1318
L’acte d’accusation est riche en éléments. On reproche à Robert de Mauvoisin, entre autres, « d’entretenir publiquement des concubines, de vendre les bénéfices et les sacrements, de trafiquer des interdits qu’il lançait contre les églises sur de légers motifs, de mépriser les censures qu’il avait encourues pour avoir frappé l’archidiacre de son chapitre et quelques chanoines, d’avoir traversé la ville d’Aix le Jeudi-Saint au son des instruments et précédé de danseurs, d’aimer passionnément la chasse, de mener avec lui, lorsqu’il faisait la visite de son diocèse, des chasseurs, des chiens, des oiseaux, au grand préjudice des habitants dont il dévastait les campagnes (1), de donner le sacrement de confirmation après-dîner ou le soir à la lumière hors de l’église, lorsqu’il revenait de la poursuite des bêtes fauves, d’avoir foulé le peuple dans ses visites pastorales et vomi des blasphèmes contre Dieu, la Vierge et les saints. »(2)
Au total, ce sont quinze faits précis qui sont reprochés à l’archevêque. Le procès est mené par une commission pontificale. Le premier fait reprochés évoque ses années de formation à Bologne où il reconnaît avoir eu recours « aux sortilèges, à l’art de la magie (arti mathematice) et aux divinations ». Il affirme toutefois l’avoir fait de bonne foi en pensant que ces pratiques étaient licites et en affirmant qu’il ne croyait pas à l’astrologie et à ses pratiques dérivées.
Il semble que les aveux de Mauvoisin aient été motivés par une négociation passée avec le pape. Ce dernier souhaitait récupérer le siège d’Aix, tandis que l’archevêque chercher à être condamné le plus faiblement possible. Le verdict fut relativement clément, eu égard au fait que Mauvoisin risquait la mort pour la pratique de la sorcellerie. Il fut seulement bouté hors du siège épiscopal d’Aix. Le verdict peut aussi s’expliquer par la faiblesse de l’accusation.
Pierre des Prés, proche de Jean XII, fut nommé nouvel archevêque d’Aix.
Références
- Alain Boureau, « Satan hérétique : l’institution judiciaire de la démonologie sous Jean XXII », Médiévales, n° 44, Paris, PUV, printemps 2003, p. 17-46.
- Joseph Shatzmiller, Justice et injustice au début du XIVe siècle. L’enquête sur l’archevêque d’Aix et sa renonciation en 1318, Rome, 1999.
Notes
- Selon un témoin, « à la suite d’une rixe qui avait éclaté entre ses familiers et des particuliers de plusieurs localités du diocèse d’Aix, il a soumis ces localités à l’interdit ecclésiastique avec précipitation et en contrevenant au droit. Et il a eu l’audace d’extorquer injustement une certaine quantité d’argent pour la levée de l’interdit ». (Historia Thématique, « L’évêque, pasteur et grand seigneur »)
- Cette énumération des accusations portées contre Mauvoisin reprend les termes employés par l’historien religieux Jean-Pierre Papon en 1780.
Texte de Jean Marie Desbois, publié sur Wikipédia.
(Historique – Licence GNU)