Une tentative de meurtre d’un oncle contre sa nièce (Toulon, 11 avril 1895)

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Le 11 avril 1895, vers 17 heures, le nommé Marius Cayol, habitant place Vincent-Raspail, à Toulon, tenta d’assassiner la femme de son neveu, demeurant 13, rue Vincent-Courdouan.
Le ménage Cayol vivait à cette dernière adresse. Il y a quelques temps, le couple reçut la visite de l’oncle de Cayol, un garçon d’hôtel de 40 ans qui venait demander à son neveu de lui prêter une certaine somme d’argent.
Pour exercer son métier de garçon d’hôtel, il avait en effet besoin d’argent pour se procurer un habit. Il lui fallait pour ce faire une somme globale de 120 francs, alors qu’il n’en avait que 50. Il demandait donc à son neveu de lui avancer les 70 francs manquants.
Les époux Cayol n’étaient pas en mesure d’avancer cet argent, mais ils consentirent à en répondre devant le marchand tailleur. Mais, comme à l’époque, Marius Cayol était sans travail, son neveu exigea qu’il lui laissât en gage sa malle qui contenait divers effets d’habillement.
Flambant neuf dans son habit, le garçon d’hôtel ne tarda pas à trouver une place. Ce fut le restaurant Puget qui le recruta et, dès lors, Cayol n’eut d’autre souci que de récupérer sa malle. Il vint plusieurs fois la réclamer mais chaque fois il se heurtait aux mêmes refus.

Le drame

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Le 11 avril, donc, il se présenta à nouveau rue Vincent-Courdouan, mais cette fois-ci, il ne trouva que sa nièce, âgée de 22 ans. Il lui fit à nouveau la même requête, mais, le neveu étant absent, celle-ci le reçut sur son palier. Cayol insista, demandant au moins qu’on lui remît son livret. Mais la nièce lui tint tête, lui demanda de revenir quand son mari serait là. Cayol essaya d’entrer de force mais sa nièce s’y opposa, résista et lui ordonna de partir.
Exaspéré, Cayol la saisit à la gorge, la mit à terre et, tirant un poignard de dessous ses vêtements, il l’en frappa à deux reprises. Heureusement, l’arme n’était pas de bonne qualité et le premier coup, qui glissa sur la baleine du corset, tordit la lame comme un tire-bouchons et le second coup l’atteignit à la partie postérieure du flanc gauche, où il fit une petite blessure d’un centimètre de profondeur.
En tentant de lui retirer son arme, la victime se coupa sérieusement les doigts, parvint toutefois à le désarmer et descendit dans la rue où elle demanda du secours.

L’arrestation

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Aussitôt, les voisins s’empressèrent de lui venir en aide et la conduisirent à la pharmacie Coreil où on lui mit un pansement sur la blessure.
Pendant ce temps, Cayol descendit calmement les escaliers et rentra chez lui.
Aussitôt la police de sûreté fut informée de l’affaire.
Justement, l’agent Fernand Capel s’était rendu dans la matinée 12, place Vincent-Raspail, pour un vol de draps et il avait entendu prononcer le nom de Marius Cayol comme figurant dans la liste des locataires du bâtiment. Cela lui permit, en recevant la plainte de la nièce, de savoir immédiatement où aller chercher Cayol.
Accompagné des agents Chaine et Salomon, il se rendit donc place Vincent-Raspail. Interrogeant les voisins, ceux-ci lui indiquèrent que Cayol habitait une étroite mansarde au sixième étage et qu’il venait de rentrer quelques instants plus tôt. On ajouta qu’« il avait même l’air bien agité ».
Les agents de police montèrent donc au sixième étage et frappèrent à la porte. Pas de réponse. Au bout d’une vingtaine de minutes cependant, Cayol ouvrit la porte mais, voyant les agents, il courut s’enfoncer tout habillé dans son lit.
Ce fut là qu’on l’interpella, sans qu’il n’oppose aucune résistance. La fenêtre de son appartement ayant été ouverte, on pense que durant ces vingt minutes où les policiers attendirent sur le palier, Cayol avait envisagé l’hypothèse d’un suicide.

L’enquête

Le commissaire de police du canton Est, Riols, procéda à l’interrogatoire de Marius Cayol.
Celui-ci prétendit que la question de la malle n’était qu’une des causes secondaires de l’agression et qu’il avait de nombreuses raisons pour expliquer son acte criminel. Ces motifs, disait-il, étaient exposés dans un paquet de lettres qu’on trouva chez lui et qui furent examinées par le juge d’instruction Dagallier.
De toute évidence, Cayol avait prémédité son acte puisque, dans la journée, il avait bu dix-huit pernods pour s’exciter davantage.
On le conduisit à la maison d’arrêt où il conserva son calme.
Sa nièce, elle, ne présentait pas de blessures graves. Seuls quelques doigts avaient été sérieusement entaillés, dénudés pour certains jusqu’à l’os.
  • Source : La République du Var, 12 avril 1895, p. 2, 13 avril 1895, p. 2.

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