Il était 18h30, ce 12 décembre 1839. Joseph Saignon, un paysan de Villars (Vaucluse), était en train de se chauffer dans sa maison au hameau de la Fumeirasse, devant le feu de sa cheminée. La journée avait été longue et il se sentait fatigué.
Soudain, on tapa à la porte. C’était Clément Roux, un jeune homme de 29 ans qui vivait non loin, au hameau des Grands-Cléments, chez son parâtre. Saignon et lui se connaissaient, sans être pour autant des intimes. Mais une visite un soir d’hiver, ça ne se refuse pas et cela permet de faire la conversation.
Au bout d’un court moment, un quart d’heure peut-être, Clément Roux se leva, comme s’il allait se retirer et rentrer chez lui, quand il prit derrière la porte un gros morceau de bois qu’il avait mis là en entrant, et il en asséna à Saignon un violent coup sur la tête.
Celui-ci tomba à la renverse et perdit connaissance, alors qu’une grande quantité de sang se répandait sur le sol. Mais rapidement, il reprit ses esprits et se tourna vers son agresseur qui le regardait, debout, sans dire un mot. Saignon appela au secours.
Roux était sur le pas de la porte et, aux cris de sa victime, il sortit précipitamment, prenant le soin de fermer derrière lui la porte à double tour.
Mais des voisins avaient entendu les cris de Saignon et se mirent en devoir de le délivrer et de lui prêter assistance.
Quant au coupable, il partit en courant dans les champs et, traversant un champ ensemencé, laissa ses traces de pas dans la terre.
Au premier bruit de cette agression, le procureur du roi, le juge d’instruction et la brigade de gendarmerie d’Apt se rendirent sur les lieux. Saignon fut pansé par le docteur Crozat. Par chance, la blessure n’était pas mortelle.
On finit par arrêter Roux qui, semble-t-il, avait décidé de dévaliser la maison de Saignon et on l’incarcéra à la prison d’Apt. Il reconnut les faits lors de l’interrogatoire.
- Source : Le Mercure aptésien, 22 décembre 1839, p. 3