Un terrible accident (Plan-d’Aups-Sainte-Baume, 5 septembre 1796)

  • Registre d’état-civil de Plan-d’Aups
  • Texte transmis par Michèle Trémolière-Barros

L’an quatrième de la République française une et indivisible et le vingt fructidor, à cinq heures du matin, nous Jean Pierre Barthélemy, assesseur du juge de paix, officier de police judiciaire de cette commune et canton de Saint-Zacharie, département du Var, en absence du citoyen François Négrel, juge de paix, ayant été averti la veille à la nuit par le citoyen Jean Joseph Émeric, adjoint municipal de la commune du Plan-d’Aups, dépendante de ce canton, qu’il avait été trouvé dans le terroire de ladite commune au pied du rocher de Saint-Cassien dit lou Pas de Lay, un homme mort.
Nous nous sommes rendu au lieu désigné avec le citoyen Toussaint Graille, notre greffier, et citoyen Benoît Maloye, officier de santé. Nous y avons trouvé à l’indication dudit Émeric, de Louis Brest, de la commune de Nans, et François Tortin, de la commune de Mazaugues, résidant à la commune du Plan-d’Aups, un cadavre masculin gisant par terre, couché sur son ventre, la tête tourné du côté du midi.
Auprès du cadavre étaient Jean Joseph Gassier, fermier de la bastide de Saint-Cassien, et Jean Antoine Bonifay, berger résidant à la Cadière, quartier de Saint-Cyr, casuellement au Plan-d’Aups, lesquels nous ont dit qu’à l’invitation de Jacques Bazau, boucher du lieu de Signes, qui, en passant la veille pour se rendre de Signes au Plan-d’Aups, avait découvert ce cadavre, le gardait à vue jusqu’à ce que le justice eût accédé. Tous les dits citoyens présents requis par nous de nous déclarer s’ils reconnaissaient ledit cadavre ont répondu individuellement ne pas le connaître.
Il a paru être celui d’un jeune homme de quatorze à quinze ans, couvert d’un gilet sans manche, d’un gros drap blanc, et culotté du même, ayant des guêtres sans souliers, lesquels ont été retrouvés sur la partie supérieure du rocher, à quelque distance du cadavre, la chemise de toile écru et grossière, n’ayant rien trouvé dans ses poches, sa tête était contusée sur la partie supérieure, ainsi que la mâchoire et l’oeil droit, y ayant plusieurs contusions à diverses parties du corps, nous avons parcouru aux environs du cadavre et avons trouvé sur la partie supérieure du rocher un havresac tout déchiré dans lequel étaient une pièce de deux liards, un petit couteau et un morceau de pain et, tout auprès, quelques pierres teintées de sang.
Et, de suite, sur notre réquisition, ledit citoyen Maloye, officier de santé de la commune de Saint-Zacharie, lequel, après avoir prêté serment entre nos mains, duquel nous lui avons concédé acte ayant visité et examiné ledit cadavre, nous a dit et rapporté avoir trouvé sur icelui une plaie à la partie intérieure du coronal, mettant le cerveau à découvert, qu’il y apparut avoir été fait par une pierre taillante une plaie avec perte de substance à la partie supérieure du pariétal droite avec une autre plaie contuse à la partie inférieure de l’occipital, une forte ecchymose à l’oeil droit, la mâchoire inférieure fracturée et plusieurs contusions à diverses parties du corps, le tout lui ayant paru occasionné par la chute et roulement du cadavre du haut du rocher.
Ledit citoyen Maloye a déclaré de plus que ce cadavre appartenait à un homme de quatorze à quinze ans, ayant lieu de le croire mort depuis deux ou trois jours par l’état actuel de putréfaction.
Et ledit citoyen Maloye, signé avec nous et notre greffier.

[Signé B. MALOYE,
J. P. BARTHÉLEMY, ass.,
GRAILLE, greffier]
Et, de suite, attendu l’état du cadavre, l’éloignement de plus de trois heures de route du lieu où il est gisant du cimetière de la commune du Plan-d’Aups et l’impossibilité du transport à cause du mauvais chemin et, après en avoir averti le citoyen Émeric, adjoint de la commune du Plan-d’Aups, présent à notre accédit, avons ordonné que ledit cadavre serait inhumé sur le lieu avec tous les vêtements et qu’extrait du présent procès-verbal serait de suite expédié à l’officier de la commune du Plan-d’Aups pour être joint et inséré à la suite de l’acte du décès qui serait dressé par lui conformément à la Loi, et avons signé avec notre greffier le citoyen Émeric, requis de signer a dit ne savoir signer.
[J. P. BARTHÉLEMY, ass.,
GRAILLE, greffier]
Et de tout ce que dessus avons fait et dressé le présent procès-verbal pour servir et valoir à ce que de raison.
Fait au lieu, l’an et jour que dessus, et avons signé avec notre greffier.
[J. P. BARTHÉLEMY, ass.,
GRAILLE, greffier]