Plusieurs auteurs du XIXe siècle ont signalé un fait curieux qui a trouvé place dans la petite commune de Maussane, dans les Alpilles, en 1841.
Ainsi, le Dr. Florent Cunier, dans son livre Annales d’oculistique, Bruxelles, 1842 (p.237-8), cite le médecin-chirurgien du village :
« M. Fréchier (1) a (…) eu l’occasion d’observer cette affection [l’héméralopie] sous la forme épidémique. “C’est environ depuis le mois de mars 1841, dit-il (2), que cette bizarre et inexplicable maladie s’est déclarée dans la commune de Maussane. Bien que les femmes enceintes en aient été affectées peut-être de préférence, elle n’a pourtant épargné aucun sexe, aucun âge, ni aucun tempérament. Elle s’est montrée, cela va sans dire, à des degrés divers. Ainsi, chez les uns, il y a seulement eu affaiblissement de la vue après le coucher du soleil ; chez d’autres, il y a eu cécité complète à l’arrivée de la nuit, bien que la vision fût parfaite pendant le jour ; chez quelques-uns la fonction visuelle s’exécutait mal, même en plein midi, quoiqu’elle ne s’abolit pas entièrement lorsque la nuit était venue. La durée de cette maladie ne fut que de sept à huit jours, que l’on ait employé ou non des moyens pour la combattre ; les parties constituantes de l’oeil ne paraissaient nullement altérées, et cependant on ne put la regarder comme une complication d’une autre affection, puisque, les cas de grossesse concomitante exceptés, elle existait absolument isolée ; elle était donc essentielle. Il est évident qu’elle était produite par une cause générale, une influence atmosphérique, un quid divinum ; mais cette cause, quelle a-t-elle été ? comment a-t-elle agi ? Je me borne à dire que la cause la plus probable me paraît se trouver dans l’humidité dont l’air était imprégné par suite des inondations qui nous ont atteints, et encore cette cause ne serait-elle réelle, incontestable, qu’autant que cette affection aurait existé aussi dans les autres pays inondés, au moins les circonvoisins.”»
On sait aujourd’hui que l’héméralopie peut trouver sa cause dans une carence en vitamine A. Que s’est-il donc passé à Maussane pour en arriver là ?
(2) Bulletin générale de thérapie.