Aix-en-Provence fut, en octobre 1839, le théâtre de nombreux cambriolages nocturnes. Ces incidents se succédaient à un rythme alarmant. Ils prouvaient, sans l’ombre d’un doute, l’existence d’une bande organisée. Pourtant, la police restait impuissante, ne parvenant pas à identifier les coupables.
D’abord, les malfaiteurs avaient ciblé le quartier du Saint-Esprit. Les rues avoisinantes, notamment celles de la Masse et de Beauvezet, furent également visées. Plusieurs boutiques furent forcées, comme celle d’un boulanger. Dans d’autres, des tentatives de vol avaient débuté, mais n’avaient pas abouti. Les circonstances, indépendantes de la volonté des voleurs, avaient probablement empêché ces vols.
Un soir, Mme Maurel, gérante d’une auberge rue de la Masse, fut alertée à temps. Elle habitait là avec son mari et sa fille. Ses cris forcèrent les cambrioleurs à fuir. Ils abandonnèrent leur larcin inachevé au second étage. En montant à l’étage, Mme Maurel découvrit l’étendue des dégâts. Toutes les robes de sa fille étaient éparpillées sur le sol. Les tiroirs de la commode, où elle gardait ses affaires, étaient ouverts et vides. Heureusement, un seul objet manquait : une broche de fichu en chrysocale.
Par ailleurs, au cours Saint-Louis, M. Granon, un propriétaire, déplora la perte d’une montre en or. Le vol se produisit à son domicile. Il était sorti avec sa femme pour leurs affaires au moment des faits. M. Granon avait l’habitude de cacher sa clé à un endroit. Il était probable que les voleurs connaissaient cette cachette.
De plus, le 7 du mois de novembre, M. Brun, boucher près de l’église de la Madeleine, fit une triste découverte. En ouvrant son magasin, il constata une tentative d’effraction nocturne. Les marques d’un instrument en fer, utilisé pour soulever la porte, étaient encore bien visibles. La veille, ce boucher avait déposé 300 francs dans sa caisse.
Enfin, une paysanne de Gardanne fut attaquée en plein jour. Cela se passa dans la plaine deï Dédou. Des individus l’abordèrent, lui demandant si elle avait de l’argent. Ils lui dérobèrent ensuite la monnaie qu’elle possédait.
Ces vols, ou tentatives de vols, étaient fréquents. Ils se produisaient souvent tard le soir. À ces heures-là, le service de sécurité publique était censé surveiller la ville. Pourtant, la police ne parvenait pas à retrouver les coupables. Cela semblait vraiment extraordinaire.
En fait, deux explications sont possibles. Soit les voleurs étaient particulièrement habiles, soit les enquêtes menées jusqu’à présent étaient mal orientées. Pour l’heure, les efforts n’avaient donné aucun résultat. La mission de la police, dans cette situation, ne pouvait pas se limiter à un simple constat. Elle ne devait pas seulement enregistrer les faits.
- Sources : Le Mémorial d’Aix, 10 novembre 1839, p. 2.