Le mercredi 15 mai 1895, au matin, M. Louis Destelle, cultivateur de 53 ans habitant Fréjus (Var), mourait subitement, sans que rien ne fît prévoir une fin aussi brusque. Au contraire, il jouissait jusqu’alors d’une santé merveilleuse. Aussi cette mort impressionna-t-elle tout le monde et bientôt la rumeur publique accusa la veuve, Marie Sénéquier, d’avoir empoisonné son mari, de connivence avec son valet, un certain Pierre Fougerat.
Le fils Destelle, brouillé avec ses parents pour des raisons familiale, habitait à Saint-Raphaël. Prévenu du malheur qui le frappait, il accourut à Fréjus pour voir son père, et tout aussitôt les mêmes soupçons assaillirent son esprit.
Depuis longtemps déjà, il savait, d’ailleurs, que sa mère voulait le dépouiller de ses biens pour les mettre sur la tête de Fougerat.
Il alla donc trouver M. Antoine Foata, commissaire de police, et il rédigea une plainte en règle.
Le parquet de Draguignan, averti immédiatement, envoya le lendemain, vers les trois heures, pour faire une enquête, MM. Guichon de Grandpont, juge d’instruction, Michel, substitut du procureur de la République, le juge suppléant, Balp, docteur en médecine, et Lamy, greffier du parquet.
Pendant que M. Balp procédait à l’autopsie, M. Guichon de Grandpont entendait les témoins de cette triste affaire.
Le parquet repartit de Fréjus le soir, vers 22 heures.
M. Balp emporta huit bocaux où étaient déposés les viscères de la victime, ne pouvant immédiatement se prononcer s’il y avait crime ou non.
Le vendredi 17, à 7 heures du matin, eurent lieu les obsèques du malheureux Destelle qu’une foule nombreuse accompagnait jusqu’à sa dernière demeure.
- Source : La République du Var, 18 mai 1895, p. 2.
- État civil de la ville de Fréjus, Archives départementales du Var, 7 E 65_55, acte no 33.